2014 : Le front Chine–Russie, nouvel ADN pour l’humanité ?
Compte tenu de l’importance de ce document, de par son intérêt et son ampleur, j’ai décidé de le fractionner en plusieurs articles.
Préambule
Chers amis,
Aujourd’hui, je partage avec vous un document qui est à mon sens absolument crucial : une analyse en profondeur de l’Alliance stratégique Chine–Russie (ASCR) rédigée par quelqu’un qui examine la question du point de vue chinois. Aussi, je souhaite vous dire quelques mots sur la façon dont ce document a vu le jour.
Au cours d’une discussion avec Larchmonter 445 sur l’évolution de la situation en Russie, je me suis rendu compte que bon nombre de ses arguments étaient centrés sur les relations entre la Chine et la Russie. En le questionnant davantage sur ces relations, j’ai compris qu’il en savait beaucoup sur le sujet. De plus, il en était arrivé exactement aux mêmes conclusions que moi à propos de l’ASCR, mais à partir de l’autre point de vue, celui de la Chine. Je lui ai alors demandé de produire une brève analyse de la question, et Larchmonter 445 a accepté. Mais comme en plus d’être un vrai bourreau de travail il est aussi perfectionniste, sa brève analyse s’est transformée en un document de 25 pages comportant 39 notes de fin! En définitive, je peux maintenant partager avec vous une vue d’ensemble complète de tous les volets officiellement connus de l’ASCR (vous pouvez être assurés qu’il en existe bien d’autres encore que je garde secrets!).
Je trouve l’image de la double hélice de Larchmonter 445 particulièrement appropriée. En effet, ce dont nous sommes témoins ici est en quelque sorte la naissance d’une nouvelle forme de vie géopolitique, une alliance informelle entre deux pays beaucoup plus profonde que ne le sont la plupart des alliances habituelles: ce que nous voyons, c’est une entente mutuelle en vue d’une symbiose géostratégique intégrale entre deux espaces civilisationnels. La Russie comme la Chine ont été dans le passé ce qu’il était convenu d’appeler des empires, mais sont aujourd’hui ce que j’appelle des espaces civilisationnels: d’anciens empires multiethniques, multinationaux, aux traditions religieuses diverses, dont l’influence s’étend au-delà de leurs frontières nationales actuelles et dont le poids stratégique sur la scène internationale en fait plus des continents que des pays.
Ne vous y trompez pas, ce à quoi nous assistons est quelque chose de sans précédent dans l’histoire et va bien au-delà d’une simple alliance. Après tout, une alliance peut être facilement rompue, un pays A décidant de ne plus faire alliance avec un pays B pour conclure une alliance avec un pays C. En ce qui concerne l’ASCR, ce que nous voyons est quelque chose qui ressemble beaucoup plus à la naissance de frères siamois: dans ce qui s’apparente à un mouvement tectonique géopolitique, la Russie et la Chine ont décidé de ne pas seulement s’unir à la taille, mais de partager aussi de nombreux organes et appareils vitaux, dont les secteurs énergétique et de la défense, bien sûr, mais aussi leur économie et leur politique de développement à long terme. Chacun des deux symbiotes conservera sa propre tête et son propre cerveau, mais ils auront en commun le tronc.
Il s’agit selon moi de l’évolution politique la plus importante, et de loin, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et sans doute de la plus importante du siècle actuel : il est difficile d’en exagérer toutes les implications. Quant au fameux pivot vers l’Asie d’Obama, il s’en trouve réduit à quelque chose de parfaitement dérisoire et de totalement dépourvu d’intérêt en comparaison de cette nouvelle réalité: en règle générale, pendant que l’administration Obama rugit et aboie, Poutine et Xi Jinping s’affairent sans bruit à modifier en profondeur l’équilibre planétaire. Je me demande si quelqu’un osera en informer la Maison Blanche.
Je vous enjoins tous de lire attentivement le Livre blanc de Larchmonter 445 et de le conserver aux fins de consultations ultérieures (en particulier, tous les développements récents qu’il énumère). Comme le document était trop volumineux pour être publié ici, je l’ai placé sur Mediafire pour que vous puissiez le télécharger en format ZIP, ODT, DOCX ou PDF. Vous trouverez le lien vers le répertoire Mediafire juste sous l’introduction de Larchmonter 445 qui suit.
Un très gros MERCI à Larchmonter 445!
J’espère que cet excellent article vous plaira.
Amitiés,
The Saker
Introduction par Larchmonter 445
Le Saker m’a demandé de produire un article sur la Chine et la Russie. Je lui ai répondu qu’à mon avis l’ensemble des liens que tissent entre eux ces deux pays sont beaucoup plus profonds et importants que les accords habituels en matière de biens ou d’armement. Il a ajouté que leurs armées respectives avaient participé ensemble à des entraînements tout à fait uniques en leur genre du point de vue des deux pays, et que d’autres exercices étaient prévus pour l’an prochain afin de repousser les limites de leurs capacités d’intégration.
Comme j’étudie la Chine depuis plus de dix ans, mon impression était qu’il s’agit dans l’histoire internationale d’une relation unique en soi du point de vue qualitatif, qui est loin de se limiter au cadre d’un simple partenariat particulier. Des liens d’amitié sont en train de se créer. Voilà pourquoi, à mon sens, la métaphore de la double hélice était idéale. Aussi, l’article s’est transformé en exposé d’envergure. Mais les deux nations sont aussi deux des plus grandes au monde, et les liens qui sont en train de se former portent sur tous les aspects. Pour présenter les choses de façon claire, il m’a fallu aller dans le détail et approfondir quelque peu.
Par ailleurs, j’aurais pu ajouter 20 à 30 autres notes de fin, mais, comme le veut la philosophie du Vineyard, et comme l’a exposé Le Saker, c’est aussi aux visiteurs, aux lecteurs, aux commentateurs et aux participants de faire leurs propres recherches et de présenter, pour les partager, les documents et les faits qu’ils auront trouvés. Autrement dit, l’avis d’une seule personne ne doit ni faire autorité ni être interprété comme définitif. C’est aussi ce que je pense. Et conformément à l’esprit de la pratique orthodoxe, je vous invite à remettre en cause tout ce qui vous semble erroné ou qui suscite le doute.
Ma préférence va à la lecture du document en format PDF sur iPad. Je vous souhaite un Joyeux Noël et de joyeuses fêtes à tous et à toutes, et n’oubliez pas de faire un don au Saker. Il consacre près de dix-huit heures par jour chaque jour de la semaine à faire en sorte que ce blogue fonctionne pour vous. Le Vineyard est notre porte-voix et notre ressource pour résister à l’hégémonie et à la destruction de la vie et des valeurs humaines. Alors, n’hésitez pas à faire preuve de générosité.
Larchmonter 445
Téléchargement Mediafire:
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Première Partie: Le contexte, la Chine et la nouvelle donne en Ukraine
Vladimir Poutine l’a dit clairement :
«La Russie et la Chine vont avoir une incidence importante sur l’ensemble des relations internationales. Leur relation sera un facteur de taille sur le plan de la politique mondiale et influera sur l’architecture contemporaine des relations internationales.» (…) Afin de préciser ce que signifie cette relation comme changement d’ordre géopolitique, le président Poutine a ajouté: « La Russie et la Chine n’ont jamais auparavant joui de telles relations de confiance dans le domaine militaire. Les exercices militaires ont donné lieu à des jeux de guerre conjoints sur mer comme sur terre tant en Russie qu’en Chine.»
Les méga-accords commerciaux et les exercices militaires survenus cette année vont au-delà des activités commerciales ou de coopération frontalières normales entre voisins ou partenaires. Cette relation a des répercussions sur l’ordre mondial. Les deux nations sont en train de former un front de résistance contre la déstabilisation et contre les armes de chaos d’un monde unipolaire.
La Russie et la Chine travaillent de concert à la stabilisation du commerce, de la diplomatie et des équilibres militaires internationaux; mais, ironiquement, cela entraîne des perturbations.
La Russie et la Chine sont des nations souveraines qui font figure de combattants de la résistance contre la Puissance hégémonique. Cette puissance, c’est l’Empire unipolaire qu’incarnent les USA.
Il est capital de garder présent à l’esprit ce contexte de stratégies géopolitiques. La Puissance hégémonique menace d’endiguer économiquement aussi bien la Russie que la Chine par le truchement d’accords commerciaux exclusifs (Partenariat trans-pacifique [PTP] et Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement [PTCI]). Ceux-ci ne laissent aucune place à la Chine et à la Russie ou les marginalisent en tant que membres de deuxième rang, tandis qu’elles se retrouvent, sur le plan militaire, entourées des missiles à ogive nucléaire de leurs partenaires commerciaux, les alliés et vassaux de la Puissance hégémonique. (Il s’agit là du prétendu bouclier de défense antimissile de l’Occident.)
Ces accords commerciaux hégémoniques fermeront à la Chine et à la Russie toute possibilité d’intégration accrue avec les deux partenariats. Les limites à la croissance, la suppression du développement due au monopole des droits de propriété intellectuelle, les régimes oppressifs de développement d’énergies propres et de contrôle de la pollution, les limites imposées à la construction, à la vente, à l’achat ou à l’utilisation de certains biens ralentiront les projets d’infrastructure de la Chine et de la Russie, en plus de limiter leurs possibilités de passer des contrats pour la réalisation de projets dans d’autres pays (leurs propres partenaires, qui sont des nations émergentes ou en développement).
Ainsi, du point de vue stratégique, la Puissance hégémonique a l’intention de limiter l’élimination de la pauvreté dans le monde et de réglementer le commerce partout sur la planète. Elle souhaite parachever la mise en place de ce monde unipolaire et le défendre. En définitive, certains pays formeraient l’Élite, alors que la plupart des autres nations n’auraient en partage que la pauvreté perpétuelle.
Bien sûr, la résistance offerte par la Russie et la Chine et leur partenariat évolutif rendent impossible l’aboutissement d’un tel scénario hégémonique, à moins que la Russie ou la Chine, voire les deux, ne soit déstabilisée ou que survienne un changement de régime. Par conséquent, ces deux pays sont placés devant un défi d’ordre économique et militaire posant une menace manifestement existentielle. Sur la liste des victimes de la Puissance hégémonique, la Russie vient au premier rang, immédiatement suivie de la Chine.
Un champ de bataille tous azimuts
La menace qui pèse sur la Chine et la Russie constitue un champ de bataille tous azimuts : elles font face à une guerre aérienne, terrestre, de l’information et électromagnétique potentielle, qui n’exclut nullement les armes chimiques, biologiques et nucléaires, et qui utilisera bientôt les armes laser et hypersoniques; à une guerre économique; et à une guerre par alliés interposés, sans oublier les ONG, les agents secrets et l’opération psychologique de diabolisation et de propagande médiatiques menée à l’échelle internationale.
Dans ce partenariat axé sur la résistance, chaque nation a dû autoriser l’autre à examiner en profondeur et de façon concrète ses secrets les mieux gardés en matière de défense, secrets autrefois dirigés contre l’autre, mais maintenant unifiés à l’intérieur d’un nouveau partenariat.
La Chine et la Russie savaient qu’ils logeaient dans le même trou de tirailleurs en face d’un ennemi commun. Et elles ont compris qu’avec le temps, ni l’une ni l’autre n’allait survivre à moins de s’entraider. Jamais une puissance hégémonique n’a été aussi désespérée ou aussi fondamentalement faible, et malgré tout aussi puissamment équipée pour détruire toute normalité, voire presque toute l’humanité, s’il lui faut le faire pour survivre. La Chine et la Russie se devaient de se protéger mutuellement pour tenter de sauver l’humanité et l’ordre du monde. L’attaque initiale a été d’ordre économique, et non militaire. Elle a frappé la Russie.
Contexte de la résistance
Ni la Russie ni la Chine ne s’opposait comme rivale à la Puissance hégémonique, et les deux pays estimaient avoir des partenariats commerciaux, des relations de coopération sur le plan géopolitique et une multitude d’intérêts communs avec cette Puissance. Il y avait bien des motifs d’irritation jugés marginaux, mais rien de nature réellement conflictuelle, hormis tout ce qui pouvait être instigué, financé, planifié et piloté par la Puissance hégémonique de concert avec ses vassaux.
L’économie, le domaine militaire et le terrorisme sont donc les principaux champs de bataille de l’effort d’endiguement et de déstabilisation tous azimuts déployé par la Puissance hégémonique à l’encontre de ses deux principaux opposants. (Cette résistance a pour objet la domination unipolaire dans toutes ses manifestations.)
Puis nous en arrivons à 2014. En raison des jeux Olympiques de Sotchi, l’année 2014 est devenue le point focal de la renaissance de la révolution de couleur en Ukraine. Au Département d’État et à la CIA, les planificateurs avaient huit années devant eux pour organiser une déstabilisation en deux volets qui a transformé la Révolution orange manquée de Kiev en soulèvement de la place Maïdan. Nous savons tous très bien que cette transformation était fondamentalement néfaste, illégale, meurtrière et non constitutionnelle, et qu’elle n’avait qu’un seul but: opposer à la Russie une force ukrainienne armée, psychologiquement manipulée et xénophobe qui allait se débarrasser d’abord de la langue russe, puis des russophones. C’est-à-dire des citoyens ukrainiens, de l’Est de l’Ukraine, vivant à côté de Rostov et en bordure d’une frontière virtuellement ouverte, théoriquement dotée d’un petit nombre de dispositifs de défense, à peine des points de passage officiels sans aucun vestige de militarisation de part et d’autre.
Ce soulèvement violent a été parfaitement synchronisé avec les événement se déroulant en Russie: le président Poutine présidait aux Jeux d’hiver de 2014, fruit d’un investissement de 50 milliards de dollars consacré au développement de la ville de Sotchi, un effort échelonné sur huit années dont il a assumé la direction. Cet effort était perçu comme la réalisation de son plus grand projet public, destiné à raviver l’esprit du peuple russe en démontrant qu’à l’instar de la Chine à l’occasion des Jeux d’été de 2008, la Russie avait elle aussi retrouvé sa grandeur, dans la paix, en érigeant cette attraction touristique ouverte à l’année à Sotchi, et que tous les problèmes faisaient désormais partie du passé.
Le président Xi avait annoncé sa participation à la cérémonie d’ouverture. La Chine et la Russie prenaient leur essor et étaient fières de se manifester un soutien mutuel dans toutes leurs sphères d’intérêt communes. Elles avaient voté d’une seule voix pour mettre fin à l’attaque aérienne américaine sur la Syrie, avaient opposé leur veto à la résolution du Conseil de sécurité et avaient demandé la résolution du conflit par la voie diplomatique. Ainsi, en temps de paix comme en temps de guerre, en matière de sport comme de commerce, les deux leaders ont organisé six rencontres en 2014. Certaines de ces rencontres étaient bilatérales, alors que d’autres réunissaient des groupes multilatéraux dont ils étaient tous deux membres.
L’Ukraine et la Chine
Mais les bouleversements subis par l’Ukraine et le coup du Maïdan étaient aussi une attaque dirigée contre la Chine, une attaque qui la visait tant au portefeuille que dans ses plans pour l’Est de l’Ukraine et la Crimée. La Chine entretient depuis longtemps des relations avec l’Ukraine, et ce, pas uniquement avec l’État ukrainien moderne détaché de la Fédération de Russie en 1991 par Eltsine aux termes des accords de Belaveja. La Chine et l’Ukraine collaboraient à des études technologiques et scientifiques avant que l’Union soviétique ne menace la Chine et que les deux pays ne se livrent des guerres frontalières ouvertes de 1960 à 1989.
En décembre 2013, la Chine et l’Ukraine ont signé une entente de partenariat stratégique incluant des garanties concernant un bouclier nucléaire, car l’Ukraine avait signé le traité de non-prolifération. La Chine offrait à l’Ukraine une protection contre tout agresseur, ce qui constituait de sa part une mesure de politique étrangère très inhabituelle. L’entente a été signée le 5 décembre 2013.
Des scientifiques et des techniciens chinois ont été formés en Ukraine, ont étudié en Ukraine et ont acheté de l’Ukraine lorsque le pays était le principal fournisseur de moteurs de roquettes, de missiles et d’avions et d’autres systèmes à composantes logicielles ou métallurgiques. L’Ukraine est le pays où la Russie (l’Union soviétique) a financé à coup de centaines de milliards de dollars des établissements d’enseignement et des industries pour favoriser l’avancement de l’informatique, des mathématiques et de l’armement. L’Ukraine est le pays de qui la Chine a acheté un porte-avions inachevé dont elle a depuis terminé la construction et qu’elle a baptisé le Liaoning.
Les Chinois effectuaient récemment leur retour en Ukraine et dans la mer Noire, plus riches que jamais et désireux d’aider l’Ukraine à développer son infrastructure en échange d’aliments comme des céréales, des légumes et des fruits provenant de ses champs fertiles. En Crimée, les Chinois s’intéressaient au projet du pont Kerch et à la construction éventuelle d’un tunnel entre la Russie et à la Crimée. Ce sont là les forces de la Chine moderne : travaux d’infrastructure, routes, chemins de fer, fibre optique, ports, ponts et édifices, autant d’éléments d’infrastructure qu’ils percevaient comme contrepartie occidentale de la Ceinture économique eurasienne et de la Nouvelle route de la soie. Aux yeux de la Chine, l’Ukraine était russe, du moins dans ses régions est et sud. Leurs contrats avec l’Ukraine étaient rédigés en russe et en chinois. Ces contrats et les partenariats diplomatiques étaient une condition sine qua non pour que puisse se réaliser le lien entre le rêve de la Route de la soie eurasienne du président Xi et celui d’Union eurasienne du président Poutine. L’Ukraine jouait un rôle essentiel, car les deux rêves avaient fusionné en un gigantesque concept de développement eurasiatique que devaient soutenir les ressources énergétiques russes et la richesse chinoise.
L’Ukraine devait servir de plaque tournante en direction du nord, de l’ouest, de l’est et du sud de l’Europe. Elle tirait profit du passage des pipelines de gaz vers l’Europe. Elle aurait pu devenir un point de transit très riche. Au lieu de cela, Kiev a choisi le suicide et a commencé à massacrer ses propres citoyens, s’acheminant vers une faillite virtuelle, perdant sa souveraineté et s’enfonçant dans une farce bizarre et zombiesque. L’Ukraine s’est ralliée au fascisme et au nazisme dans la guerre d’usure qu’elle mène contre la nation entière. Jusqu’à présent, et comme on pouvait le prévoir, l’Ukraine perd la guerre qu’elle se livre à elle-même, ce qui est à la fois logique et tragique. Elle est toutefois parvenue à stopper les investissements chinois, à empêcher la réalisation des projets de développement ukrainiens et elle s’interdit de faire affaire avec qui que ce soit n’ayant pas reçu l’autorisation de la Puissance hégémonique. (Tout le monde se souvient de l’affaire des pommes tchécoslovaques, une triste conséquence d’un comportement de vassal similaire de la part des Tchécoslovaques.)
À mesure que les événements prenaient forme à fin de l’hiver dernier, deux choses se sont produites le 23 février 2014: d’une part, Kiev tombait aux mains de tireurs d’élite de la junte et, d’autre part, les jeux Olympiques prenaient fin. Les jeux Olympiques de Sotchi ont connu un succès resplendissant, et ce, malgré la campagne médiatique occidentale sans précédent visant à déprécier au maximum l’actualité. Les médias auraient pu tout aussi bien déclarer que le soleil avait disparu du ciel et que les océans s’étaient asséchés.
Sotchi et Poutine avaient triomphé, sans désastre, sans acte de terrorisme, simplement par la réalisation d’un projet brillant présentant avec superbe la culture et le savoir-faire russes. Par ailleurs, les Russes ont dominé dans les sports d’hiver et ont défait les athlètes américains dans la plupart des disciplines. Depuis, Sotchi a accueilli la course de Formule 1 en août dernier. Les pilotes et les représentants de l’industrie ont déclaré en quittant le stade qu’il s’agissait des meilleures pistes de course au monde. Encore une fois, ce n’est pas le genre de chose que l’on invente. Poutine était sur sa lancée. Plus l’Occident le diabolisait, plus la Russie avait des airs de grandeur, plus la cote de confiance du président augmentait et plus la Chine le désirait comme partenaire, un partenaire de choix.
Le partenariat unique de la Chine
La Chine a conclu près de 58 ententes de partenariat avec différentes nations, ententes regroupées sous diverses catégories. Elle a forgé une nouvelle définition pour sa catégorie suprême, celle qui concerne la Russie :
Partenariat global de collaboration stratégique. Puisque ce partenariat unique formant catégorie à part existe, nous devrions examiner de plus près ce qui s’est produit au cours de l’année 2014, car elle a été extraordinaire à tous points de vue. Elle a donné lieu à un événement évolutif qui ne se limite pas simplement à un mouvement de résistance à la Puissance hégémonique.
La nature offre à une espèce ce dont elle a besoin pour survivre. L’humanité assiste à un tel phénomène avec la relation qui s’établit entre la Chine et la Russie. Pour ma part, j’utilise pour qualifier cette relation le concept de double hélice, simplement parce que c’est une métaphore appropriée, et non parce que tous les aspects biologiques et chimiques propres à l’ADN seraient présents dans cette relation. Mais des similarités existent, et la double hélice décrit bien l’évolution en question.
Pour parvenir à décoder l’ADN de cette relation en double hélice réunissant l’Ours et le Dragon, examinons de plus près les paires de base des molécules de chaque brin. D’abord, il y a les hélices que compose chacun des brins. Ce sont les caractéristiques complémentaires qui permettent le fonctionnement de ce nouveau partenariat génétique. C’est ce que nous devrions normalement évaluer pour décoder l’ADN de toute nation. Certaines présentent des caractéristiques similaires, d’autres moins, mais aucune n’en présente en aussi grand nombre, ou d’aussi essentielles pour lui assurer une croissance et un développement continus, lui permettre de se séparer d’avec la Puissance hégémonique et de se mettre à l’abri des menaces. D’où la double hélice Chine-Russie.
Larchmonter 445
2. Les hélices – Ressources de base, technologies militaires
3. Les hélices – Ressources Financières, autres technologies
4. Politique et alliances
5. L’avenir et les états voisins
3. Les hélices – Ressources Financières, autres technologies
4. Politique et alliances
5. L’avenir et les états voisins
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