30 août 2015

Bergé contre La Plume… Dernières nouvelles du front judiciaire


Les fidèles lecteurs de La Plume le savent, même si je n’en ai pas fait des caisses (comme d’autres que j’évoquerai en fin d’article, et j’ai peut-être eu tort d’ailleurs) : Pierre Bergé a déposé plainte pour diffamation contre moi, au sujet d’un article mis en ligne sur le site en novembre 2014, relatant un raout mondain organisé par Jack Lang à l’Institut du Monde Arabe, et intitulé Lang, Bergé, Mitterrand… Les trois mousquetaires de l’immonde à l’IMA.

J’ai donc été convoqué le 25 juin à la PJ de Paris sur commission rogatoire n°2850/15/31 délivrée le 05/06/2015 par Madame Carole Vujasinovic, Juge d’instruction au tribunal de Grande Instance de Paris, dans le cadre de l’information suivie contre personne dénommée du chef de DIFFAMATION PUBLIQUE ENVERS PARTICULIER suite à la plainte avec constitution de partie civile de monsieur Pierre Bergé.

Comme son nom l’indique, La Plume à Gratter, dont la signature-slogan est la phrase de La Boétie « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », est un blog politiquement fort peu correct, qui a l’ambition depuis quatre ans de faire de l’information, de la réinformation dirait sans doute Jean-Yves Le Gallou, en évoquant des sujets d’actualité sous un angle bien peu usité dans les médias du système : il revendique pour cela un « ton » très souvent satirique ou pamphlétaire, avec force jeux de mots ou calembours, bien dans la tradition de la presse française il me semble (du moins du temps où cette expression – presse française – avait encore un sens), à l’instar d’un Canard Enchaîné qui ne serait pas « de gauche » mais plutôt de tendance « anar de droite », en tout cas patriote et clairement souverainiste. Il suffit de consulter tous mes papiers personnels (je relaie aussi, ceux qui me suivent le savent également, dans des rubriques crées à cet effet – La sélection vidéo de La Plume et La Plume parcourt le net - nombre d’articles parus sur d’autres sites et de vidéos Youtube et Dailymotion que je juge dignes d’être signalés à l’attention du lecteur) pour constater que cette empreinte caustique allant parfois – je le reconnais – jusqu’au presque « vitriol littéraire » mais jamais ordurier, est généreusement distillée dans tous mes articles, quels qu’en soient les sujets ou les « cibles », et qu’en matière de puissants « grattés » d’abondance, de Pinocchio Sarkozy à Manuel Valls en passant par la Hollande (avec ses gros sabots), Pierre Bergé est loin, très loin même d’être une de mes « victimes » privilégiées . Parmi beaucoup d’autres, des articles comme Manuel Valls : tremblante du mutin de Panurge, ou maladie de la peau de vache folle ?, Affaire du Carlton : quand DSK et les frères allaient aux putes…, Le « bon choix » UMP pour 2017 : le repris de justice, ou le repris de justesse ?, Le Valls à deux temps : de la gauche plurielle à la gauche plus rien ! ou encore « Ecologie politique »… 30 ans après, les verts sont dans le fruit ! me semblent d’ailleurs assez aisément le démontrer.

J’ajoute que si le « ton », le style employés sont souvent et tout à fait volontairement urticants et parfois – du moins je l’espère – très « vachement » ironiques, voire dans le meilleur des cas, méchamment drôles (comme l’a si magnifiquement écrit Beaumarchais, il faut « rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer »), dans un esprit qui a toujours été celui des chansonniers, les faits et déclarations relayés ou mis en lumière dans mes articles sont par contre toujours très strictement vérifiés (en matière d’éthique et de rigueur dans l’information transmise, je revendique un manque de souplesse presque totalement rédhibitoire) et, notamment lorsqu’ils peuvent se révéler surprenants, gênants, sidérants ou carrément révoltants, systématiquement « sourcés » et accompagnés des liens qui le prouvent.

Dans ce papier écrit dans le style « plumesque » qui est donc le mien, article que j’ai momentanément choisi de retirer du site lorsque j’ai été informé de la plainte, ni par lâcheté ni par reniement, mais le temps d’y voir un peu plus clair (article que je remettrai d’ailleurs en ligne pour que chacun juge sur pièce si la procédure judiciaire m’amène au tribunal) tel était donc le cas : j’y évoquais en commentant cette opération culturo-mondaine que je trouvais particulièrement déplacée, principalement deux articles de la presse « honorable », celle de la bienpensance, du système médiatique qui nous étouffe tout autant qu’il nous balade : l’un paru dans le Figaro Internet en … mai 2011, l’autre étant un article-enquête de VSD en date… du 28 mars 2013 !

Dans mon article sur cette fameuse « fête d’autocongratulations » entre copains à l’IMA, je reconnais que le titre était fort. Le mot « immonde » en particulier l’est en tout cas, incontestablement. Mais la « musicalité » de la phrase l’exigeait : les trois mousquetaires de l’indécence à l’IMA, ou les trois mousquetaires de la ploutocratie néocolonialiste à l’IMA, cela ne le « faisait » pas, comme on dit. Le mot d’ « immonde » ne qualifiait d’ailleurs pas directement les trois protagonistes (dont Pierre Bergé), qui n’en étaient donc que les « mousquetaires ». La différence peut sembler anecdotique, elle ne l’était pourtant absolument pas sous ma Plume, et c’est bien tout le génie de la langue française que de permettre ce genre de subtilité. Mais en réalité, le titre de l’article n’est même pas pris en compte dans les raisons exposées par l’avocat de Pierre Bergé pour justifier sa plainte !

Ces raisons sont donc au nombre de cinq, et, m’étant vu opposé par l’officier de police judiciaire qui m’a reçu et questionné un refus (c’est légal je suppose) d’obtenir communication d’une copie de la plainte qui me vise (comme de ma propre déposition signée d’ailleurs), je vais essayer de vous les résumer ici de mémoire. Celle-ci est assez nette tout de même, et c’est aisé à comprendre : une pareille expérience et de telles « motivations », ça vous marque un homme !

1 – L’avocat de Pierre Bergé cite ma référence (avec lien) à l’article du Figaro du 25/05/2011… référence faite dans le premier paragraphe de mon article, paragraphe consacré pourtant à… Jack Lang ! Un article du Figaro (toujours consultable en ligne et jamais attaqué à ma connaissance)… ne citant d’ailleurs ABSOLUMENT pas Pierre Bergé (pas plus que moi lorsque j’évoque cet article, évidemment) ! Je n’en reviens en réalité toujours pas : monsieur Bergé a pu se sentir visé par cette reprise d’article… sans être aucunement mentionné par moi lors de cette citation et dans ce passage évoquant l’ancien Ministre de la culture ! Quand on se sent morveux… on prétend donc moucher les autres ?

2 – Je pense que c’est le seul point qui pourrait en réalité – peut-être ? – faire un peu débat, et encore… en Corée du Nord plutôt que dans la soi-disant « Patrie des droits de l’homme » : monsieur Bergé me reproche la phrase suivante «[Pierre Bergé] est donc aussi et surtout pour ce qui nous occupe aujourd’hui un adepte du même type de « tourisme » que Jack Lang ». Or, si je ne précise par le type de tourisme en question, le plaignant considère que je « sous-entends » (une formulation qui revenait très souvent dans l’argumentation de l’avocat que j’ai pu consulter) spécifiquement… des relations sexuelles avec mineurs. Or, Je n’écris bien évidemment aucunement cela (ni ne le « sous-entends », d’ailleurs) ! Je n’ai absolument pas le moins du monde besoin de « sous-entendre » une telle ignominie pour condamner avec des guillemets le « tourisme » de ces riches ploutocrates occidentaux en Afrique du Nord, tourisme qui me défrise particulièrement, et jusque dans les Club Med et ghettos touristiques du même acabit où il est pratiqué par des péquins moins fortunés d’ailleurs, c’est vous dire ! Profiter de son argent plus ou moins abondant de « riche occidental » pour se payer du farniente dans des pays de pauvres, dans des palaces luxueux, avec un personnel pléthorique, dans le plus pur style colonial pour les plus aisés de ces « touristes » et jusqu’à la caricature, durant des séjours qui permettent accessoirement à certains par exemple et pour pas cher d’avoir recours à la fameuse « solution Maghreb » ouvertement évoquée par Frédéric Mitterrand, troisième people cité dans mon article et lui aussi vedette de la soirée à l’IMA, oui, ce comportement néocolonial suffit largement à expliquer et me semble-t-il à justifier, pour quelqu’un qui a encore un peu de « common decency » (1), le dégoût que de tels comportements m’inspirent. Ce « tourisme » là me semble donc très largement mériter les guillemets.

3 – Pierre Bergé (par la plume de son avocat) me reproche ensuite la citation (pourtant quasiment littérale et carrément entre guillemets pour son plus sidérant passage) de l’article-enquête de VSD du 28 mars 2013 (lui aussi à ma connaissance et en tout cas à la parution de l’article jamais attaqué en diffamation) où le témoignage d’un prêtre le met en effet gravement en cause. Je suis donc poursuivi pour la simple citation journalistique littérale, sourcée et en toute bonne foi (si on ne peut plus croire ce qu’on lit dans VSD, où va-t-on ?) d’un des plus importants titres de la presse française. J’avoue ma stupéfaction !

J’ajoute que si cet article (paru il y a plus de deux ans, donc), comme celui du Figaro (qui date lui de quatre ans, je le rappelle), avaient été attaqués en diffamation dès leur parution et que Pierre Bergé l’avait fait savoir, je n’aurais bien sûr pas pu (et aucunement voulu, par simple déontologie) en citer des éléments, quatre et deux ans plus tard, sans avoir eu auparavant connaissance du verdict judiciaire… et la plainte de Pierre Bergé à mon encontre n’aurait donc jamais existé ! Comment le plaignant peut-il mettre en cause et a priori, sans jamais avoir cherché à me contacter, ma bonne foi dans cette simple citation de presse ? Invraisemblable…

4 – L’avocat de Pierre Bergé me reproche ensuite… la citation d’un tweet de Pierre Bergé, lui aussi sourcé. Le voici :



… m’accusant, si je me souviens bien des termes, de « sous-entendre » (encore !) que la protestation molle que j’évoque aurait pour moi… valeur d’aveu. Sic. Me voilà donc comme Eric Zemmour il y a peu, poursuivi non pour ce que je dis ou écris, mais pour ce que je suis supposé… supposer ! L’avocat de monsieur Bergé ne pouvant attaquer ce que j’écris effectivement, il attaque… ce que selon lui je pense ! Bienvenue dans le meilleur d’immonde, c’est le cas de le dire !

5 – Le meilleur (si j’ose dire) pour la fin, la « cerise sur les gâteux » : l’avocat du mentor de Ségolène et François me reproche, dans les dernières lignes de mon article, l’expression « trois pieds-nickelés », arguant du « fait » que cela équivaut à les traiter … de « délinquants » ! Si, si, je vous assure ! Comme si cette expression évoquant les trois héros de Louis Forton et passée dans le langage courant, mettant en réalité en avant des gugusses, des bras cassés ou des guignols, avait jamais eu un pareil sens ! Halte aux fous ! Par contre, le plaignant ne me reproche pas l’expression « trois mousquetaires » évoquée dans le titre : ce qualificatif héroïque devrait pourtant être ici élément à décharge (si j’ose dire).

J’ai bien entendu déclaré à l’officier de policier judiciaire qui m’a reçu (et qui me semblait se demander un peu ce qu’il était venu faire dans cette galère) que je ne reconnaissais absolument pas le caractère diffamatoire de mon article, principalement poursuivi pour des citations exactes et sourcées d’articles de la presse mainstream déjà anciens et jamais jusqu’à cette histoire – officiellement – attaqués par Pierre Bergé (et si tel avait été le cas, comme on nous l’annonce maintenant, qu’est-ce qui justifiait une telle confidentialité, permettant du coup de fâcheux relais par d’autres médias ?). Il est vrai qu’attaquer en justice Le Figaro ou VSD, c’est beaucoup moins bien vu et beaucoup plus dangereux que d’attaquer en toute discrétion un modeste blogueur politiquement incorrect, qui n’a évidemment pas les moyens financiers d’engager un ténor du barreau pour « éparpiller façon puzzle » une procédure judiciaire proprement délirante.

J’attends la suite avec un mélange d’incrédulité et d’amusement consterné… la justice de mon pays va-t-elle prêter la main à cette vendetta d’un puissant (et ô combien !) contre un gueux qui pense mal ? « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » disait en son temps La Fontaine dans Les animaux malades de la peste… espérons, même si plusieurs décisions judiciaires des derniers mois font craindre le contraire, que la justice de France fera en cette occasion preuve de bon sens et considèrera qu’elle a bien d’autres chats, bien plus nuisibles et malhonnêtes, à fouetter, même d’un simple coup de Plume…

Je vous tiendrai bien évidemment au courant de la suite des évènements.

Marc LEROY – La Plume à Gratter

PS : les « autres » évoqués en début d’article, poursuivis pour presque rigoureusement les mêmes motifs (citations des articles du Figaro et de VSD) sont, les plus avertis d’entre vous le sauront sans doute, les sites FdeSouche, Libre Penseur, Délit d’images, Riposte laïque et Panamza, via leurs créateurs ou rédacteurs. Des sites pour l’essentiel d’entre eux sans commune mesure en terme de taille et de notoriété avec La Plume à Gratter ! Sites étant par contre, comme La Plume donc qui est citée (c’est la gloire !) dans un article de Libération qui relate cette abracadabrantesque affaire : « pas vraiment connus pour leur tolérance ». La tolérance… reconnaissons au mois que quand l’hôpital du médecin-chef Joffrin, coutumier s’il en est des fatwas bienpensantes et des excommunications haineusement médiatiques, se met à se foutre de la charité, il ne le fait pas à moitié ! Et notons au passage que le journaliste de Libé ne sait même pas de quoi il cause : il prétend que La Plume… a relayé l’article de Panamza ! N’importe quoi ! Et l’avocat de Pierre Bergé d’ajouter dans ce même article pour justifier ses plaintes : « C’est vrai qu’on pourrait aussi viser les particuliers, mais on s’attaque seulement aux gros relais que j’ai dans le collimateur depuis longtemps, des sites à dimension semi-professionnelle qui sont injurieux envers Pierre Bergé ». Ben voyons ! Un « gros relai », « dans le collimateur depuis longtemps », La Plume… Je pouffe ! Et l’auteur du papier, un certain Alexandre Hervaud, de regretter amèrement que le malheureux Pierre Bergé puisse désormais « subir le fameux « effet Streisand », soit l’amplification d’un bruit que l’on voulait taire en le dénonçant ou en portant l’affaire devant la justice ». On en pleurerait, tiens ! Ils osent en plus faire savoir ce qui leur arrive, ces sans-dents, ces salauds ?

Il semblerait aux dernières nouvelles que l’un des principaux dirigeants du Salon Beige, Le Rouge et le Noir et NDF.fr, soit aussi dans la charrette judiciaire (la fournée ?) des avocats de Pierre Bergé. Si vous en connaissez d’autres, ça m’intéresse aussi : plus on est de victimes de fous, plus on rit… jaune.
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1) Décence commune, bon sens, concept cher à George Orwell qui en est l’inventeur, ou à Jean-Claude Michéa, qui en est aujourd’hui le plus remarquable défenseur.

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