Les correspondants du Financial Times à Beijing rapportent les 24 et 27 juin avec un certain agacement la nouvelle suivante :
La Chine élargit ses plans pour établir une institution financière capable de rivaliser avec la Banque mondiale et la Banque de développement asiatique. (…) Dans ses rencontres avec d’autres capitales, Beijing a proposé, selon deux sources familières avec le projet, de doubler la taille du capital souscrit de la future banque à 100 milliards de dollars. 22 pays au total, incluant de riches états du Moyen-Orient, appelé Asie de l’Ouest en Chine, se sont montrés jusqu’ici intéressés par le projet, qui devrait prendre le nom de Banque asiatique pour l’investissement dans l’infrastructure (AIIB). Elle devrait d’abord se concentrer sur la construction d’une nouvelle version de la route de la soie, l’ancienne route commerciale qui a autrefois relié l’Europe à la Chine.
La plupart des fonds de la banque devraient être avancés par la Chine, et dépensés pour des projets d’infrastructure dans toute la région, notamment une liaison ferroviaire directe reliant Beijing à Bagdad.
Même si la date du voyage de Xi en Corée (les 3 et 4 juillet) était en principe connue depuis un certain temps déjà, elle n’a été confirmée par les gouvernements chinois et sud-coréen que vendredi dernier. Le quotidien sud-coréen Joongang Daily révèle que la raison de ce délai est que Séoul a subi de fortes pressions de la part de Washington pour ne pas participer au projet, l’administration Obama n’étant pas très favorable à la naissance de l’AIIB.
Le gouvernement chinois avait demandé que la Corée annonce sa décision de se joindre à l’institution au cours de la visite de Xi Jinping à Séoul le 3 juillet. Washington avait demandé quelques semaines plus tôt à son ambassade à Séoul de faire comprendre que les Etats-Unis sont très préoccupés de voir la Corée du Sud se joindre à l’AIIB. Le Chine utilisera très probablement la banque, selon Washington, à des objectifs politiques et si la Corée s’y joint, sa crédibilité en tant qu’allié américain en sera affectée, selon ce que rapporte le Joongang Daily.
Le barrage des trois gorges, au moment de sa construction. Crédit : wikicommons
« L’objectif politique » tant redouté par Washington est la perte d’hégémonie d’un système financier occidental en perdition, au profit d’un ordre mondial basé sur l’Eurasie. « Les Etats-Unis, même s’ils exprimaient une certaine préoccupation, n’avaient pas encore pris position sur la décision coréenne », affirme un responsable coréen sous couvert d’anonymat. « Mais la situation a changé rapidement en juin, [mettant la Corée du Sud] dans une situation difficile, car prendre position pour l’un peut endommager les relations avec l’autre. »
L’AIIB est une institution visant à créer un nouvel ordre financier international. Les pays qui ont été approchés pour y participer sont principalement des amis de la Chine, notamment ceux qui sont déjà membres de l’ASEAN (Association des pays du Sud-est asiatique), ainsi que le Pakistan et le Sri Lanka.
Selon le Financial Times, « Beijing espère que la banque sera sur pied et opérationnelle avant la fin de l’année, et a nommé Jin Liqun, l’ancien président du conseil de supervision du fond souverain chinois Citic et un ancien vice-président d’ADB, pour la mettre en place. M. Jin a recruté deux douzaines de collaborateurs auprès de d’institutions financières comme la Bank of China et Citic. »
La participation de la Corée du Sud, un poids lourd sur le plan économique, accroîtrait significativement la crédibilité de l’AIIB. La banque semble s’inscrire dans les plans de développement et de financement à long terme de la Corée du Sud. Sa présidente, Park Geun-hye, souhaite créer à long-terme une banque pour l’Asie du Nord-est.
Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a pour sa part déclaré à la presse à Washington le 27 juin qu’il voyait d’un bon œil la proposition chinoise et qu’il souhaite coopérer avec l’AIIB. Le ministre chinois des Finances Lu Jiwei a répondu qu’il souhaite lui aussi une telle coopération.
La Banque mondiale, dotée d’un capital de 165 milliards de dollars, consacre la majeure partie de ses prêts à des projets de « préservation de l’environnement » et de « lutte contre la pauvreté ». Seuls quelque 10 milliards de dollars sont investis chaque année dans l’infrastructure, bien que la banque évalue les besoins en infrastructure, rien que pour l’Asie, à plus de 800 milliards de dollars par an d’ici à 2020...
Solidarité et Progrès
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« L’objectif politique » tant redouté par Washington est la perte d’hégémonie d’un système financier occidental en perdition, au profit d’un ordre mondial basé sur l’Eurasie. « Les Etats-Unis, même s’ils exprimaient une certaine préoccupation, n’avaient pas encore pris position sur la décision coréenne », affirme un responsable coréen sous couvert d’anonymat. « Mais la situation a changé rapidement en juin, [mettant la Corée du Sud] dans une situation difficile, car prendre position pour l’un peut endommager les relations avec l’autre. »
L’AIIB est une institution visant à créer un nouvel ordre financier international. Les pays qui ont été approchés pour y participer sont principalement des amis de la Chine, notamment ceux qui sont déjà membres de l’ASEAN (Association des pays du Sud-est asiatique), ainsi que le Pakistan et le Sri Lanka.
Selon le Financial Times, « Beijing espère que la banque sera sur pied et opérationnelle avant la fin de l’année, et a nommé Jin Liqun, l’ancien président du conseil de supervision du fond souverain chinois Citic et un ancien vice-président d’ADB, pour la mettre en place. M. Jin a recruté deux douzaines de collaborateurs auprès de d’institutions financières comme la Bank of China et Citic. »
La participation de la Corée du Sud, un poids lourd sur le plan économique, accroîtrait significativement la crédibilité de l’AIIB. La banque semble s’inscrire dans les plans de développement et de financement à long terme de la Corée du Sud. Sa présidente, Park Geun-hye, souhaite créer à long-terme une banque pour l’Asie du Nord-est.
Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a pour sa part déclaré à la presse à Washington le 27 juin qu’il voyait d’un bon œil la proposition chinoise et qu’il souhaite coopérer avec l’AIIB. Le ministre chinois des Finances Lu Jiwei a répondu qu’il souhaite lui aussi une telle coopération.
La Banque mondiale, dotée d’un capital de 165 milliards de dollars, consacre la majeure partie de ses prêts à des projets de « préservation de l’environnement » et de « lutte contre la pauvreté ». Seuls quelque 10 milliards de dollars sont investis chaque année dans l’infrastructure, bien que la banque évalue les besoins en infrastructure, rien que pour l’Asie, à plus de 800 milliards de dollars par an d’ici à 2020...
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