18 janvier 2015

Premier Ministre : "je crois que l’histoire d’Israël est un formidable exemple pour le monde entier"


Le Canada et Israël sont les amis les plus proches et les alliés les plus naturels qui soient. Afin de vraiment comprendre cette relation particulière, il faut regarder, au delà du commerce et des institutions, les liens personnels d’amitié et de parenté qui nous unissent.

Les juifs sont présents au Canada depuis plus de 250 ans. Génération après génération, à force de travail acharné et de persévérance – souvent, en partant de rien – ils ont grandement prospéré. Aujourd’hui, près de 350 000 Canadiens ont en commun ces origines et cette foi.

Ils sont de fiers Canadiens, mais, ayant rencontré littéralement des milliers de membres de cette communauté, je puis vous affirmer ceci : Ils sont également immensément fiers de ce que la population d’Israël a accompli, de son courage en temps de guerre, de sa générosité en temps de paix, et de l’oasis qui a surgi du désert sous ses bons soins.

Nous partageons cette fierté, de même que la compréhension du fait que ce qui a été réalisé en Israël l’a été dans l’ombre des horreurs de l’Holocauste – la compréhension du fait que nous avons raison d’appuyer Israël parce que, après des générations de persécutions, le peuple juif mérite sa propre patrie, et mérite de vivre en sécurité et dans la paix dans cette patrie.

Le Canada appuie Israël, fondamentalement, parce que c’est la bonne chose à faire.

Cela, en passant, est une caractéristique toute canadienne : accomplir quelque chose pour aucune raison sauf la conviction qu’il s’agit de ce qu’il convient de faire, même lorsque cela n’entraîne aucune récompense ou ne constitue aucune menace évidente pour nous. À maintes occasions, les Canadiens ont été jusqu’à répandre leur sang et à mourir pour défendre la liberté des autres dans des pays lointains.

Pour être clairs, nous avons également, à l’occasion, commis des erreurs terribles, notamment lorsque notre gouvernement a refusé, dans les années 1930, de soulager la misère des réfugiés juifs. Mais, comme pays, à chaque grand tournant de l’histoire, le Canada a toujours choisi – souvent en le payant cher – de défendre ceux qui s’opposaient à l’injustice et de confronter les forces du mal dans le monde.

La tradition canadienne consiste à prendre parti pour ce qui est juste et conforme aux principes, peu importe si sa position est commode ou populaire. Mais je dirais que le fait d’appuyer l’État juif d’Israël aujourd’hui est plus qu’un impératif moral. C’est également une question d’importance stratégique, qui sert nos intérêts à long terme.

L’amitié particulière qui unit le Canada et Israël prend racine dans des valeurs communes. En effet, Israël est le seul pays du Moyen-Orient à être ancré depuis longtemps dans les idéaux de liberté, de démocratie et de primauté du droit.

Et ces idéaux ne sont pas simplement de vagues notions. Ce sont des idéaux qui, au fil du temps et en dépit de tout, se sont avérés le seul terreau fertile dans lequel les droits de la personne, la stabilité politique et la prospérité économique peuvent s’épanouir.

Ces valeurs ne sont pas exclusives; elles ne sont pas l’apanage d’un seul peuple ou d’un seul pays. Pas plus qu’elles ne constituent une ressource épuisable. Au contraire, plus elles se répandent, plus elles prennent de la vigueur. Et, à l’opposé, lorsqu’elles sont menacées quelque part, elles sont menacées partout.

Et qui menace ces idéaux?

Ou, pour être plus précis, qu’est-ce qui menace aujourd’hui les sociétés qui chérissent de telles valeurs et le progrès qu’elles permettent?

Ces valeurs sont menacées par ceux qui méprisent la modernité, par ceux qui détestent la liberté des autres, et par ceux qui condamnent les différences entre les peuples, les cultures et les religions. Par ceux qui commencent souvent par détester les juifs, mais qui – l’histoire le prouve – finissent par détester tous ceux qui ne sont pas comme eux. Ces forces, qui menacent l’État d’Israël chaque jour depuis sa création et qui, comme les événements du 11 septembre nous l’ont démontré de façon éloquente, nous menacent tous.

Par conséquent, soit nous défendons nos valeurs et nos intérêts en Israël, défendant ainsi l’existence d’un État libre, démocratique et distinctement juif; soit le recul de nos valeurs et de nos intérêts dans le monde s’amorcera.

Tout comme nous refusons de voir nos valeurs reculer, nous devons assumer le devoir de les faire avancer. Notre engagement, en tant que Canadiens, à faire ce qu’il faut, ce qui est équitable et juste, est universel. Il ne s’applique pas moins au peuple palestinien qu’au peuple d’Israël.

Autant nous soutenons sans réserve le droit d’Israël de se défendre, autant le Canada préconise depuis longtemps un avenir juste et sûr pour le peuple palestinien. Je suis convaincu que nous partageons avec Israël l’espoir sincère que la population palestinienne et ses dirigeants choisiront un État palestinien viable, démocratique, engagé à vivre en paix aux côtés de l’État juif d’Israël.

Comme l’a déclaré le Premier ministre Netanyahu, lorsque les Palestiniens feront la paix avec Israël, Israël ne sera pas le dernier pays à accueillir l’État palestinien comme nouveau membre de l’Organisation des Nations Unies. Ce sera le premier.

Malheureusement, nous n’y sommes pas encore, mais lorsque ce jour viendra, et il faut qu’il vienne, je peux vous dire qu’Israël sera peut-être le premier pays à accueillir un État palestinien souverain, mais le Canada sera juste derrière lui.

Cependant, même un appui ferme ne signifie pas que des alliés ou des amis s’entendent sur tout, tout le temps. Aucun État n’est à l’abri des questionnements ou des critiques. En effet, Israël, à titre d’État démocratique, a fait de ces critiques un élément de sa vie nationale.

Mais notre appui a au moins trois significations.

Premièrement, le Canada trouve déplorable que certains membres de la communauté internationale remettent encore en question la légitimité de l’existence de l’État d’Israël. Notre point de vue sur le droit à l’existence d’Israël en tant qu’État juif est absolu et non négociable.

Deuxièmement, le Canada est convaincu qu’Israël devrait pouvoir exercer ses pleins droits d’État membre de l’ONU et profiter de sa souveraineté dans toute sa mesure. C’est pourquoi le Canada a appuyé à de nombreuses occasions la participation d’Israël et son traitement à titre égal au sein de multiples instances multilatérales.

Troisièmement, nous refusons d’isoler l’État d’Israël sur la scène internationale en lui adressant des reproches à lui seul.

Dans le monde de la diplomatie, avec un État juif à l’écart de tant d’autres, il est très facile de vouloir faire comme les autres pour se faire accepter et d’isoler Israël. Mais une telle approche n’est ni une approche équilibrée, ni une approche élégante. C’est tout simplement une approche qui dénote de la faiblesse et qui n’est pas la bonne.
Malheureusement, nous vivons aujourd’hui dans un monde où couve ce genre de relativisme moral. Et ce relativisme moral est un terrain fertile pour planter une notion encore beaucoup plus sinistre. Comme nous en avons été témoins au cours des dernières années, la vieille maladie de l’antisémitisme est en train de muter.

Nous connaissons tous le vieil antisémitisme. Il était fait de cruauté et d’indifférence et il a donné lieu aux horreurs des camps de la mort. Naturellement, il existe encore dans de nombreux coins sombres.

Mais dans une grande partie du monde occidental, la haine s’exprime maintenant de manière plus subtile en société.
Des gens qui ne diraient jamais qu’ils détestent les Juifs ou qui ne leur imputeraient jamais leurs propres échecs ou les problèmes du monde déclarent plutôt détester Israël et imputent au seul État juif les problèmes du Moyen-Orient.

C’est le visage du nouvel antisémitisme. Il vise le peuple juif en prétendant viser Israël et cherche à rendre l’ancienne bigoterie acceptable pour la nouvelle génération.
Une critique visant la politique du gouvernement israélien n’est pas nécessairement antisémite en soi. Mais comment qualifier autrement la condamnation sélective du seul État juif, qui revient en fait à nier son droit à l’existence, à se défendre, qui ignore systématiquement ou excuse la violence et l’oppression qui s’exercent autour de lui ?

Que dire d’autre quand l’État d’Israël est régulièrement isolé, visé aux Nations Unies et quand Israël reste le seul pays à faire l’objet d’un point permanent à l’ordre du jour des séances ordinaires du Conseil des droits de l’homme ?

Toute évaluation, tout jugement visant les actions d’Israël doit faire l’objet de la mise en contexte suivante : Depuis les soixante-cinq années d’existence de l’État moderne d’Israël en tant que nation, les israéliens ont enduré d’innombrables attaques et calomnies et n’ont pas eu une seule journée de véritable paix.

Les Israéliens ont à vivre en fonction d’un raisonnement impossible. S’ils se défendent, ils ne cessent d’être condamnés encore et encore. Mais s’ils n’agissent pas, ils seront les seuls à souffrir des conséquences de leur inaction.

Et ces conséquences seront sans appel. Ce sera leur destruction.

Je crois que l’histoire d’Israël est un formidable exemple pour le monde entier. Il s’agit essentiellement de l’histoire de gens qui ont réagi à la souffrance en surmontant leur ressentiment et en construisant une société des plus extraordinaires – une démocratie dynamique, un pays épris de liberté.

À partir de leur mémoire collective de la mort et de la persécution, les Israéliens ont construit une société optimiste, tournée vers l’avenir, où la vie est si importante qu’il leur arrive de libérer un millier de criminels et de terroristes pour sauver l’un de leurs citoyens.

Dans la famille des pays démocratiques, Israël représente des valeurs que notre gouvernement considère comme des articles de foi et comme des principes qui régissent la vie de notre propre nation. Donc, que ce soit face au feu ou à l’eau, le Canada se tiendra aux côtés d’Israël.

Adapté du discours historique du Premier ministre prononcé devant la Knesset israélienne le 20 janvier 2014

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