L’armée israélienne a annoncé mercredi avoir appelé 100 000 habitants du nord de la bande de Gaza à évacuer leur domicile, après avoir promis d’intensifier son offensive au lendemain de l’échec d’un cessez-le-feu. «Environ 100 000 personnes» ont reçu des messages pour évacuer leur domicile, selon des sources militaires.
Ces appels concernent les habitants de Zeitoun, Choujaiya et Beit Lahiya, qui ont reçu des appels téléphoniques enregistrés, des sms et des tracts, a précisé l’armée dans un communiqué. Des correspondants de l’AFP ont vu ces tracts largués sur Zeitoun, au sud-est de la ville de Gaza. «En dépit du cessez-le-feu, le Hamas et d’autres organisations terroristes ont continué à tirer des roquettes», dont un grand nombre provenait de ces trois zones, annoncent les messages envoyés, selon l’armée.
«Pour votre propre sécurité, il vous est demandé d’évacuer votre domicile immédiatement et de vous rendre à Gaza» avant mercredi 8 heures (7 heures en France), ajoutent-ils en assurant que l’armée ne «veut pas faire de mal» aux habitants de ces villes. Dimanche, des messages similaires avaient déjà été envoyés à Beit Lahiya, poussant plus de 17 000 habitants à trouver refuge dans les écoles de l’ONU. Les frappes annoncées comme «sans précédent» n’avaient finalement pas eu lieu.
Dans la nuit de mardi à mercredi, Israël a bombardé les domiciles de plusieurs responsables du Hamas dans la bande de Gaza, conformément à sa promesse d’intensifier ses raids après le rejet d’une trêve par le mouvement islamiste.
Au neuvième jour de l’opération «Bordure protectrice», les avions de combat israélien ont visé à Gaza City l’habitation de Mahmoud al-Zahar, touchée par au moins deux missiles mais vide au moment des frappes, et celle de Bassem Naim. Les frappes israéliennes ont aussi touché les habitations de l’ancien ministre de la Santé Fathi Hammad et du député du Hamas Ismail al-Ashqar, à Jabalia (nord).
Israël avait affirmé mardi n’avoir «d’autre choix» que d’intensifier ses raids sur Gaza après le rejet d’une trêve par le Hamas, le conflit semblant alors sans issue malgré la mort de plus de 200 Palestiniens et pour la première fois d’un Israélien. Israël avait repris ses raids mardi après-midi sur l’enclave palestinienne, en réponse à des dizaines de tirs «aveugles» de roquettes du Hamas, dont deux ont été détruites en vol au-dessus de Tel-Aviv.
«Une solution diplomatique aurait été meilleure, c’est ce que nous avons essayé de faire lorsque nous avons accepté la proposition de trêve de l’Égypte. Mais le Hamas ne nous a pas laissé d’autre choix que d’étendre et d’intensifier notre campagne contre lui», a affirmé le Premier ministre Benyamin Nétanyahou.
Largage de tracts appelant les civils à quitter leurs foyers, au-dessus de la ville de Gaza le matin du 16 juillet. (Photo Thomas Coex. AFP)
Premier mort israélien
Sa déclaration a coïncidé avec l’annonce de la mort d’un Israélien par un tir de roquette au passage d’Erez entre Israël et Gaza, la première victime israélienne depuis le début le 8 juillet de l’offensive aérienne contre Gaza et l’intensification des tirs palestiniens. Selon les secours israéliens, ce civil de 37 ans, Dror Hanin, originaire de la colonie de Beit Aryeh en Cisjordanie, était venu distribuer de la nourriture aux soldats postés dans le secteur. Dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, un Palestinien a été tué mercredi matin par un tir de char israélien à Khan Yunis, portant à 203 le nombre de Palestiniens tués, dont une grande majorité de civils, en huit jours de conflit. Près de 1 500 ont été blessés.
Israël n’a pas pour autant encore déclenché d’opération terrestre bien que l’armée ait ostensiblement déployé des troupes d’infanterie et des chars aux abords de Gaza, mobilisant 40 000 réservistes en vue d’une éventuelle invasion, une option qui risque d’être coûteuse en vies humaines. Le Hamas, considéré par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne comme une «organisation terroriste», a expliqué son rejet de l’initiative égyptienne en affirmant n’en avoir eu connaissance que par les médias.
Pour ce mouvement, aucune trêve n’est envisageable sans un accord global sur la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l’ouverture du poste-frontière avec l’Égypte et la libération de détenus. Dans la journée de mardi, plus de 100 roquettes et obus ont encore atteint Israël, dont l’une a visé la région de Haïfa, à 160 km au nord de Gaza. En huit jours, 960 projectiles ont touché Israël selon l’armée.
«Miséricorde de Dieu»
Les Occidentaux tentent de trouver un moyen d’enrayer le conflit, sans succès pour le moment tout en se rangeant derrière la proposition du Caire, à l’instar du chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier en visite en Israël. Son homologue italienne Federica Mogherini, dont le pays préside l’UE, est aussi en Israël. La France a souligné soutenir «un cessez-le-feu immédiat», alors que le secrétaire d’État américain John Kerry, qui s’est entretenu par téléphone avec Nétanyahou et d’autres dirigeants de la région, s’est dit prêt à retourner immédiatement dans la région si cela pouvait aider toutes les parties à signer un cessez-le-feu. Très en retrait dans cette crise, le président palestinien Mahmoud Abbas doit se rendre en Egypte puis en Turquie, pays allié du Hamas.
La nouvelle spirale de violences a été enclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas qui a nié, suivis de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois extrémistes juifs doivent être inculpés. Témoignant du désespoir, Souheir al-Hossari, 44 ans, dont l’habitation a été détruite par un tir israélien, raconte avoir tout perdu. «Le repas qu’on avait préparé pour la rupture du jeûne du ramadan est sous les décombres de ma maison. Je vais rester là maintenant à ciel ouvert en me reposant sur la miséricorde de Dieu.»
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