09 avril 2014

L’oubli des mots conduit aux maux


Qui d’entre-nous a souci de la diminution de notre vocabulaire ? Qui s’indigne que la langue vernaculaire doucement s’efface comme un lac qui s’évapore au soleil ? Les poissons qui y vivaient voient leur espace se rétrécir. Bien sûr, dans les premiers temps personnes ne s’en alarment. Mais vient une heure où il n’est plus possible de réagir, aussi un à un les poissons meurent privés de leur élément le plus vital : l’eau.

Pour nous, les humains il en va de même. Notre élément vital n’est pas l’eau mais les mots. Ils sont le véhicule indispensable de notre pensée, de notre réflexion, de notre imagination, de notre compréhension… L’exemple de la tour de Babel est assez éloquent. Dieu qui veut faire cesser la construction brouille leur langage et donc les bâtisseurs ne se comprenant plus, laissent le chantier et partent chacun dans sa direction. Or, nous croyons que notre imagination n’a pas de limite mais c’est faux : notre imagination est limitée par les mots. Sans les mots, il est impossible de transmettre mes idées et les mots, le langage que j’utilise doit être compris par mon interlocuteur.

Le recours à l’utilisation de synonyme, de périphrase, ou encore de simplification du langage, appauvrit non seulement la culture mais aussi l’ensemble de la personne. Pour bien comprendre, prenons l’exemple de la bible. Elle compte suivant les traductions environ 6000 mots, or un lycéen, un jeune de 14 à 17 ans, connait en moyenne 3725 mots. Comment peut-il comprendre le texte fondateur de la civilisation occidentale s’il ne connait que la moitié des mots ? Mieux, il semble qu’il n’utilise que 800 à 1600 mots. Il est raisonnable de penser que les mots non utilisés vont peu à peu disparaître de sa mémoire. Certes, les chiffres officiels nous rassurent : un adulte utilise en moyenne 5000 mots ! – Il manque toujours 1000 pour lire la Bible-

Il n’est pas ici question des concepts que peuvent véhiculer les mots. Car des mots mis ensemble peuvent former des concepts complexes pour ne prendre qu’un exemple : la communication des idiomes. Tout le monde comprend évidement chacun des termes mais à priori le concept est moins accessible. Pourtant beaucoup de nouveau prêtre de la religion du nouvel age qui affirme que tout homme est un christ use du concept… mais sans le savoir car ils leur manquent les mots!

On comprend rapidement que notre pensée est liée à la richesse de notre vocabulaire. Pouvons-nous imaginer un pays où le programme politique d’un candidat aux élections ne serait pas compréhensible par le citoyen ! Pire encore, supposons dans un avenir lointain et improbable que les habitants de toute la planète ne parlent plus qu’UNE seule langue ! Aurions-nous alors une pensée unique ? Notre conscience collective ne serait-elle pas alors limitée, réduite ? Les solutions aux difficultés que nous rencontrons ne s’imposeraient-elles pas par notre pauvreté de communication ? Des maux ne viendrait-ils pas du détournement de certains vocables ?

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