Non seulement les media déferlèrent en hordes sauvages et déchaînées sur Seyne les Alpes, ce trou du cul du Bon Dieu approximativement situé entre Roussimat et Boufanusse (voir Derrière Napoléon) mais encore le bled en question vit il débarquer, la larme à l’œil et l’oreille basse, le Président Couille-Molle de la République Franchouille, la grosse Bundeskanzlerin Angela et le grand barbu espagnol au nom imprononçable. Les trois Hauts Comiques Troupiers en question, pour bien marquer le coup, se répandirent en discours condoléo-lamentateurs, recueillements tout azimut et serrages de mains de gendarmes, sapeurs-pompiers, médecins légistes et autres chargés de la petite cuiller à récupérer les passagers, lesquelles mains avaient toutefois bien d’autres choses à foutre que de shake-hander le super-politicard de passage. Et je ne vous parle même pas de tous les experts, ex-paires, ex-commandants de bord, ex-pas triés, exécuteurs des Basses-Alpes, ex-votos ambulants même, genre rescapé de Sainte-Odile, passés et repassés en boucle à redire les mêmes poncifs éculés et les mêmes âneries le plus souvent démenties illico par la progression rapide de l’enquête. Mais ce qui mit le suspense à un niveau hyper-hitchcockien, ce fut l’analyse de la « boîte noire » dite Cockpit Voice Recorder (en français CVR). Aussitôt découvert l’appareil en cause nous vîmes débarquer plein de spécialistes vachement certifiés et tout le toutim, lesquels nous exposèrent avec autorité les difficultés insondables qui président à l’analyse des enregistrements CVR et en déduisirent que l’opération prendrait plusieurs semaines. Ce sur quoi, dans l’heure qui suivit, un grand olibrius du Bureau d’Enquête et d’Analyse (en français BEA) déboula incontinent sur les plateaux pour faire connaître urbi et orbi l’heureuse nouvelle aux termes de laquelle les boîtes-noires venaient de livrer leurs secrets…tout en précisant qu’il n’en dirait pas plus : ultra-confidentiel, c’est pas pour le vulgum pecus! Brossez vous! Ce sur quoi les meilleures feuilles américaines (celles qui paient le mieux les fuiteurs) commencèrent à balancer à veau l’eau les morceaux choisis des enregistrements en question. Ce sur quoi le Procureur de Marseille, mis au courant par le BEA et par la force des choses, se trouva dans l’obligation de tenir hic et nunc conférence de presse afin d’informer la terre entière, suspendue à ses lèvres, du contenu des fameuses boîboîtes, avec tous les détails : le commandant qui s’en va pisser un coup et le copilote, encore anonyme, qui en profite pour balancer l’avion sur la Tête de l’Estrop (une montagne, pas la tronche d’un handicapé, m’enfin!). Ce sur quoi, nous apprenions en même temps de la bouche dudit Proc, un peu ulcéré tout de même par le déroulement bizarre de la séance, le nom tant attendu du présumé coupable.
Andreas Lubitz ! Ecce homo! (mais pas pédé du tout, nous saurions plus tard qu’il fréquentait assidûment, comme tout pilote de ligne qui se respecte, une hôtesse de l’air). Alors au début, vu comme ça, la nouvelle présentait un intérêt relativement modeste. Cependant, presque tout de suite, notre bon Procureur recevait une dépêche (encore) selon laquelle l’intéressé « n’était pas répertorié comme terroriste ». Ah, ouf, voilà qui rassure bien, vous voyez Lufthansa se mettre à recruter des bachi-bouzouks du djihad, vous? Donc, à l’issue de cette conférence de presse quelque peu psychédélique, nous en étions à passer en revue les conjectures les plus tortibigondolées pour tenter de comprendre l’incompréhensible…et là, nos media s’y entendent à merveille, quand il s’agit de débiter des avalanches de conneries dans lesquelles l’invraisemblable le dispute à l’aberrant voire à l’absurde, vous pouvez compter sur eux, et particulièrement sur les chaînes d’info continue dont ce genre d’exercice devient la grande spécialité. Il fallut toutefois attendre le lendemain matin pour que le véritable scoop éclate au grand jour : selon toute probabilité le camarade Andreas Lubitz était complètement sinoque!
Nous tenions alors le nœud de l’affaire : un gros « dépressif » bourré jusqu’au trognon de psychotropes et autres saloperies du même tonneau. Re-déchaînement médiatique, panique dans le landerneau de BFM-TV et consorts! Nouvelle cascade de connerie avec cette fois la participation de psychiatres, psychologues, psychanalystes et autres rigolos de la sécurité aérienne censés expliquer pourquoi une compagnie de ce calibre confie ses avions et ses passagers à des psychopathes et pourquoi, aussi, les tordus en question peuvent se claquemurer dans le poste de pilotage histoire de voir comment ça fait quand on percute une paroi rocheuse à sept-cents kilomètres-heure. Bref nous en sommes là, sauf qu’aujourd’hui même on découvre que l’ineffable Lubitz perdait tranquillement la vue à la suite d’un décollement incurable de la rétine! Vrai ou faux ça produit un drôle d’effet, y a pas, surtout que si ça continue on va apprendre que ce type était également cul de jatte et qu’il venait de subir l’amputation du bras droit! Germanwings über alles! Si l’on ajoute à cela les déclaration de la petite copine hôtesse -paraît-il enceinte de ce brave Andréas, comme quoi il conservait encore au moins une fonction intacte- dont les propos laissent supposer que ce garçon progressait à grandes enjambées sur la voie de la folie furieuse, on peut s’interroger sur la validité de procédures de contrôle de la capacité des pilotes à assumer leurs responsabilités. Les Allemands restant réputés comme les plus rigoureux en la matière, j’ai l’honneur de vous faire connaître que je ne foutrai jamais plus les pieds dans un avion.
Pour apporter cependant ma pierre à l’édifice un peu chancelant de la sécurité aérienne, je me permettrai de suggérer que les cockpits soient obligatoirement dotés de pots de chambre. Les pilotes pourraient ainsi satisfaire leurs besoins élémentaires sans avoir à sortir de la cabine. Au surplus ce type de mesure relancerait une activité chère à Feydeau ainsi qu’un marché dont la France pourrait retrouver le leadership qu’elle détenait encore au début du siècle dernier. Nous sauverions ainsi, à coup sûr, des chiées de vies de passager tout en contribuant à inverser la courbe du chômage (tu m’entends Culbuto? C’est ici que ça se passe, ducon!).
Tout ça pour vous dire qu’à mon avis, si on regarde bien, cet accident c’est surtout un gros manque de pot!
J’ai profondément honte, bien sûr, de ce que je viens d’écrire, mais bon, que voulez vous, on ne se refait pas…
Bon Dimanche électoral à tous et rendez vous ce soir à vingt heures pour voir comment les Socialos nous feront avaler leur victoire, ce coup-ci.
Et merde pour qui ne me lira pas.
NOURATIN
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