Depuis qu’un principal de collège de province a eu la bonne idée (sauf pour l’inspection académique, le ministère et le gouvernement) d’interdire l’accès à deux élèves portant foulard, soit vers la fin des années 80, on ne cesse de nous pomper l’air avec la sacro-sainte laïcité. À ce qu’il paraît, c’est l’alpha et l’oméga républicain, le truc magique qui permet un vivre-ensemble harmonieux. Bon, je veux bien les croire, mais comment expliquer que depuis le petit père Combes le vivre-ensemble républicain ressemble furieusement à quelque chose comme : « tu es catholique, alors tu fermes ta gueule« . Certes, tout un chacun a le droit de critiquer telle ou telle religion, même les moins civilisés, comme ces abrutis de gauchistes anti-cléricaux pour qui l’insulte tient lieu d’argument. Si j’ai bien tout compris, c’est la règle dans une république démocratique respectueuse des opinions, de toutes les opinions, enfin presque toutes. Mais que penser lorsque des ministres, pourtant piliers d’un régime censé garantir le libre exercice des cultes, se permettent de dauber publiquement une religion en particulier, de la désigner comme l’ennemi à abattre ? N’est-ce pas là un flagrant délit de partialité ? N’est-ce pas considérer que la république considère qu’il y a des sous-citoyens, adeptes d’une religion particulière, considérés comme une sorte de 5ème colonne ? D’aucuns pensent peut-être que je force un peu la note, pourtant que penser d’autre lorsqu’aux plus forts moments de la contestation de la loi Taubira relative au mariage guignol, il y eut des instructions données par le sinistre de l’Intérieur en exercice afin que soient établies des fiches sur les officiers catholiques de l’armée française. Certains ont même eu à subir l’infamie d’une perquisition, au motif que leurs ados faisaient partie de LMPT, des Veilleurs et autres mouvements, visiblement considérés comme menaçant la république.
Donc depuis 25 ans on met la laïcité à toutes les sauces. La cause ? La montée en puissance de l’islam, essentiellement due à une immigration à peine contrôlée depuis l’adoption du décret d’avril 1976 instituant le regroupement familial. Bien évidemment, l’adoption de ce texte a sonné le glas de l’assimilation qui était la règle. On a donc vu se multiplier les salles de prière plus ou moins déclarées, quand elles n’étaient pas clandestines. Peu de temps après, les soviétiques envahissaient l’Afghanistan ce qui donna un sérieux coup de pouce à tous les fondamentalistes musulmans qui trouvèrent là un moyen de faire du prosélytisme, notamment en occident. C’est ainsi que des imams étrangers, parlant à peine (dans le meilleur des cas) le français, financés par des nations connues pour leur stricte application de la charia, arrivèrent chez nous et se mirent à prêcher un islam dit radical. Les traditionnels chibani qui avaient grandi dans un Maghreb français ou sous protectorat français, furent lentement remplacés par une nouvelle génération née en France, mais qui n’en avait pas pour autant adopté les codes culturels et traditionnels. Tranchant de fait avec les précédentes vagues migratoires venues de divers pays d’Europe qui s’étaient rapidement fondues dans le peuple français en une génération.
Les gouvernements successifs, face à la montée de boucliers du corps enseignant, dans un premier temps, puis de la population, se sentirent obligés de tenir compte de la demande et de pondre des lois interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école et dans les bâtiments publics, l’interdiction de porter des éléments vestimentaires interdisant l’identification des porteurs. Ce qui aurait pu passer pour de la fermeté fut ensuite brouillé par l’abdication des collectivités locales face à certaines revendications communautaires telles que des horaires de piscine permettant la séparation hommes/femmes, l’adoption générale de menus particuliers pour l’ensemble des élèves des écoles primaires, etc. Tout cela au nom de la laïcité. Dans le même temps, on a vu l’arrivée sur le devant de la scène politique de gauche d’une nouvelle génération reprenant à son compte l’héritage de Robespierre et d’Emile Combes. À ceci près qu’ils ne désignent qu’une seule religion comme étant l’ennemi vraiment à combattre, à abattre : le catholicisme, pendant que dans le même temps ils ont pour l’islam les yeux de Chimène. Selon eux, la loi de 1905 visait à limiter l’expression religieuse à la seule sphère privée, et expurger le domaine public (la rue) de tout signe d’appartenance religieuse. À partir de ce présupposé, sans fondement*, on a pu voir se développer un discours ouvertement vindicatif, dans le même temps l’Etat et les collectivités territoriales se mirent à financer des artistes aux productions ouvertement anti-catholiques.
Pourtant, lorsque l’on se penche sur la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des églises et de l’Etat, on peine à trouver le moindre article étayant les délires actuels. Ainsi, en son article 1, elle plante le décor : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » En clair, la république est a-religieuse, en garantissant la liberté de conscience, elle reconnaît aux citoyens la liberté de croire ou pas, et de fait proclame sa neutralité en matière de religion.Principe que l’on retrouve précisé dans l’article 28 : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » Il n’est pas fait mention d’interdire à qui que ce soit le port de vêtements ou de signes religieux dans l’espace public, pas plus que n’est interdit de faire mention de principes moraux religieux dans le débat public. L’Etat en 1905 a fait le choix de la stricte neutralité. Ce choix s’est d’ailleurs imposé lors des débats à l’assemblée. En effet, les combistes entendaient inscrire dans la loi l’interdiction pure et simple de la soutane, considérée comme un signe clérical plus que religieux, un instrument de soumission du prêtre à son évêque et à sa hiérarchie, portant atteinte à la « dignité masculine » car il s’agit d’une « robe ». Ce fut écarté. Ils proposèrent alors un amendement portant interdiction du costume ecclésiastique en dehors des bâtiments ecclésiastiques, qui fut également écarté. Se servir de la laïcité instaurée en 1905 pour interdire le port de signes ou de vêtements religieux est de manière patente une perversion à la fois de l’esprit et de la lettre de la loi de séparation des églises et de l’Etat.
On peut ajouter que s’agissant du port du foulard islamique, qui fut la première revendication des professeurs et instituteurs, l’Etat en interprétant le port de cet élément vestimentaire s’est fait théologien. Les forcenés peuvent bien hurler, mais de fait lorsque Marie-Charlotte porte un foulard l’Etat estime que c’est une coquetterie, mais lorsqu’il s’agit de ce même élément porté par Yasmina il est dénoncé comme signe religieux. Il y a donc une interprétation théologique faite par une république laïque censée ne pas s’immiscer dans ce genre de débat qui décrète ce qui est religieux ou ne l’est pas. Ce qui au passage donne du grain à moudre aux barbus qui peuvent ainsi jouer les pleureuses en invoquant la partialité de la république, quand ils n’évoquent pas le caractère discriminatoire des lois adoptées. Se servir de la laïcité pour tenter d’interdire l’introduction d’arguments moraux tirés d’une religion, surtout s’il s’agit du catholicisme, est également en contradiction avec l’esprit et la lettre de cette loi. Ces arguments peuvent être réfutés par ceux qui se réclament de l’athéisme, par ceux qui entendent que la république conserve une stricte neutralité, mais ils n’ont en aucune manière le droit de chercher à en interdire, sur le mode hystérique, leur expression dans le débat public.
Il ne faut pas se voiler la face (oui, je sais, c’est facile), les problèmes existent, particulièrement avec l’islam, religion schizophrénique ou appels à la tolérance et à la violence se côtoient, mais je reste persuadé que la stricte neutralité religieuse pose plus de problèmes à un Etat que s’il a fait le choix d’avoir une religion d’Etat, ce qui pose clairement les fondements de la société, et rend plus aisée l’adoption de certaines lois. Certains objecteront que ce serait un retour en arrière, le retour de l’obscurantisme, de l’oppression. A ces derniers je me bornerai à leur demander s’ils ont l’impression que les non-chrétiens font l’objet de brimades en Angleterre, en Argentine, au Liechtenstein, au Costa Rica, à Malte, à Monaco, en république Dominicaine, au Danemark, en Islande, en Norvège, aux Îles Féroé, en Grèce. Ils répondront qu’il n’en est rien, à condition bien entendu d’être de bonne foi. À ma connaissance, aucun de ces pays ne conteste à ses citoyens le droit d’être agnostiques ou athées, pas plus qu’il n’interdisent la pratique d’une autre religion, a contrario de pas mal de pays musulmans.
* En 1989, après la première affaire de foulard, le Conseil d’Etat a estimé qu’un port discret de signes religieux ne portait pas atteinte à l’ordre public. En revanche, ce qu’il fallait sanctionner, c’était des comportements qui pouvaient accompagner ce port de signes religieux : mise en cause des programmes et des horaires ou de l’autorité des professeurs, actes de prosélytisme à l’intérieur des bâtiments scolaires. Montrant de fait que la loi de 1905 visait uniquement la séparation et non l’éradication des signes religieux dans l’espace public et au sein des bâtiments publics.
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Donc depuis 25 ans on met la laïcité à toutes les sauces. La cause ? La montée en puissance de l’islam, essentiellement due à une immigration à peine contrôlée depuis l’adoption du décret d’avril 1976 instituant le regroupement familial. Bien évidemment, l’adoption de ce texte a sonné le glas de l’assimilation qui était la règle. On a donc vu se multiplier les salles de prière plus ou moins déclarées, quand elles n’étaient pas clandestines. Peu de temps après, les soviétiques envahissaient l’Afghanistan ce qui donna un sérieux coup de pouce à tous les fondamentalistes musulmans qui trouvèrent là un moyen de faire du prosélytisme, notamment en occident. C’est ainsi que des imams étrangers, parlant à peine (dans le meilleur des cas) le français, financés par des nations connues pour leur stricte application de la charia, arrivèrent chez nous et se mirent à prêcher un islam dit radical. Les traditionnels chibani qui avaient grandi dans un Maghreb français ou sous protectorat français, furent lentement remplacés par une nouvelle génération née en France, mais qui n’en avait pas pour autant adopté les codes culturels et traditionnels. Tranchant de fait avec les précédentes vagues migratoires venues de divers pays d’Europe qui s’étaient rapidement fondues dans le peuple français en une génération.
Les gouvernements successifs, face à la montée de boucliers du corps enseignant, dans un premier temps, puis de la population, se sentirent obligés de tenir compte de la demande et de pondre des lois interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école et dans les bâtiments publics, l’interdiction de porter des éléments vestimentaires interdisant l’identification des porteurs. Ce qui aurait pu passer pour de la fermeté fut ensuite brouillé par l’abdication des collectivités locales face à certaines revendications communautaires telles que des horaires de piscine permettant la séparation hommes/femmes, l’adoption générale de menus particuliers pour l’ensemble des élèves des écoles primaires, etc. Tout cela au nom de la laïcité. Dans le même temps, on a vu l’arrivée sur le devant de la scène politique de gauche d’une nouvelle génération reprenant à son compte l’héritage de Robespierre et d’Emile Combes. À ceci près qu’ils ne désignent qu’une seule religion comme étant l’ennemi vraiment à combattre, à abattre : le catholicisme, pendant que dans le même temps ils ont pour l’islam les yeux de Chimène. Selon eux, la loi de 1905 visait à limiter l’expression religieuse à la seule sphère privée, et expurger le domaine public (la rue) de tout signe d’appartenance religieuse. À partir de ce présupposé, sans fondement*, on a pu voir se développer un discours ouvertement vindicatif, dans le même temps l’Etat et les collectivités territoriales se mirent à financer des artistes aux productions ouvertement anti-catholiques.
Pourtant, lorsque l’on se penche sur la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des églises et de l’Etat, on peine à trouver le moindre article étayant les délires actuels. Ainsi, en son article 1, elle plante le décor : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » En clair, la république est a-religieuse, en garantissant la liberté de conscience, elle reconnaît aux citoyens la liberté de croire ou pas, et de fait proclame sa neutralité en matière de religion.Principe que l’on retrouve précisé dans l’article 28 : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » Il n’est pas fait mention d’interdire à qui que ce soit le port de vêtements ou de signes religieux dans l’espace public, pas plus que n’est interdit de faire mention de principes moraux religieux dans le débat public. L’Etat en 1905 a fait le choix de la stricte neutralité. Ce choix s’est d’ailleurs imposé lors des débats à l’assemblée. En effet, les combistes entendaient inscrire dans la loi l’interdiction pure et simple de la soutane, considérée comme un signe clérical plus que religieux, un instrument de soumission du prêtre à son évêque et à sa hiérarchie, portant atteinte à la « dignité masculine » car il s’agit d’une « robe ». Ce fut écarté. Ils proposèrent alors un amendement portant interdiction du costume ecclésiastique en dehors des bâtiments ecclésiastiques, qui fut également écarté. Se servir de la laïcité instaurée en 1905 pour interdire le port de signes ou de vêtements religieux est de manière patente une perversion à la fois de l’esprit et de la lettre de la loi de séparation des églises et de l’Etat.
On peut ajouter que s’agissant du port du foulard islamique, qui fut la première revendication des professeurs et instituteurs, l’Etat en interprétant le port de cet élément vestimentaire s’est fait théologien. Les forcenés peuvent bien hurler, mais de fait lorsque Marie-Charlotte porte un foulard l’Etat estime que c’est une coquetterie, mais lorsqu’il s’agit de ce même élément porté par Yasmina il est dénoncé comme signe religieux. Il y a donc une interprétation théologique faite par une république laïque censée ne pas s’immiscer dans ce genre de débat qui décrète ce qui est religieux ou ne l’est pas. Ce qui au passage donne du grain à moudre aux barbus qui peuvent ainsi jouer les pleureuses en invoquant la partialité de la république, quand ils n’évoquent pas le caractère discriminatoire des lois adoptées. Se servir de la laïcité pour tenter d’interdire l’introduction d’arguments moraux tirés d’une religion, surtout s’il s’agit du catholicisme, est également en contradiction avec l’esprit et la lettre de cette loi. Ces arguments peuvent être réfutés par ceux qui se réclament de l’athéisme, par ceux qui entendent que la république conserve une stricte neutralité, mais ils n’ont en aucune manière le droit de chercher à en interdire, sur le mode hystérique, leur expression dans le débat public.
Il ne faut pas se voiler la face (oui, je sais, c’est facile), les problèmes existent, particulièrement avec l’islam, religion schizophrénique ou appels à la tolérance et à la violence se côtoient, mais je reste persuadé que la stricte neutralité religieuse pose plus de problèmes à un Etat que s’il a fait le choix d’avoir une religion d’Etat, ce qui pose clairement les fondements de la société, et rend plus aisée l’adoption de certaines lois. Certains objecteront que ce serait un retour en arrière, le retour de l’obscurantisme, de l’oppression. A ces derniers je me bornerai à leur demander s’ils ont l’impression que les non-chrétiens font l’objet de brimades en Angleterre, en Argentine, au Liechtenstein, au Costa Rica, à Malte, à Monaco, en république Dominicaine, au Danemark, en Islande, en Norvège, aux Îles Féroé, en Grèce. Ils répondront qu’il n’en est rien, à condition bien entendu d’être de bonne foi. À ma connaissance, aucun de ces pays ne conteste à ses citoyens le droit d’être agnostiques ou athées, pas plus qu’il n’interdisent la pratique d’une autre religion, a contrario de pas mal de pays musulmans.
* En 1989, après la première affaire de foulard, le Conseil d’Etat a estimé qu’un port discret de signes religieux ne portait pas atteinte à l’ordre public. En revanche, ce qu’il fallait sanctionner, c’était des comportements qui pouvaient accompagner ce port de signes religieux : mise en cause des programmes et des horaires ou de l’autorité des professeurs, actes de prosélytisme à l’intérieur des bâtiments scolaires. Montrant de fait que la loi de 1905 visait uniquement la séparation et non l’éradication des signes religieux dans l’espace public et au sein des bâtiments publics.
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