Cette pollution est d'"ampleur nationale", poursuit le spécialiste. "Ces sédiments ont détruit 25 kilomètres de rivière, c'est énorme." La boue ainsi déversée a colmaté le fond du cours d'eau, là où vit la majorité de la base de la chaîne alimentaire ainsi détruite. La boue et la vase font chuter le taux d'oxygène contenu dans l'eau et les poissons se retrouvent asphyxiés. "La rivière va mettre plusieurs années à s'en remettre sur cette portion", assure Jean-Christophe Bout.
Cinq sociétés de pêche locales et la Fédération départementale de pêche du Puy-de-Dôme ont porté plainte auprès de la gendarmerie de La Bourboule, qui a ouvert une enquête.
Les explications de l'exploitant de la centrale
Une enquête de gendarmerie est en cours. La Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, qui contrôle la sécurité des ouvrages hydrauliques) et la DDT (Direction départementale des territoires, qui s'occupe de la police de l'eau) - sont en train d'analyser ce qui s'est produit. "Il semble que la vanne de fond se soit partiellement ouverte suite à un problème sur la conduite d'alimentation qui permet de la maintenir fermée en pression", explique-t-on chez Energialys, l'exploitant du barrage et de la centrale hydroélectrique de La Bourboule basé à Toulouse. Un corps flottant, comme un tronc d'arbre, pourrait avoir heurté cette conduite. La vanne a pu être refermée dès le 13 février en fin de journée. Ce que confirme Jean-Luc Barrier, chef du pôle risques technologiques de la Dreal d'Auvergne, qui a classé cet événement orange, sur une échelle qui comporte les échelons vert, jaune, orange et rouge.
Cette vanne sert à faire des "chasses d'eau", c'est-à-dire à évacuer les sédiments qui s'accumulent naturellement contre un barrage. "La réglementation nous oblige à le faire", explique l'exploitant. Une action très réglementée, qui ne peut avoir lieu qu'entre décembre et fin avril, et si le débit est au minimum de 9m3 par seconde. Ce qui n'était pas le cas le 13 février. Aucune manoeuvre humaine n'a donc été effectuée, assure Energialys.
Une visite de contrôle prévue en mars
Selon Energialys, propriétaire du barrage et de la centrale depuis 2010, la vanne incriminée a été changée par son prédécesseur un an avant le rachat du site. "Cet accident était imprévisible. C'est très rare et c'est la première fois que cela nous arrive. Nous sommes très suivis en terme de sûreté hydraulique, nous devons répondre à beaucoup d'exigences de la Dreal."
"Nous avons la charge de contrôler ce barrage depuis le 1er janvier 2011, précise Jean-Luc Barrier, de la Dreal. Notre première visite a eu lieu en octobre 2012." Des préconisations ont été transmises à l'exploitant : "La réglementation a évolué. Beaucoup d'exploitants ne sont pas encore à niveau sur tout. Nous savons que des choses avaient été faites à La Bourboule, et nous avions d'ailleurs une visite de contrôle prévue le 12 mars", explique la Dreal.
"Je suis ému de ce qui est arrivé, c'est désolant, ajoute le responsable d'Energialys contacté. Nous sommes un des plus gros acteurs de la rivière et nous n'avons pas intérêt à dégrader ce milieu, qui est une source d'énergie renouvelable. Mais quand on travaille avec la nature, il peut y avoir des déconvenues. Nous assumerons les conséquences de ce qui est arrivé. Mais elles ne sont pas encore totalement mesurées."
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