On peut, bien sûr, se consoler en constatant que le fringant Harlem Désir sera assis au volant d'un véhicule factice, sans arbre de transmission, ni moteur, ni roues. Les véritables leviers de commande seront, Dieu merci, aux mains de son supérieur hiérarchique, Laurent Fabius, et surtout de l'Élysée. Le secrétariat général des affaires européennes, jusqu'ici placé sous l'autorité de Matignon, est désormais rattaché directement au "Château" et dirigé par Philippe Léglise-Costa.
Celui-ci est non seulement le conseiller Europe au sein de la cellule diplomatique de l'Élysée, mais il fut également le directeur de cabinet du nouveau secrétaire général Jean-Pierre Jouyet, très bon connaisseur des arcanes européens. Ce dernier fut jadis le collaborateur de Jacques Delors, alors président de la Commission, et, sous Nicolas Sarkozy, occupa le portefeuille aujourd'hui confié à Harlem Désir.
Un signal politique illisible
Sur le plan opérationnel, donc, rien à craindre. Mais le signal politique adressé à nos partenaires est à la fois épouvantable et illisible. "Depuis 2010, j'ai vu défiler six ministres français des Affaires européennes, et onze en douze ans", constate le placide Michel Barnier, commissaire (en fin de mandat) au Marché intérieur de l'UE. La France voudrait accréditer l'idée que l'Europe est un dossier subalterne qu'elle ne s'y prendrait pas autrement.
Rappelons aussi que Laurent Fabius, Arnaud Montebourg et Manuel Valls avaient, tous trois, préconisé le "non" au référendum de 2005 sur la première mouture de constitution. Manuel Valls était finalement rentré - bon gré, mal gré - dans le rang et s'était aligné sur l'avis majoritaire du PS en faveur du "oui". Laurent Fabius, pour sa part, est ultérieurement bien vite revenu vers une ligne pro-européenne plus conforme, en fait, à ses convictions profondes...
Face à ces palinodies, à ces manœuvres obliques, à ces louvoiements subtils, nos voisins risquent, tout de même, de s'interroger sérieusement sur la réalité de la fibre européenne du gouvernement français et sur sa curieuse méthode de gestion des affaires publiques.
Source
Vous ne trouvez-pas qu'il n'a pas l'air dans son assiette le petit Jean-Philippe Désir ?
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