30 mai 2015

Pourquoi les USA s’intéressent à la FIFA ?

Le scandale de corruption qui secoue la Fédération internationale de football (FIFA) éveille la défiance de Moscou, qui soupçonne les Etats-Unis de nourrir de noirs desseins à son encontre en empêchant la réélection de Joseph Blatter, candidat à sa propre succession à la tête de l’organisation et partisan affiché de l’organisation par la Russie de la Coupe du monde 2018.

« M. Blatter avait toutes les chances d’être réélu, et nous connaissons quelles pressions ont été exercées sur lui pour empêcher la tenue de la Coupe du monde de football en Russie », a déclaré le président Vladimir Poutine, selon des propos rapportés sur le site de la présidence russe jeudi 28 mai. « Blatter, a-t-il poursuivi, considère que le sport doit avoir un impact positif sur la politique et servir de base au dialogue et à la réconciliation. » Manifestement, pour le chef du Kremlin, les relations bilatérales entre Moscou et Washington, très dégradées depuis le conflit en Ukraine, en sont encore loin.

M. Poutine n’a en effet « pas de doutes » : la mise en cause de plusieurs fonctionnaires de la FIFA, interpellés en Suisse et faisant l’objet d’une demande d’extradition des Etats-Unis, constitue une ingérence américaine de plus dans les affaires du monde en général et dans l’orbite russe en particulier.

« Ces arrestations, a souligné le chef de l’Etat russe, semblent très étranges, car elles ont été effectuées à la demande des Etats-Unis (…), mais ces fonctionnaires ne sont pas des citoyens américains et si quelque chose s’est produit, cela n’a pas eu lieu sur leur territoire. » La procédure engagée, « même en supposant que les Etats-Unis ont un certain droit d’extradition », constitue donc aux yeux de M. Poutine une « violation » grossière des règles internationales et « une nouvelle tentative flagrante d’étendre sa juridiction à d’autres Etats ».

Edward Snowden, Julian Assange…

Pour étayer son propos sur les dépassements américains, M. Poutine a agité dans la foulée le cas d’Edward Snowden, un informaticien ancien employé de la CIA réfugié en Russie après avoir révélé des programmes de surveillance de masse : « Nous connaissons bien la position des Etats-Unis au sujet d’un ancien employé des services spéciaux, membre de l’agence nationale de sécurité, qui a dévoilé la pratique d’actions illégales des Etats-Unis à l’échelle mondiale, y compris en écoutant des dirigeants étrangers (…) Tout le monde en parle, y compris en Europe, mais personne ne veut lui donner le droit d’asile… »

De Snowden, le président russe est ensuite passé à la situation de l’Australien Julian Assange à l’origine de la divulgation des câbles diplomatiques américains sur WikiLeaks, « obligé de se cacher dans une ambassade étrangère depuis quelques années ». « Pourquoi je me rappelle ces histoires ? a-t-il conclu. Parce que nos partenaires utilisent des méthodes illégales pour atteindre leurs propres fins égoïstes, en poursuivant les gens. Je n’exclus pas que, dans le cas de la FIFA, ce soit la même chose. »

A l’unisson du président, les médias russes dénoncent, à travers le scandale qui frappe la FIFA, une offensive ciblée, oubliant le Qatar désigné comme le pays organisateur du Mondial en 2022. « Un complot contre la Russie ? » s’est ainsi interrogé dès mercredi soir l’hebdomadaire Troud sur son site Internet.

Le ton monte en Russie, où l’on ne manque jamais de critiquer l’ancien adversaire de la guerre froide, ni d’imputer à la Maison Blanche la volonté de vouloir déstabiliser la zone d’influence russe, voire la Russie elle-même, à travers les « révolutions de couleur ». Jeudi, le président de la Commission russe de lutte contre la corruption, Kirill Kabanov, s’en est à son tour mêlé, en laissant entendre que l’affaire de la FIFA serait utilisée à des fins politiques : « Cette situation pourrait jouer contre la Russie et la Coupe du monde de 2018 », a-t-il déclaré.

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