Ce sont ces gens qui huent Ron Paul quand il leur rappelle que l'une de leurs conventions est que Jésus est connu comme « le Prince de la paix ». Ce sont ces gens qui sont devenus quasi-hystériques (et haineux) lorsque Ron Paul a cité la mise en garde biblique « Vie par l'épée, meurs par l'épée », en réponse à une question sur un sniper de l'armée étasunienne qui a écrit un livre vantant le meurtre de centaines d'Iraquiens, après quoi il fut assassiné quand il est retourné à la vie civile.
Ce sont ces gens dont les églises sont jonchées de gigantesques drapeaux étasuniens éclipsant les icônes chrétiennes : qui demandent habituellement à quiconque possédant un uniforme de le porter à l'église : qui chantent les hymnes de guerre de l'État à leurs offices : qui détournent les aumônes du dimanche des pauvres et des nécessiteux de leurs communautés pour les envoyer à des bureaucrates militaires surpayés à outrance ; et qui n'arrêtent jamais de remercier, remercier, remercier et remercier les « soldats » pour leur « service », à savoir assassiner des étrangers et bombarder et détruire leurs villes - quand ce n'est pas leur société entière - lors des guerres à l'étranger, agressives et non-défensives de l'État.
D'où vient cette véritable « religion » non-chrétienne de violence ? La réponse à cette question est qu'elle s'est d'abord développée chez une partie des « Yankees » néo-puritains de Nouvelle-Angleterre au début et au milieu du dix-neuvième siècle. Elle a atteint son zénith dans les années 1860 lorsque les Yankees de nouvelle Angleterre ont finalement eu le contrôle de l'entier gouvernement fédéral, ont mené une guerre totale contre la population civile d'une bonne partie de leur propre pays, assassinant en masse des compagnons américains par centaines de milliers, et ensuite chantant une chanson « religieuse » qui décrivait tout cela comme « la gloire de la venue du Seigneur ».
Comme Murray Rothbard les décrit dans son essai, «Just War » :
La force motrice du Nord, les « Yankees » - ce groupe ethnoculturel qui vivait aussi bien en Nouvelle-Angleterre ou qui a migré de là pour aller vers New York, le nord et l'est de l'Ohio, le nord de l'Indiana et le nord de l'Illinois - a été balayé par... un néo-puritanisme fanatique et émotionnel mené par un fervent « post-millénarisme » qui pose comme condition préalable à la Seconde venue de Jésus Christ, que l'homme doit établir un Royaume de Dieu sur Terre de mille ans. Le Royaume doit être une société parfaite. Afin d'être parfait, bien entendu, ce Royaume doit être exempt de péchés... Si vous ne vous affranchissez pas du péché par la force, vous ne serez vous-même pas sauvés.
C'est pourquoi Rothbard écrivit : « la guerre du Nord contre l'esclavage relevait d'une ferveur millénariste fanatique, d'un joyeux empressement à déraciner les institutions, de semer la pagaille et de commettre le meurtre de masse, de piller, mettre à sac et détruire, le tout au nom d'un haut principe moral ». C'était des " humanitaires avec la guillotine ", les Jacobins, les Bolcheviques de leur temps. »
Clyde Wilson décrivit ces zélotes néo-puritains d'une façon similaire dans son essai : « The Yankee Problem in America »
L'abolitionnisme, en dépit de ce qui a été dit plus tard, n'était pas basé sur la sympathie envers le peuple noir ni sur un idéal des droits naturels. Il était basé sur la conviction hystérique que les propriétaires d'esclaves du Sud étaient des pécheurs malfaisants qui se tenaient en travers du chemin de l'accomplissement de l'Amérique, sa mission directrice d'établir le Paradis sur Terre... De nombreux abolitionnistes s'attendaient à ce que les Blancs et Noirs malfaisants du Sud disparaissent et que le pays soit repeuplé par de vertueux Yankees » (Emphase ajoutée)
Bien sûr, l'icône littéraire des Yankees de Nouvelle-Angleterre, Ralph Waldo Emerson, a un jour prédit que le peuple noir, étant une race « inférieure », allait bientôt mourir et « suivre le chemin des oiseaux Dodo ».
Le fameux romancier et historien Thomas Fleming, l'auteur de plus de cinquante livres, soutient Rothbard et Wilson dans son dernier ouvrage, A Disease in the Public Mind. La raison principale de pourquoi il y eu une « guerre civile », et pourquoi les États-Unis étaient le seul pays à ne pas mettre fin à l'esclavage pacifiquement au dix-neuvième siècle, écrit Fleming, est double : Premièrement, il y avait une « envie malveillante » des Sudistes envers la partie Yankee de Nouvelle-Angleterre, qui ont toujours cru qu'ils étaient le peuple élu de Dieu et devaient donc dominer le gouvernement AMÉRICAIN, si ce n'était le monde. Deuxièmement, plusieurs douzaines des abolitionnistes les plus riches et influents avaient abandonné la chrétienté, condamné Jésus Christ, et adopté une étrange « religion » de violence basée sur les paroles et les actes de leur idole et mentor, le malade mental John Brown, se décrivant lui-même comme communiste et meurtrier de masse, qu'ils proclamèrent comme leur vrai « sauveur ».
John Brown « descendait des puritains », écrit Fleming, et était « la personnification d'un puritain ». Il est devenu un « dieu » pour influencer les Yankees de Nouvelle-Angleterre comme Ralph Waldo Emerson, qui appela Brown « ce nouveau saint » qui « rendrait les potences aussi glorieuses que la croix ». Emerson louait Brown pour avoir assassiné un homme et ses deux fils devant leur mère au Kansas. Les hommes n'étaient pas des propriétaires d'esclaves : Brown disait qu'il voulait « semer la terreur dans les cœurs des pro-esclavagistes » en commettant ces meurtres. Il suivait l'intention de Harper Ferry de répéter les crimes chez les nègres.
Henry David Thoreau écrivit que « Brown était Jésus » et « L'homme le plus humaniste et courageux du pays » (en des termes qui vaudraient à n'importe quel étudiant anglais du secondaire un F[2]). William Lloyd Garrison était un autre idolâtre de John Brown, tout comme son compatriote abolitionniste Henry C. Wright, qui déclara que Jésus Christ était « un échec mort » et que « John Brown serait un pouvoir bien plus efficace que le Christ ».
Ces « géants » littéraires, et bien d'autres pamphlétaires Yankees de Nouvelle-Angleterre menèrent une guerre haineuse longue de plusieurs décennies contre tous les Sudistes qui était si scandaleuse que Fleming les compare aux anciennes croisades puritaines de nouvelle Angleterre comme celle des procès (et meurtres) des sorcières de Salem au Massachusetts. Alors il n'est guère étonnant que les Sudistes en 1861 ne souhaitèrent pas rester unis à des États tels que le Massachusetts et ces cinglés néo-puritains de brûleurs de « sorcières », adorateurs de la violence, qui condamnaient le Christ et par-dessus le marché, étaient fichtrement résolus à les mettre à sac par des tarifs hautement protectionnistes.
La glorification de la guerre, de la violence, et du meurtre de masse au nom de la « religion » étaient vraiment répandue dans les journaux de Nouvelle-Angleterre à la veille et au début de la Guerre pour empêcher l'indépendance du Sud. Tout est étrangement similaire à l'adoration présente de toute sorte de choses militaires par les warvangelicals (et les complices néocons qui utilisent les fils et les filles des warvangelicals comme chair à canon dans leurs guerres agressives et non-défensives).
Par exemple, le 26 avril 1861, le Providence Daily Journal (Rhode Island) a publié que « À aucune période de l'histoire de ce pays, sauf durant révolution... il n'y a eu autant de joie et de gloire à donner sa vie ». L'éditorial se référait à l'invasion des États du Sud comme « le devoir sacré mais glorieux auquel les Cieux appellent à présent. » Les jeunes gens devaient être « fiers » de « mourir » pour la sainte cause qui réclame votre service », écrivit le vieil homme du journal de Rhode Island, démontrant que Dick Cheney, Rush Limbaugh, Sean Hannity, et William Kristol n'étaient pas les premiers « chickenhawks[3]» aux États-Unis. Aucune mention n'a été faite au fait que l'esclavage pouvait être une des raisons de l'invasion des États du Sud.
Le 27 avril 1861, le Buffalo Daily Courier écrivit que « Nous ne croyons pas qu'il puisse y avoir un homme... qui ne remercie Dieu de vivre pour voir ce jour. » La guerre, dit le journal new-yorkais Buffalo, a été menée dans le but de préserver « le caractère sacré du gouvernement » (emphase ajoutée). Et « la chrétienté du pays est revitalisée dans la prière qui s'élève d'un autel commun jusqu'au Dieu des batailles... » Encore une fois, il n'y avait aucune prétention que la guerre n'avait quelque chose à voir avec la libération d'aucun esclave.
Le 29 avril 1861, le New York Herald débitait que « sans la guerre la société deviendrait stagnante et corrompue ». Le journal se lamentait sur le fait que « Pendant un demi-siècle il n'y avait eu aucune guerre sur ce sol » et louait « les hommes d'État d'Europe » pour provoquer des guerres plus fréquemment que les étasuniens. « La cause principale de la présente guerre, disait le New York Herald, était une excessive prospérité. ». Les étasuniens étaient « trop heureux et trop riches », disaient les New-yorkais néo-puritains, qui détestaient le bonheur. La guerre allait heureusement renverser cette situation, disaient-ils.
Le Philadelphia North American et l'United States Gazette carillonnaient le 6 mai 1861, que la guerre « élève » soi-disant « le standard du caractère national, purifie l'atmosphère morale, et chasse la corruption grandissante, l'avarice, et le manque de principe qu'une paix longue et la prospérité sont capables d'engendrer ». La guerre établira finalement la supériorité des Yankees sur les Sudistes, déclarait le journal dans la Ville de l'Amour fraternel : « Quand cette guerre prendra fin, l'homme du nord sera reconnu pour ce qu'il est - le véritable fondateur de notre gloire et grandeur nationales ». ( De nouveau, aucune mention d'esclave ou d'esclavage, juste celle d'un empire et d'une « grandeur nationale ».)
L'église des États du Nord « a presque unanimement été en faveur d'une vigoureuse poursuite de la guerre présente », déclara le Boston Evening Transcript le 10 mai 1861. Prétendant parler au nom de « l'Église » nordiste, les éditorialistes du Boston proclamèrent que « Il n'y a pas une parole dans le Nouveau Testament qui interdise "la formation d'une armée de cent mille hommes " pour annihiler Jefferson Davis et sa bande de canailles. »
Les Bostoniens disaient qu'une telle campagne de meurtres de masse serait justifiée par la parole biblique « Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », le cri de ralliement des warvangelicals des temps modernes. « Cette nécessité implique l'utilisation de la force », disaient-ils. Et de plus, « en rendant à Abraham Lincoln, qui est notre César, les choses qui sont à Abraham Lincoln, nous obéissons au commandement divin » (emphase de notre fait). Aucune mention de l'esclavage là aussi.
Le Springfield (Mass.) Daily Republican était tout aussi assoiffé de sang lorsqu'il écrivit le 7 mai 1861, que « Nous ne pouvons rien imaginer de plus sublime qu'un grand peuple partant en guerre de façon unie. » Le journal dénonçait le mouvement de paix mené par les Quakers comme étant « niais » et déclara que le motif de l'invasion du Sud était « cet esprit de noble dévotion chrétienne envers le drapeau du pays », que le journal appelait « le drapeau national sacré » (emphase de notre fait). Pas de mention de l'esclavage, uniquement la « sacralité » des symboles de l'État comme cause de la guerre.
Le Dubuque (Iowa) Daily Times informa ses lecteurs le 28 mai 1861 que les Sudistes n'étaient pas un peuple religieux (« Nous suspectons les traîtres d'avoir peu de précieuses rencontres religieuses ») et avertissait les Sudistes des périls de s'opposer à « une armée d'hommes pleine de courage chrétien (sic), avec Dieu et le Droit pour mots d'ordre... » Pas de mention de l'esclavage ici, non plus.
Le véritable but de la guerre, annonça le Albany (New York) EveningJournal le 1er juin 1861, était d'avertir le reste de la « chrétienté » de la domination à venir de l'Empire américain. « Si nous arrivons à convaincre le monde que nous avons un gouvernement suffisamment fort, vigoureux et déterminé, pour dépasser toutes les ligues et les attaques ; tant les conspirations de l'intérieur que les invasions de l'extérieur ; si nous parvenons à impressionner la chrétienté avec la conviction que notre Empire de l'ouest est bâti sur un roc, qu'aucune convulsion ne peut secouer, ni aucune tempête miner - si nous parvenons à accomplir cela, et le faire effectivement, la guerre, peu importe combien sa durée soit longue ou désespérée, sera l'entreprise la moins coûteuse dans laquelle la nation se sera jamais embarquée. » Bien plus, « chaque goutte de sang versé » et « chaque dollar dépensé » va « fructifier en bénédictions futures ». Aucune mention de l'esclavage (tous ces éditoriaux peuvent être trouvés chez Howard Cecil Perkins, éditeur, Northern Editorials on Secession (Glouchester, Mass: Peter Smith, 1964), pp. 1063-1097).
Lincoln lui-même n'est jamais devenu un chrétien, selon deux personnes qui étaient proches de lui - sa femme et son associé du barreau de longue date William Herndon. Mais la vieille machine politique de l'Illinois que H.L. Mencken comparait à un politicien de Tammany[4] était néanmoins très habile, pour ne pas dire magistrale, dans son utilisation de la rhétorique religieuse dans ses discours politiques. Comme Charles Adams l'a noté dans When in the Course of Human Events, « Le complexe de Jéhova de Lincoln donnait à la guerre un fatalisme calviniste psychopathique, avec Dieu [soi-disant] dirigeant toute l'affaire et punissant tant le Nord que le Sud de tolérer l'esclavage ». (Lincoln n'a jamais tenté d'expliquer pourquoi Dieu n'avait pas puni aussi les Britanniques, les Français, les Espagnols, les Danois, les Hollandais, les Portugais, et les Suédois pour l'esclavage. Ou les propriétaires d'esclaves noirs affranchis aux États-Unis, pour ce fait.) Le massacre de centaines de milliers de jeunes hommes, l'abominable tuerie de femmes civiles, d'enfants et de vieillards, le vol massif de propriétés privées dans le Sud, et le bombardement et l'incendie de villes et villages entiers continueraient, disait Lincoln, jusqu'à ce que Dieu en décide autrement. « Pas même les plus fous parmi les fanatiques religieux n'ont jamais prononcés de paroles équivalentes à celles de Lincoln dans son second discours d'investiture », écrivit Adams. (Le second discours d'investiture de Lincoln est celui où il se déchargea de toute responsabilité concernant la guerre et rejeta le blâme sur Dieu. La guerre est juste « arrivée », disait-il, de nulle part et sans qu'il le sache ou y participe).
Cela vaut-il la peine de mentionner que tous ces éditoriaux à propos de la guerre menée sous le « drapeau sacré » sont cohérents avec ce qu'écrivit l'idole de Lincoln James McPherson dans son livre What They Fought For: 1861-1865. Après avoir lu des centaines de lettres domestiques et journaux intimes des soldats de la « Guerre civile » des deux côtés du conflit, McPherson conclut que le soldat Yankee moyen croyait se battre pour « le drapeau », tandis que le grognard moyen confédéré croyait qu'il se battait contre un gouvernement tyrannique qui avait envahi son pays, bombardé sa ville, et menaçait de blesser sa famille.
Ayant conquis les « péchés » du sécessionnisme, du fédéralisme, des États de droit, et du Jeffersonisme, la génération du début du vingtième siècle des humanitaires étasuniens avec une guillotine entreprend d'utiliser le pouvoir coercitif du gouvernement pour (soi-disant) éradiquer encore plus de « péchés » dans le monde, tout particulièrement le catholicisme et la consommation d'alcool. Ils voyaient la participation des étasuniens à la Première Guerre mondiale comme le projet d'une grande démonstration : comment le paradis sur Terre pouvait être atteint à travers un Grand Gouvernement. Comme l'a noté Murray Rothbard dans son essai, « La Première Guerre mondiale comme un accomplissement : le pouvoir et les intellectuels, les va-t-en-guerre " religieux " de la génération de la Première Guerre mondiale étaient animés par un " protestantisme piétiste et post-millénariste qui a conquis les régions 'Yankees' du protestantisme nordiste dans les années 1830 et a obligé les piétistes à utiliser les gouvernements locaux, d'État et finalement les gouvernements fédéraux pour éradiquer le ' péché ', rendre l'Amérique et en fin de compte, le monde saint, et ainsi apporter le Royaume de Dieu sur Terre." Ils étaient " des piétistes post-millénaristes messianiques dévoués ou d'autres anciens piétistes, nés dans des foyers profondément piétistes, qui... possédaient une croyance messianique intense en la sauvegarde du monde et de la nation à travers un Grand Gouvernement". »
Une illustration de cette philosophie folle et meurtrière, offerte par Rothbard, est une lettre de félicitations à Woodrow Wilson par son beau-fils, William Gibbs McAdoo, un compagnon piétiste « progressiste » et Secrétaire du trésor, pour avoir plongé les États-Unis dans la guerre européenne. « Vous avez accompli avec noblesse un grand travail ! », écrivit McAdoo. « Je crois fermement que c'est la volonté de Dieu que l'Amérique doit rendre ce service transcendant à l'humanité dans le monde entier et que vous êtes choisi pour être Son instrument. » Il y eu plus de seize millions de morts lors de la Première Guerre mondiale, incluant quelque sept millions de civils.
Un tel fanatisme « religieux » a fourni une sorte de « couverture » morale pour l'industrie de l'armement et ceux qui ont soutenu (et soutiennent) la guerre pour d'uniques raisons monétaires. Certaines choses ne changent jamais.
Notes :
[1] NDT Jeu de mots entre « war » - guerre - et « evangelical » - évangélique que l'on pourrait traduire par « va-t-en-guerre évangéliques »
[2] F étant l'équivalent d'un zéro pointé, NDT.
[3] Terme désignant les personnes qui poussent hypocritement les gens à faire la guerre sans l'avoir fait, ou la faire eux-mêmes (en évitant par exemple de faire leur service militaire ). Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Chickenhawk_(politics)
[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Tammany_Hall
Vu ici et ici
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