08 juin 2015

Calais : NEW JUNGLE


Il y a dix jours, les CRS, via le syndicat UNSA-Police, exprimaient leur ras-le-bol face à la situation migratoire à Calais. Cette fois, ce sont les pompiers qui montent au créneau via le syndicat SUD des pompiers du Pas-de-Calais. Il reprochent notamment à la préfète ses propos après les rixes de dimanche.

La préfète « cache la réalité »


Le syndicat SUD reproche à la préfète du Pas-de-Calais ses propos suites aux rixes de la semaine dernière dans la « new jungle », le camp toléré par l’État près de l’accueil de jour Jules-Ferry. La préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio s’était notamment félicitée que la situation ait été maîtrisée « en deux heures de temps ». « Elle cache la réalité, s’insurge le syndicat SUD. Elle oublie de dire que pendant deux heures, on n’a eu aucun renfort dans le Calaisis par manque de personnel. On est resté plus de cinq heures sur place ! Notre ambulance a été encerclée et on s’est fait caillassés. »

« On fait trop de bobologie »

Maux de ventre ou de tête, ampoules au pied : la majorité des interventions des pompiers sur la « new jungle » se résume à de la bobologie. « Ça ne se passe pas forcément mal, au contraire, explique le syndicat SUD. Mais on n’est pas les bonnes à tout faire : ça prend du temps, ça coûte en personnel, en matériel, en compresses, en gasoil. » Depuis mars, un infirmier est détaché au centre Jules-Ferry chaque jour de 11 h à 14 h 30 : cela a permis de faire diminuer le nombre d’interventions des pompiers sur place, selon le colonel Florent Moreau, directeur départemental des pompiers du Pas-de-Calais. Mais c’est « trop peu » pour le syndicat SUD qui réclame une plus grande prise en charge par l’État : « Plusieurs pistes sont possibles : augmenter par exemple les moyens de cette infirmerie ou de l’association Médecins du Monde, qui intervient beaucoup aussi sur la jungle. Ou faire venir des unités militaires de sécurité civile (des sapeurs sauveteurs capables d’intervenir sur toute catastrophe naturelle ou technologique, qui dépendent du ministère de la Défense, ndlr). »

Renforts à Marck

Le colonel Moreau estime pour sa part que la présence d’unités de sécurité civile n’est pas nécessaire. Il constate en revanche que la caserne de Marck est davantage sollicitée depuis l’ouverture du camp Jules-Ferry (elle est la plus proche de ce centre) et envisage, pour la soulager, de « rééquilibrer davantage la répartition des interventions entre les casernes de Marck et de Calais. » Il annonce par ailleurs l’arrivée de deux pompiers professionnels en renfort dans cette caserne dès le mois de juillet. Insuffisant selon le syndicat.

Rixes : des consignes « pas assez claires »

Le syndicat SUD se dit « en colère ». « Cela fait deux mois que la préfecture doit émettre un plan de sécurité en cas de rixe sur la new jungle : on l’attend toujours ». Cette cartographie doit déterminer les points de rencontre des secours et des forces de l’ordre et les sites d’extraction des victimes en cas de gros problème sur le camp (lire ci-dessous). « S’ils sont 200 migrants à se battre, qu’est-ce qu’on fait ? On continue à faire notre boulot de secouriste ou on attend les CRS ? On veut que les règles à suivre soient écrites noir sur blanc, et pour l’instant ce n’est pas le cas. »

En chiffres : les pompiers de Marck et de Calais réalisent entre 3 et 15 interventions par jour auprès des migrants. Ces interventions représentent, selon les jours, « entre 10 et 90 % de notre activité », selon le syndicat SUD.

Un nouveau point d’eau d’ici dix jours

C’est pour dénoncer une situation « explosive » que des associations engagées à Calais (Secours catholique, Médecins du Monde, l’Auberge des migrants, Salam, Calais, ouverture, humanité) ont envoyé vendredi une lettre au Premier ministre. Elles menacent d’arrêter leurs actions si certaines mesures (accès à l’eau, à des toilettes, éclairage) ne sont pas prises « de toute urgence ». Conséquence : la préfète a organisé vendredi soir une réunion avec la maire de Calais et les associations dites « historiques ». Le Secours catholique et Médecins du monde n’ont pas répondu présentes. Salam et l’Auberge des migrants étaient là en revanche. La préfecture a annoncé notamment qu’un nouveau point d’eau sera aménagé d’ici dix jours sur le camp, côté rue des Garennes.

« On n’entre jamais dans la jungle »

Les pompiers n’entrent jamais, ou alors rarement, dans la « new jungle » : « On ne veut pas y aller parce qu’on ne connaît pas les lieux », explique le syndicat SUD des pompiers du Pas-de-Calais. Même lorsqu’ils sont escortés par les CRS (ce qui, dans la pratique, devient systématique), les pompiers restent à l’écart du campement : « Le plus souvent, les migrants nous amènent eux-mêmes la victime. » « On demande juste à ne plus entrer dans le chemin des Dunes (qui mène au centre Jules-Ferry, ndlr), car c’est une impasse », poursuit le syndicat. Jean-Louis Hohner, CRS en mission à Calais et syndicaliste chez UNSA-police, confirme que le chemin des Dunes peut s’avérer dangereux : « On met toujours un véhicule devant les pompiers et deux autres 100 mètres derrière, en retrait, pour ne pas être tous piégés en cas de problème. Le chemin est étroit et on met du temps à faire demi-tour. » Les CRS n’entrent pas non plus dans la jungle : « Le terrain est immense, on peut se faire surprendre. La nuit, la zone n’est pas éclairée et nos phares de recherche n’éclairent qu’à 100 mètres : ce n’est pas suffisant. » M. GO.

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Encore un territoire occupé...

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