L’Europe, pour ceux qui ne s’en sont pas aperçus, est désormais en état de mort clinique. Entre la plausible faillite grecque et le triomphe de Cameron en Grande-Bretagne, sans compter les prochaines disputes sur l’immigration ou la guerre civile en Macédoine, le fantasme d’une Union politique prospère et pacifique a définitivement sombré.
L’Europe achevée par l’électeur britannique
Comme on s’ennuyait un peu en Europe, entre crise grecque et prochain krach obligataire, nos amis électeurs de la perfide Albion ont décidé de mettre un peu de piquant dans la vie politique continentale, grâce à une astuce simple: accorder un jovial triomphe à celui qui leur a annoncé un referendum sur leur maintien dans le navire communautaire. David Cameron a donc décroché la timbale en obtenant la majorité absolue aux élections législatives. Well done! D’ici à fin 2017, la Grande-Bretagne pourra définitivement torpiller un édifice qu’elle déteste depuis si longtemps…
Seule consolation pour ceux qui trouveraient ce destin vraiment trop injuste: la victoire écrasante des nationalistes écossais (56 des 59 sièges remportés d’un coup… jolie performance) devrait fortement écorner l’autorité des Anglais dans un Royaume-Uni entré lui-même (malgré les apparences) en décadence.
La meilleure preuve de cette décadence est venue des instituts de sondage britanniques, qui avaient prévu un score médiocre pour le Premier Ministre sortant. Avoir des sondagistes pires que ceux qui sévissent en France! c’est vraiment inquiétant pour l’état de la Grande-Bretagne.
L’Europe déjà terrorisée par le « Brexit »
Pour les Européistes de tous poils, la sanction des urnes britanniques est une cause de terreur. Leurs idéologues en chef n’ont pas tardé à expliquer combien toutes ces idées contraires aux leurs étaient ineptes. On retrouvera notamment les propos de notre inénarrable Pierre Moscovici:
« Pour moi, la place de la Grande-Bretagne — c’est l’intérêt de la Grande-Bretagne, c’est l’intérêt de l’Union européenne — est dans l’Union européenne », a dit Pierre Moscovici sur Europe1.
« M. Cameron fera ce qu’il estime devoir faire, se déroulera ou ne se déroulera pas un référendum mais, franchement, (…) toutes les études économiques le montrent, le coût politique et économique de ce qu’on appelle un ‘Brexit’ serait tout à fait considérable, et d’abord pour le Royaume-Uni », a-t-il ajouté.
Evidemment, si « toutes les études économiques » montrent que le « Brexit » est une aberration… Moscovici oublie que ces mêmes études économiques montraient aussi que l’euro apporterait la prospérité. Comme la suite de l’histoire l’a confirmé…
François Hollande s’est, pour sa part, offert une nouvelle tranche de ridicule, en rappelant à David Cameron:
«Il est légitime de tenir compte des aspirations des Britanniques mais il y a des règles en Europe et parmi ces règles il y a la concertation»
La France de Hollande qui appelle au respect des règles communautaires. Quelle blague! surtout au moment où le déficit dérape…
Juncker accélère l’agonie de l’Europe
Comme un malheur n’arrive jamais seul, celui qui devrait redonner espoir, Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a décidé d’administrer l’injection létale finale au continent. Non seulement il va proposer des actions militaires en Libye pour juguler l’émigration clandestine, mais il a mis à l’ordre du jour des travaux communautaires la mise en place de quotas chiffrés d’émigrés pour chaque pays de l’Union.
Si l’on songe que Cameron a notamment fait campagne pour une limitation de la liberté de circulation des personnes au sein de l’Union, le projet de Juncker devrait garantir un « Brexit » sans aucun problème. L’idée, au passage, semble soutenue par l’Allemagne.
Attaque en règle des marchés financiers contre la BCE
Quand les Britanniques reconduisaient Cameron au 10, Downing Street, les marchés financiers se livraient de leur côté à une attaque en règle contre la politique de taux bas de la banque centrale européenne. Le quantitative easing de la BCE s’accompagne en effet de taux directeurs très bas qui étranglent les gestionnaires de portefeuilles. Il leur est de plus en plus difficile de servir de la rentabilité à leurs clients!
Du coup, le financier Bill Gross, fondateur de Janus Capital après avoir été viré de Pimco, a lancé un avertissement à la BCE, dans le sillage duquel les marchés se sont volontiers placés: il a massivement vendu de la dette souveraine allemande, dont le taux a brutalement flambé de 60 points de base en quelques dizaines de minutes. Les taux français, pour leur part, doublaient.
L’extrême sensibilité des marchés à la question de taux montre bien que la politique de la BCE ne pourra durer sans dégât considérable pour les places financières. L’avertissement mérite d’être médité à l’approche d’un automne qui devrait être chaud.
Nouvel épisode dans la version grecque de « Plus belle l’Europe »
Ce 11 mai se tient une nouvelle réunion de l’Eurogroupe, présentée il y a quelques semaines comme décisive et ultime, mais à la dernière minute annoncée comme non-conclusive.
Dans la pratique, la Grèce refuse de céder sur une réforme des retraites ou sur un assouplissement du marché du travail. En outre le Premier Ministre Tsipras continue à jouer aux Machiavel en quémandant des projets communs avec la Russie, qui est décidée à dire oui si la Grèce s’engage à payer. Tout ceci exaspère les partenaires européens de la Grèce, à commencer par le terrible docteur Schaüble, qui a brisé le tabou de la faillite:
«Les expériences ailleurs dans le monde nous ont montré qu’un pays peut soudainement être précipité vers la faillite», a déclaré le ministre dans un entretien au journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS).
A la question de savoir si le gouvernement allemand se prépare à un tel scénario pour la Grèce, Wolfgang Schäuble se contente de dire qu’«il y a des questions auxquelles un politicien raisonnable ne doit pas répondre».
Avancée dans les prochains jours ou pas? Personne ne cherche plus à le savoir.
La Grèce a déjà faillite, mais on ne nous le dit pas
En réalité, la situation grecque est déjà celle d’une faillite. Sans le constant relèvement des plafonds d’aide d’urgence aux banques grecques (encore 2 milliards cette semaine), manoeuvre totalement artificielle décidée par la BCE, l’Etat grec aurait reconnu depuis longtemps sa faillite. Grâce au coup de pouce de la BCE, la Grèce a pu emprunter 1,1 milliard d’euros cette semaine, après avoir remboursé 200 millions au FMI.
Il est toutefois vraisemblable que, à l’issue d’un Eurogroupe infructueux, la BCE décide d’arrêter les perfusions. L’heure viendra alors des mesures drastiques en Grèce, contre le contrôle des changes destiné à limiter les effets d’un bank run en cas de défaut… dont le gouvernement grec ne cache pas qu’il est proche.
La Commission très optimiste pour le continent
Alors que les nuages s’amoncellent au-dessus du continent, la Commission a jugé bon de relever ses prévisions de croissance. La France fait notamment partie des bons élèves qui devraient aller mieux que prévu. Voilà une belle manifestation d’enthousiasme à l’approche du cap Horn.
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