Ils ont fait la police eux-mêmes. Des habitants de la cité des Créneaux, dans les quartiers nord de Marseille, excédés par la présence de Roms à proximité de leurs immeubles, les ont forcés à partir jeudi soir, a révélé La Provence. Les familles roms étaient installées sur ce terrain depuis dimanche seulement.
Pas de réponse des autorités
Les riverains s'étaient rendus le matin même en préfecture et à la mairie pour demander l'évacuation du camp par la police. Mais il leur a été répondu qu'il fallait une décision préalable de justice, ce qui aurait pris du temps. Ces derniers ont donc décidé de prendre les choses en main.
Ils avaient notamment informé les autorités, dont une élue des quartiers nord, de leur passage à l'acte si les Roms ne quittaient pas les environs de leur cité. Ils reprochaient aux Roms plusieurs cambriolages qui s'étaient produits autour du campement.
Les habitants du quartiers se sont donc rassemblés avant de converger vers les terrain où étaient installés les Roms. Invectives et menaces ont ensuite fusé. "De toute façon, on ne partait pas tant qu'ils ne partaient pas. On s'est rassemblés pacifiquement et on leur a dit : 'on vous a prévenus, maintenant vous partez'", explique au micro d'Europe 1 Hakim, un des riverains.
Les Roms quittent le terrain sans difficulté
Appelés sur place, les policiers ont simplement séparé les habitants mécontents et les familles roms. Ces dernières ont quitté les lieux avec caravanes et véhicules. Aucune interpellation n'a été effectuée en l'absence d'agression physique. Plus tard dans la soirée, les quelques effets laissés sur le terrain par les familles roms ont été incendiés - sans que les pompiers n'interviennent néanmoins.
"C'était pour une bonne raison. Les Roms, c'est pas un Rom qui cambriole à Marseille, c'est plusieurs Roms et plusieurs vols. Si on a fait ça, c'est pas pour rien", justifie Hakim. "On n'est pas venus avec des armes pour les agresser, on est venus discuter. C'est notre cité, on est nés ici ! C'est comme si je venais chez vous pour m'installer, y a un ras-le-bol", poursuit de son côté Hamed, un père de famille de la cité.
"On se sent abandonnés"
Rachid, un autre habitant du quartier des Créneaux, a lui aussi justifié cette action par des vols commis récemment. "Dès le deuxième jour, on a cambriolé ma cave et tout volé. Je suis allé les voir avec des amis pour leur dire qu'on ne leur veut pas de mal mais il faut nous respecter. On leur a dit : 'il y a eu des vols, il faut que ça s'arrête'", assure-t-il sur Europe 1. "Ça ne pouvait plus continuer. On est allés voir les forces de l'ordre, la mairie. Ils nous ont dit qu'une procédure était en cours et qu'il fallait attendre entre 3 et 6 mois pour les faire partir. Mais ça n'est pas possible. Donc on est allés les voir gentiment pour les faire partir", poursuit-il, assurant qu'il n'y a pas eu de violence et que les affaires des Roms n'ont été brûlées que par mesure de salubrité. "On se sent abandonnés. Personne ne fait rien, il fallait qu'on agisse nous-mêmes", regrette Rachid.
La sénatrice-maire PS des 15e et 16e arrondissements de Marseille, Samia Ghali, a indiqué avoir reçu plusieurs plaintes d'habitants déplorant que les Roms "salissent tout et essayent d'entrer dans les immeubles", dont certains sont en partie vides en raison d'une procédure de démolition en cours.
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