Son atelier d’ébénisterie d’art, sa médaille de meilleur ouvrier de France, son logement, sa vie en somme... David Grigny a tout laissé dans le combat qu’il mène contre ceux qu’il considère comme des fossoyeurs de l’artisanat d’art et du patrimoine français. Et maintenant, il est question de sa santé...
David Grigny, on vous en a déjà parlé. Il est ce qu’on appelle un artisan d’art, un maître dans son domaine : l’ébénisterie. Jusqu’à il y a quelques années, son quotidien était rempli de meubles inestimables, de bois précieux, de techniques de restauration virtuoses. Compagnon du Tour de France,il a décroché en 2008 la médaille de meilleur ouvrier de France (MOF) après avoir restauré le bureau du père de Louis XVI... Le genre de type qu’on voit parfois dans de longs reportages à la télé parler de leur travail, de l’Histoire de France qu’ils côtoient chaque jour, des chantiers prestigieux qu’ils ont menés. Une success story ? En fait, c’est tout l’inverse.
Pas de revenus depuis six ans
Depuis une loi, en 2002, qui l’éloigne des chantiers de restauration du patrimoine, c’est le cauchemar : il ne peut plus travailler. Médaille de MOF rendue, atelier en faillite, David Grigny n’a plus aucun revenu depuis 6 ans : les artisans n’ont pas droit au chômage.Le RSA ? Il le refuse. Par principe : du boulot, le MOF considère qu’il y en a. « En France il y a 37 000 églises, 2 400 musées, des châteaux... Il suffit de me laisser travailler. Quelques pièces par an suffisent à faire tourner une boutique. Si on me laissait travailler, je créerais de l’emploi ! Et si je touchais le RSA, il faudrait que j’accepte les propositions, même farfelues, du Pôle Emploi... » David refuse de brader son savoir-faire.
Du coup, sans revenus, il vit reclus chez sa mère. Qui dit pas de RSA, dit pas de couverture santé, même pas la CMU. Il y a un mois, David ressent des migraines puis sent une boule dans sa gorge. Le médecin de famille pressent une tumeur, « qui écrase ma jugulaire, d’où les maux de tête. » Pour en savoir plus, il faudrait des examens, « pour être fixé sur ce que c’est... Et il faudrait l’enlever. Mais je ne peux pas payer 1500 € d’hospitalisation par jour, et il est hors de question que je demande de l’argent à ma famille... Les technocrates m’ont démoli. Je n’ai plus rien. Mais je ne lâcherai pas. »
Décoré par Nicolas Sarkozy, oublié de tous
David Grigny, 41 ans, a débuté à 14 ans. Il a des CAP de menuiserie, sculpture et ébénisterie et un BEP. Il a été compagnon du Tour de France et Meilleur ouvrier de France en restauration de meubles d’art. Il a reçu sa médaille des mains de Nicolas Sarkozy. Jusqu’en 2008, il avait son atelier à Lille.
Depuis 2002, une loi oblige les musées de France à ne travailler qu’avec des titulaires de diplômes délivrés par la Sorbonne, l’Institut national du patrimoine, les Beaux-Arts de Tours ou l’école d’art d’Avignon. Les artisans d’art, symboles de l’excellence mais issus de la filière professionnelle, sont écartés des chantiers au profit de gens issus de la filière universitaire.
Or, ces chantiers patrimoniaux représentaient 60 % de l’activité de David (et de beaucoup d’artisans), qui a dû fermer son atelier en 2008. Depuis, il a multiplié les contacts avec la Présidence de la République, les ministères de la culture, de l’Artisanat, du Redressement productif... Tous concèdent qu’il y a là une absurdité mais aucun ne propose de solution. En 2011, David Grigny avait fait une grève de la faim durant trois semaines, avant d’être reçu par Frédéric Mitterrand qui promettait un changement de loi. Depuis ? Le gouvernement a changé, les hauts fonctionnaires sont restés. Et pour David Grigny ? Rien n’a bougé.
« Dans les ministères, du mépris »
Pour David, le problème, c’est le mépris des « élites » pour les gens comme lui. « Dans ce pays, on n’apprécie pas les gens de la filière professionnelle. Pour les chantiers de patrimoine, alors que c’est notre métier, que nous avons un vrai savoir-faire, ils les confient à des gens qui sortent de grandes écoles. Après, dans les reportages, tu vois des gars avec des pinceaux qui font du dépoussiérage... Évidemment, ils ne savent pas tenir un outil ! Et le peu de connaissances techniques qu’ils ont, ils les ont apprises en faisant des stages chez des gens comme nous ! Mais si sur une armoire, il manque une moulure, ils seront incapables de la refaire ! Parce que la restauration, ça demande des compétences professionnelles. Ébéniste, c’est un métier ! Sculpteur aussi, marqueteur, charpentier ! Il faut une vie pour faire un bon luthier ! »
Avant la loi de 2002, David a restauré plus de 400 meubles anciens. Et ces dernières années ? « Rien. Là je n’ai plus le droit de travailler, sauf comme sous-traitant de grands groupes industriels. Mais dans ce cas, pourquoi continuer à faire passer un concours de MOF pour les métiers d’art puisqu’ils ne sont pas reconnus ? Et après, on vient nous parler de l’exception culturelle française, du compagnonnage qui est reconnu patrimoine immatériel de l’Unesco mais une fois qu’on a terminé son Tour de France des compagnons, notre savoir-faire est méprisé ! Quand je suis allé dans les ministères expliquer mon problème, je n’ai rencontré que du mépris, du cynisme et de l’arrogance... Alors que certains maîtres d’art ont un savoir-faire unique qui est menacé de disparition. »
Source
David Grigny, on vous en a déjà parlé. Il est ce qu’on appelle un artisan d’art, un maître dans son domaine : l’ébénisterie. Jusqu’à il y a quelques années, son quotidien était rempli de meubles inestimables, de bois précieux, de techniques de restauration virtuoses. Compagnon du Tour de France,il a décroché en 2008 la médaille de meilleur ouvrier de France (MOF) après avoir restauré le bureau du père de Louis XVI... Le genre de type qu’on voit parfois dans de longs reportages à la télé parler de leur travail, de l’Histoire de France qu’ils côtoient chaque jour, des chantiers prestigieux qu’ils ont menés. Une success story ? En fait, c’est tout l’inverse.
Pas de revenus depuis six ans
Depuis une loi, en 2002, qui l’éloigne des chantiers de restauration du patrimoine, c’est le cauchemar : il ne peut plus travailler. Médaille de MOF rendue, atelier en faillite, David Grigny n’a plus aucun revenu depuis 6 ans : les artisans n’ont pas droit au chômage.Le RSA ? Il le refuse. Par principe : du boulot, le MOF considère qu’il y en a. « En France il y a 37 000 églises, 2 400 musées, des châteaux... Il suffit de me laisser travailler. Quelques pièces par an suffisent à faire tourner une boutique. Si on me laissait travailler, je créerais de l’emploi ! Et si je touchais le RSA, il faudrait que j’accepte les propositions, même farfelues, du Pôle Emploi... » David refuse de brader son savoir-faire.
Du coup, sans revenus, il vit reclus chez sa mère. Qui dit pas de RSA, dit pas de couverture santé, même pas la CMU. Il y a un mois, David ressent des migraines puis sent une boule dans sa gorge. Le médecin de famille pressent une tumeur, « qui écrase ma jugulaire, d’où les maux de tête. » Pour en savoir plus, il faudrait des examens, « pour être fixé sur ce que c’est... Et il faudrait l’enlever. Mais je ne peux pas payer 1500 € d’hospitalisation par jour, et il est hors de question que je demande de l’argent à ma famille... Les technocrates m’ont démoli. Je n’ai plus rien. Mais je ne lâcherai pas. »
Décoré par Nicolas Sarkozy, oublié de tous
David Grigny, 41 ans, a débuté à 14 ans. Il a des CAP de menuiserie, sculpture et ébénisterie et un BEP. Il a été compagnon du Tour de France et Meilleur ouvrier de France en restauration de meubles d’art. Il a reçu sa médaille des mains de Nicolas Sarkozy. Jusqu’en 2008, il avait son atelier à Lille.
Depuis 2002, une loi oblige les musées de France à ne travailler qu’avec des titulaires de diplômes délivrés par la Sorbonne, l’Institut national du patrimoine, les Beaux-Arts de Tours ou l’école d’art d’Avignon. Les artisans d’art, symboles de l’excellence mais issus de la filière professionnelle, sont écartés des chantiers au profit de gens issus de la filière universitaire.
Or, ces chantiers patrimoniaux représentaient 60 % de l’activité de David (et de beaucoup d’artisans), qui a dû fermer son atelier en 2008. Depuis, il a multiplié les contacts avec la Présidence de la République, les ministères de la culture, de l’Artisanat, du Redressement productif... Tous concèdent qu’il y a là une absurdité mais aucun ne propose de solution. En 2011, David Grigny avait fait une grève de la faim durant trois semaines, avant d’être reçu par Frédéric Mitterrand qui promettait un changement de loi. Depuis ? Le gouvernement a changé, les hauts fonctionnaires sont restés. Et pour David Grigny ? Rien n’a bougé.
« Dans les ministères, du mépris »
Pour David, le problème, c’est le mépris des « élites » pour les gens comme lui. « Dans ce pays, on n’apprécie pas les gens de la filière professionnelle. Pour les chantiers de patrimoine, alors que c’est notre métier, que nous avons un vrai savoir-faire, ils les confient à des gens qui sortent de grandes écoles. Après, dans les reportages, tu vois des gars avec des pinceaux qui font du dépoussiérage... Évidemment, ils ne savent pas tenir un outil ! Et le peu de connaissances techniques qu’ils ont, ils les ont apprises en faisant des stages chez des gens comme nous ! Mais si sur une armoire, il manque une moulure, ils seront incapables de la refaire ! Parce que la restauration, ça demande des compétences professionnelles. Ébéniste, c’est un métier ! Sculpteur aussi, marqueteur, charpentier ! Il faut une vie pour faire un bon luthier ! »
Avant la loi de 2002, David a restauré plus de 400 meubles anciens. Et ces dernières années ? « Rien. Là je n’ai plus le droit de travailler, sauf comme sous-traitant de grands groupes industriels. Mais dans ce cas, pourquoi continuer à faire passer un concours de MOF pour les métiers d’art puisqu’ils ne sont pas reconnus ? Et après, on vient nous parler de l’exception culturelle française, du compagnonnage qui est reconnu patrimoine immatériel de l’Unesco mais une fois qu’on a terminé son Tour de France des compagnons, notre savoir-faire est méprisé ! Quand je suis allé dans les ministères expliquer mon problème, je n’ai rencontré que du mépris, du cynisme et de l’arrogance... Alors que certains maîtres d’art ont un savoir-faire unique qui est menacé de disparition. »
Source
Être "Meilleur Ouvrier de France" est un véritable parcours du combattant, il faut être le meilleur...
Cet homme est victime de l'intellectualisme bradé du moment. Un diplôme universitaire, s'il vaut quelque chose <qui sait ?> ne remplacera jamais des doigts d'or.
"Depuis 2002, une loi oblige les musées de France à ne travailler qu’avec des titulaires de diplômes délivrés par la Sorbonne, l’Institut national du patrimoine, les Beaux-Arts de Tours ou l’école d’art d’Avignon. Les artisans d’art, symboles de l’excellence mais issus de la filière professionnelle, sont écartés des chantiers au profit de gens issus de la filière universitaire."
Cet homme est victime de l'intellectualisme bradé du moment. Un diplôme universitaire, s'il vaut quelque chose <qui sait ?> ne remplacera jamais des doigts d'or.
"Depuis 2002, une loi oblige les musées de France à ne travailler qu’avec des titulaires de diplômes délivrés par la Sorbonne, l’Institut national du patrimoine, les Beaux-Arts de Tours ou l’école d’art d’Avignon. Les artisans d’art, symboles de l’excellence mais issus de la filière professionnelle, sont écartés des chantiers au profit de gens issus de la filière universitaire."
Je pense aux bâtisseurs de cathédrales...
Liz
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