04 juillet 2014

Sécheresse en Californie : 4 000 privilégiés ont accès à une eau gratuite et illimitée...


 
La sécheresse qui ravage la Californie pour la troisième année consécutive est telle que les rivières sont au plus bas, de nombreux champs du "grenier des Etats-Unis" ont dû être mis en jachère et des restrictions ont été imposées aux particuliers.
Cette situation extrême pourrait coûter 1,7 milliard de dollars au secteur agricole de l'Etat et mettre sur la paille 14500 emplois selon une étude de l'université de Californie. Pourtant, dans cette guerre de l'eau, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Des lois datant de plus d'un siècle, quand l'eau coulait à flot, permettent à près de 4 000 entreprises, exploitations agricoles et particuliers de consommer l'or bleu gratuitement et presque sans contrôle, d'après une enquête menée par l'agence de presse américaine Associated Press (AP).

Ces privilégiés, dont des grandes entreprises (Pacific Gas & Electric Co.) et même des administrations (telles que le San Francisco Public Utilities Commission) engloutissent plusieurs milliers de milliards de litres chaque année et détiennent plus de la moitié des droits d'usage des rivières et des ruisseaux en Californie, selon les deux journalistes Jason Dearen et Garance Burke, qui ont pu consulter les relevés de consommation consignés par la Commission de contrôle des ressources en eau de l’État.

Mais il reste impossible de tracer plus précisément cette consommation tant le système de l'eau, vieillot, est basé sur des auto-déclarations incomplètes, truffées d'erreurs et présentant souvent des années de retard (l'Etat collecte les données seulement tous les trois ans). "Nous ne savons pas combien d'eau ils utilisent réellement", reconnaît Bob Rinker, un directeur de la Commission de contrôle.

Ce système désuet, qui empêche la Californie d'allouer les ressources en eau là où elles sont le plus nécessaires, date du XIXe siècle. A l'époque de la ruée vers l'or, la Californie avait mis sur pied des lois récompensant les premiers à demander des droits et un accès aux abondants rivières et ruisseaux de la région. Leurs descendants jouissent toujours de ces privilèges.

Tom Howard, le directeur exécutif de la commission, a reconnu auprès des journalistes d'AP que l’État devrait mieux surveiller l'utilisation de l'eau, notamment par un suivi des consommations en temps réel. Mais il refuse de mettre fin au régime spécial pour des raisons économiques. Et de questionner : "Des gens ont investi dans les villes et les terres sur la base de promesses d'un approvisionnement sûr en eau. Devons-nous les remettre en cause ?"

Audrey Garric
Source 


Citation de Jean-Marc Jancovici, septembre 2013 :

""Il est évident que ce genre de transition dans un monde de 7 milliards d'hommes sédentaires se terminera par tout, sauf la joie et la bonne humeur. Ca sera un monde violent et chaotique. Donc quand le GIEC qui va publier son cinquième rapport d'évaluation dans trois jours va vous dire : "On risque quelques degrés supplémentaires", en gros, moi, je vous le traduis avec le langage de tous les jours : "On risque la guerre" . Voilà ce qu'on risque. Mais pas avec les gens du Bangladesh, non, non : avec nos voisins. Entre nous-mêmes. Parce que la compétition pour les ressources deviendra trop forte pour que la démocratie y résiste."" 

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