15 mai 2015

Une nouvelle espèce humaine pourrait avoir été découverte à Taïwan


Repêché au large des îles taïwanaises de Penghu, le fossile d'une mâchoire révèle qu'un groupe inconnu d'hominidés aurait pu côtoyer l'homme moderne il y a encore 10.000 ans.

Ce pêcheur taïwanais opérant au large des îles Penghu, entre Taïwan et la Chine, ne se doutait pas de la portée de sa découverte lorsqu'il a revendu à un antiquaire une énigmatique mandibule remontée en 2008 dans ses filets. Une trouvaille de nature à remettre en question l'histoire de l'évolution de l'homme. Les chercheurs du musée des Sciences naturelles de Taïwan sont formels: ce morceau de mâchoire inférieure droit n'appartiendrait à aucune espèce humaine connue à ce jour.

Selon les scientifiques taïwanais, japonais et australiens qui l'ont étudiée pendant quatre ans, la mandibule en bon état de conservation se distingue nettement de celle des autres groupes humains. Baptisée «Penghu 1», elle est pourvue de quatre dents complètes, deux molaires et deux prémolaires, qui pourraient avoir été celles d'un adulte d'environ 1,60 mètre. Le possible trésor de l'humanité a été confronté à des restes de différentes espèces, dont Homo sapiens, Neandertal et Homo habilis, et ne correspondait jamais totalement. Cet homme primitif aurait également une origine différente de celle des Homo erectus, les plus anciens hommes jamais découverts en Asie. «Ce que nous pouvons dire, c'est que ce fossile est clairement différent de celui des populations Homo erectus du nord de la Chine et de Java que nous connaissons», assure Yousuke Kaifu, paléoanthropologue au musée national de la nature et des sciences du Japon.

Un âge plutôt jeune

Plus surprenant, l'analyse du fluor et du sodium indique que le spécimen a probablement vécu il y a 10.000 à 190.000 ans. Un âge plutôt jeune compte tenu des proportions primitives de la mâchoire et des dents. Au cours du Pléistocène, qui a démarré il y a 2,6 millions d'années pour s'achever il y a 11.700 ans, tous les hominidés ont généralement évolué vers des mâchoires et des dents plus petites. L'autre enseignement de cette analyse d'éléments trace est que l'homme de Penghu aurait pu être un contemporain de l'homme moderne, Homo sapiens, apparu dans la région il y a environ 55.000 ans. 
© Le Figaro

Ces travaux publiés en janvier dernier par la revue en ligne Nature Communication apportent un témoignage supplémentaire qu'Homo sapiens n'était pas la seule espèce à vivre en Europe et en Asie à cette époque. «Les preuves disponibles n'excluent aucunement la possibilité qu'ils ont survécu jusqu'à l'apparition des Homo sapiens dans la région, explique Yousuke Kaifu. Et il est tentant de spéculer sur leur possible contact.» Le paléoanthropologue japonais reconnaît tout de même qu'il faudrait d'autres parties du squelette pour «évaluer son degré d'unicité» et étayer l'hypothèse d'une nouvelle espèce.

La zone de la découverte, située à 25 kilomètres au large de la côte occidentale de Taïwan, est bien connue des archéologues. Il y a plus de 10.000 ans, à l'époque où vivait peut-être encore le mystérieux bipède, le plateau était émergé. «Le canal (de Penghu, NDLR) faisait partie du continent asiatique au cours de la dernière période glaciaire, lorsque les niveaux de la mer étaient plus bas», explique le géologue taïwanais Chang Chun-hsiang, membre de l'équipe qui a piloté l'étude. Responsable du département Paléontologie au musée des Sciences naturelles de Taïwan, à Taichung, il vient d'y organiser une exposition temporaire consacrée à «Penghu 1» et aux restes d'animaux exhumés du canal. La présence avérée de grands mammifères fossilisés suggère que la région disposait de multiples ressources naturelles propices à la présence humaine.

Des ruines sous-marines

Mais l'archipel de Penghu recèle aussi de nombreux mystères. Certains vieux folklores taïwanais évoquent une civilisation légendaire qui aurait sombré dans les eaux, près de l'îlot de Hujing. D'étranges structures sous-marines, dans l'archipel de Penghu comme au large de l'île japonaise de Yonaguni, de l'autre côté de Taïwan, évoquent pour certains d'anciennes villes englouties, même si d'autres scientifiques estiment que leur origine pourrait être naturelle.

Ce qui ressemble à des constructions datant de plusieurs milliers d'années sont-elles liées à l'homme de Penghu? Avant de l'affirmer, il y a un pas que les scientifiques ne franchiront pas sans d'infinies précautions.

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.