13 mars 2014

Les glissements sémantiques. Une leçon par l’exemple

Oui. C’est vrai, ça a l’air compliqué comme ça. Mais en réalité c’est excessivement simple. Le glissement sémantique, c’est lorsque pour changer la réalité d’une situation ou d’une chose, vous changez les mots qui la désignent.

En clair : Clochard —-> Pauvre —> Sans domicile fixe —->SDF. Un pauvre ça pue, c’est tout le temps bourré, ça fait chier les bonnes gens. Un SDF, c’est quand même plus classe. Il peut quand même avoir un domicile, même si c’est un abri temporaire du SAMU social ou un carton sous un pont.

Voilà. Mais aujourd’hui, parlons d’une réalité très très pourrie elle aussi. C’est celle de notre alimentation, de notre santé, de nos légumes. Bref, causons un peu de ce qu’on appelle les phytosanitaires et comment par cette simple association d’idées, « phyto » et « sanitaire », on a complètement écrasé une réalité pour la remplacer pour une autre.

A la simple évocation de « Phyto », tout le monde se pare d’un enthousiasme forcené. « Ho oui, phyto, ça me fait penser à des plantes, à du bio, à des petites pilules d’extraits de plantes pour se remettre en forme »…

Pas vrai ?? C’est pas à ça que vous pensez ?

Après, on y colle le mot « sanitaire » : alors ça c’est immédiat : sanitaire = santé, propreté.
Bravo les gars !
Ensuite hop, on colle Phyto et sanitaire ensemble et on a probablement un des glissements sémantiques les plus puissants de ce XXIe siècle. Et sans le savoir en plus car l’association des deux mots en forment un inédit… Tant de bienfaits en deux simples mots.

Alors c’est quoi la réalité de tout ça ?

Hé bien, regardez les clochard/SDF du dessus. On va faire pareil avec Phytosanitaire, mais en sens inverse pour remonter à la réalité.

Phytosanitaire —> engrais —> pesticides —> DROGUES.

Voilà comment nos grand-parents appelaient les phytosanitaires, des drogues. Et ils n’en étaient pas très friands croyez-moi. Ils connaissaient les dangers des produits qu’aujourd’hui on répand sans compter dans les champs et les cultures. Ce beau glissement sémantique va plus loin encore que les pires cauchemars de George Orwell lorsqu’il évoqua le « Novlangue » dans son roman 1984. Il en prend même le contre-pied. En gros le principe du Novlangue était que plus on appauvrissait le langage, plus on rendait l’esprit pauvre. Le champ lexical diminue, le langage perd sa nuance, l’esprit se simplifie, l’homme devient con. Génial non ?

Là c’est tout le contraire. On complique le langage à outrance, on dévie le sens des mots en les associant et hop, on masque une réalité. simple comme bonjour. Et je dis bravo. Admirable. Mais revenons à ce qui nous intéresse de manière concrète. Les phytosanitaires.

Un en particulier : le D6. C’est un désherbant. Aujourd’hui on en colle partout sur le colza (j’en conviens, on en mange peu) en reaanche le maïs par exemple est un gros consommateur de désherbants… Et nous sommes des gros consommateurs de maïs. Hier encore, nos grands parents agriculteurs injectaient le D6 dans des œufs pour les rats ou les renards. En gros ils piégeaient les œufs avec un produit dont on était sûrs qu’il ferait clamser les nuisibles.

Aujourd’hui on en fout partout (même si les plantent mutent et deviennent résistantes aux traitements) sur les cultures destinées à la consommation des Hommes… de là à considérer l’espèce humaine comme nuisible, il n’y a qu’un pas.

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