Recevoir une allocation chômage, ça se mérite ! C'est ce que pourrait signifier la décision du conseil d'administration de Pôle Emploi, ce mercredi, de renforcer le contrôle des chômeurs. Suite aux recommandations du ministre du Travail Rebsamen, près de 200 agents "spécialisés" seront mobilisés pour cela dès le mois d'août. Leur besogne : s'assurer que chaque demandeur d'emploi effectue une recherche "active et répétée". Dans le cas contraire, après avertissement, vient la radiation… et le retrait des allocations, ce qui est l'objectif recherché.
La mesure a déjà fait ses preuves dans plusieurs régions-pilotes, entre juin 2013 et mars 2014. On s'est ainsi aperçu que 20% des personnes contrôlées en Provences-Alpes-Côte-d'Azur étaient en situation de fraude. En Franche-Comté, 35% des chômeurs sur qui sont tombés les contrôleurs ont été purement et simplement radiés. La soi-disant fraude aux allocations chômage pourrait donc n'être bientôt plus qu'un mauvais souvenir pour les caisses de l'État. Et selon le Comité national de lutte contre la fraude (CNLF), ça urge : en 2013, Pôle Emploi aurait détecté 100 millions d'euros de fraude. Une somme sur laquelle l'agence serait parvenue à récupérer la somme modique de 41,8 millions, ce qui est ridicule comparé à la fraude fiscale pratiquée par les élites financières et... gouvernementales...
Moins de 1% des fraudes en France
Reste qu'avec ce déballage de chiffres et de mesures, les demandeurs d'emploi risquent de se sentir stigmatisés. D'autant que la resquille aux allocations chômage ne représente rien : 0,8% de la fraude en France, très très loin derrière la fraude fiscale. Pierre-Edouard Magnan, délégué fédéral du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), dénonce auprès de metronews "une mauvaise réponse à une mauvaise question". "Aux yeux de tous, on souligne le lien entre chômage et fraude, poursuit-il. Mais c'est classique, c'est un effet d'annonce. Quand on ne peut pas lutter contre le chômage, on s'agite contre les chômeurs."
De leur côté, les conseillers Pôle Emploi semblent "bien accueillir" la mesure, dans la mesure ou ils n'ont pas vraiment le choix. Selon leur agence, en tout cas, qui se vante que 93% d'entre eux l'ont jugée "utile pour Pôle emploi" et 79% "pour le demandeur d'emploi", sous peine de devoir se retrouver de l'autre côté... Des chiffres qui ne convainquent pas Florent Hennequin, avocat au barreau de Paris spécialisé en droit du travail. "Ces 200 agents de police qui vont être affectés au contrôle du demandeur d'emploi ne s'occuperont pas, pendant ce temps, de son accompagnement. Or c'est précisément là que les besoins en moyens et en effectifs sont le plus pressant, nous explique-t-il. Avant de penser à récupérer le préjudice des fraudes, il me semble logique de favoriser d'abord l'aide au retour à l'emploi, de diminuer le volume de dossiers à traiter par agent et de permettre ainsi un traitement plus rapide." Dans les agences de l'ex-ANPE, 22.000 conseillers s'occupent aujourd'hui de 5,6 millions de chômeurs (254 chômeurs par conseiller en théorie, car tous ces agents ne vont pas au feu !).
D'après : http://www.metronews.fr/info/pole-emploi-controle-accru-des-chomeurs-et-menace-de-radiation-urgence-ou-agitation-contre-les-chomeurs/moet!B1LSIulYpurU/
Il y aura forcement des cotas, au moins officieusement, et ces nouveaux agents de police feront tout afin de ne pas se retrouver à la place de leurs "clients"... Misère en perspective, à l'identique de ce qui se passe en Grèce, au Portugal et en Espagne...
Ces nouveaux flics vont devoir faire attention à leurs arrières, ils risquent gros face au désespoir de certains chômeurs, en leur annonçant leur condamnation à mort...
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