06 mars 2014

Ver plat...

C'est l'une des cent espèces exotiques envahissantes les plus néfastes au monde et elle a débarqué en France. Huit spécimens de Platydemus manokwari, un ver plat originaire de Nouvelle-Guinée, ont été découverts dans une serre du jardin des plantes de la ville de Caen, en Normandie. L'équipe scientifique dirigée par Jean-Lou Justine, professeur de zoologie, spécialiste des parasites au Muséum national d'histoire naturelle, vient de l'identifier formellement et tire la sonnette d'alarme dans un article publié dans PeerJ (version française). "En France, un ver plat invasif, surnommé espèce marron plate, s'est déjà répandu dans au moins vingt-trois départements. À ce stade, il est déjà trop tard. Platydemus manokwari, lui, est encore plus problématique, il faut donc agir vite !" plaide Jean-Lou Justine.

"Il semble que l'animal soit arrivé au jardin des plantes de Caen - vraisemblablement dans le pot d'une plante - depuis plusieurs mois, voire quelques années, car les personnels l'avaient déjà vu sans comprendre de quoi il s'agissait. Il n'y a maintenant plus qu'à espérer qu'il ne soit jamais sorti de la serre. Les autorités ont été informées du problème et c'est maintenant à elles de voir quelles mesures doivent être adoptées", ajoute le scientifique, inquiet.

Menace sur la fertilité des terres

Mais en quoi ce petit animal discret est-il si redoutable ? C'est qu'il se nourrit d'escargots et de vers de terre de type lombrics, et finalement de tous les petits mollusques qu'il peut trouver dans la terre, le tout avec des conséquences fâcheuses non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour la fertilité des terres. Car les vers de terre, notamment, jouent un rôle très important dans les sols qu'ils aèrent et brassent en même temps qu'ils s'en nourrissent. Une fonction que le ver plat n'assure absolument pas, car c'est un prédateur qui ne se nourrit pas de la terre, mais seulement de ses habitants. Or, d'après les scientifiques, Platydemus manokwari, espèce de montagne, est capable de s'adapter à un large spectre de températures. Tant et si bien que, si on n'y prend pas garde, il pourrait facilement s'épanouir dans toute la moitié sud de l'Europe. Or, on ne lui connaît pour l'heure pas de prédateur...

Un mucus, des toxines ?

Ver plat, environ 5 centimètres de long pour 5 millimètre de large, dos sombre orné d'une raie claire, ventre clair, deux jolis petits yeux malheureusement invisibles à l'oeil nu : voici le signalement de l'indésirable. Car, sur son blog, le professeur Jean-Lou Justine, qui suit de très près l'évolution des populations de plathelminthes (vers plats), fait appel aux internautes-citoyens, comme des sentinelles, afin que ceux-ci lui fassent parvenir des photos de spécimens suspects.

Mais, attention, car certaines espèces de vers plats pourraient secréter un mucus chargé de toxines nocives.

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