02 juillet 2014

Crise bancaire bulgare : Sofia et Bruxelles tentent d’éviter la panique

La Bulgarie et la Commission européenne ont choisi d’intervenir vite et fort, lundi, pour calmer la panique qui gagne le secteur bancaire de ce pays en proie à une profonde crise politique.

Alors que les épargnants inquiets pour leurs économies faisaient le siège des agences bancaires, Bruxelles a autorisé Sofia à contribuer à la liquidité des établissements à hauteur de 3,3 milliards de leva (1,7 milliard d’euros).

Cette mesure d’urgence est «une ligne de crédit à l’intention du secteur bancaire bulgare», a expliqué la Commission, «une aide de la part de l’État» pour «répondre aux attaques à caractère spéculatif de la semaine dernière.»

Dès dimanche soir, le président bulgare, Rossen Plevneliev, avait fermement exclu la possibilité que des banques fassent faillite et que la monnaie, le lev, soit dévaluée.

La crise de confiance envers les banques a éclaté le 20 juin, quand des clients de la quatrième banque bulgare, la CCB, se sont rués aux guichets après la publication d’articles de presse faisant état de son insolvabilité imminente. La CCB a suspendu ses paiements jusqu’au 21 juillet.

Selon les analystes, les déboires de la CCB découlent d’un conflit entre deux hommes d’affaires politiquement influents, dont l’un est propriétaire de la CCB et l’autre député et propriétaire de médias.

Ognian Mintchev, directeur de l’Institut d’études internationales et régionales, rappelle que la Bulgarie vient de se trouver «à l’épicentre d’une bataille entre l’Europe et la Russie», quand Sofia a renoncé, sous la pression de Bruxelles et Washington, à construire le tronçon bulgare du gazoduc South Stream qui doit contourner l’Ukraine.

La crise bancaire actuelle pourrait, d’après cet expert, constituer «une réponse russe» à cet épisode.

Premières victimes des difficultés de la CCB, les chaînes de télévision TV7 et News7, financées par la CCB, ont demandé lundi à être déclarées insolvables.

A la veille du week-end, des messages diffusés sur internet et les téléphones portables ont aggravé la panique à Sofia, où des clients ont assiégé les guichets de la First Investment Bank (FIB), la troisième du pays.

Six personnes ont été arrêtées samedi et dimanche «pour avoir diffusé de fausses informations» suscitant la panique des épargnants.

La ligne de crédit mise à la disposition des banques est «une mesure de précaution à laquelle il n’y aura probablement pas besoin de recourir», a tenté de rassurer lundi Bisser Manolov, chef du fonds public de garantie des dépôts.

L’effet de la mesure était en tous cas perceptible lundi devant les guichets de la FIB. Les queues qui se formées devant ses principaux bureaux à Sofia étaient nettement moins longues que vendredi 27 juin.

«Je ne sais pas si je dois retirer mon argent», témoignait une quinquagénaire interrogée par l’AFP devant une agence: «Je suis inquiète, mais que faire? Est-ce qu’il faudra garder l’argent sous nos matelas, comme nous l’avons fait dans les années 90? Je ne pense pas que cela soit sûr non plus.»

- La peur de l’hyperinflation -

Les Bulgares vivent dans la hantise d’un retour de l’hyperinflation, qui avait contraint 14 banques à la faillite en 1996-97.

La situation semble plus stable aujourd’hui. Comme le souligne la Commission européenne, «le système bancaire bulgare est bien capitalisé et a des niveaux élevés de liquidité par rapport à d’autres pays de l’UE.»

Le pays balkanique, qui est le plus pauvre de l’Union européenne et ne fait pas partie de la zone euro, est toutefois handicapé depuis quelques semaines par un nouvel accès d’instabilité politique. Le gouvernement minoritaire et «technocratique» soutenu par les socialistes (ex-communistes) depuis février 2013 est à bout de souffle, et des élections anticipées ont été convoquées pour le 5 octobre.

D’après les sondeurs, elles devraient consacrer le retour de l’ex-Premier ministre conservateur Boïko Borissov, qui avait démissionné l’an dernier après des manifestations contre la pauvreté et la corruption.

«Le problème des banques ne peut pas être résolu sans solution à la crise politique», a estimé dimanche Krassimir Angarski, un économiste, dans un entretien à la radio publique.

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