Alimuddin Usmani : Dans quelles circonstances avez-vous fait la connaissance de votre collègue essayiste ? Que vous inspire son parcours ?
Alain Soral : Je l’ai d’abord connu par la musique. Je suis amateur de jazz et en plus d’être un musicien internationalement reconnu, Gilad a joué avec Robert Wyatt qui est, depuis mes 16 ans, mon musicien préféré.
Je l’ai rencontré ensuite physiquement, il y a deux ans, au Salon du livre de Paris pour finaliser le contrat de son dernier livre, Quel juif errant ?, dont nous sommes, moi et ma maison d’édition Kontre Kulture, les coéditeurs…
Quant à son parcours, je suis époustouflé par son courage et sa lucidité. Par culture et par expérience, je sais que les juifs capables de déchirer le voile du tribalisme pour accéder à l’universel authentique sont très rares, même si ce sont toujours les meilleurs !
Gilad Atzmon : Soral est l’éditeur de l’une des deux éditions françaises de mon dernier livre The Wandering Who ?. Malgré la barrière linguistique qui existait entre nous lors de notre rencontre au Salon du livre de Paris, j’ai pu en apprendre beaucoup sur l’homme. Soral est manifestement l’un des derniers intellectuels en Europe. Je suis loin d’être surpris que la gauche soit outrée par la profondeur de son idéologie et de ses idées politiques.
Depuis quelques temps, ceux qui s’opposent, raillent ou critiquent la mainmise d’un lobby sioniste sur la vie politique et médiatique en France semblent subir une véritable accélération de leur persécution médiatique politique et judiciaire. Pourquoi, à votre avis, l’élite talmudo-sioniste a-t-elle choisi de concentrer ses efforts sur la France en particulier ?
AS : Il faut préciser d’abord que la France possède ou subit, selon les points de vue, la plus forte communauté juive d’Europe, et de loin, avec près de 700 000 membres, quand l’Italie ou l’Espagne n’en comptent, pour exemples, que 40 000… La pression et l’influence de cette communauté très communautaire sur le pouvoir et la politique française sont donc fatalement proportionnelles à son importance numérique !
Il y a sans doute aussi d’autres facteurs plus historiques : France, pays des droits de l’homme, première nation à émanciper les juifs d’Europe, affaire Dreyfus, culpabilité entretenue du pétainisme, sionisme de la IVème République, position dominante de la maçonnerie du Grand Orient sur la soi-disant gauche socialiste française… Autant de facteurs additionnés qui ont fini par donner à notre « communauté juive organisée », telle qu’elle se définit elle-même, cette position de gendarme moral parfaitement écrasante…
GA : Je pense que la prédominance du lobby juif en France est le résultat de l’impact de Mai 68. Votre société a été morcelée en une multitude de groupes identitaires. Plus une société est divisée plus elle souscrit à la politique juive. La raison est donc assez simple. Après 3 000 ans de fonctionnement tribaliste en exil, l’intelligentsia juive est, de loin, la plus avancée en ce qui concerne la politique sectaire de l’identité et la manipulation culturelle.
L’idée générale de la politique de l’identité est de transformer une nation hôte cohésive en une variété de synagogues sans Dieu. Jusqu’à un certain point, Soral et Dieudonné sont parvenus à unifier ce qui reste de la classe ouvrière ; les musulmans, les Arabes, les Noirs et les Blancs. Comme nous pouvons le constater, les juifs et le socialisme considèrent ces faits comme faisant partie d’un danger immanent.
Le 9 février dernier, le peuple suisse a approuvé une initiative visant à mieux réguler son immigration. Les dirigeants politiques européens ont réagi par des menaces de sanctions à l’encontre de la Suisse. De son côté, l’État d’Israël continue à appliquer une politique d’immigration basée sur le seul critère de l’appartenance ou non à la religion juive, sans recevoir quelconque critique de l’UE. Comment faut-il comprendre ce traitement différencié ?
AS : Je crois qu’une des meilleures définitions du pouvoir, pour ceux qui ont cessé de se bercer des illusions de l’égalité démocratique, c’est : « Se donner le droit, à soi et à soi seul, de faire le contraire de ce qu’on exige brutalement des autres. ».
Les juifs communautaires sionistes, qui nous dominent en Occident notamment par le discours, passent en effet leur temps à exiger des goyim qu’ils se comportent en hommes de gauches : antiracistes et antinationalistes… Tandis qu’ils se comportent en hommes d’extrême droite par leur soutien sans vergogne d’un Israël ouvertement raciste et ultra-nationaliste !
GA : C’est très simple. Autant l’intelligentsia juive souhaite détruire la nation hôte, démanteler sa narration cohésive et dévaloriser son élan patriotique, autant l’État juif est dévoué aux intérêts juifs, qui s’opposent eux-mêmes totalement aux autres nations. Israël se définit comme un État juif, il souscrit à une idéologie raciste, expansionniste, nationaliste et patriotique. Tout cela peut apparaître comme contradiction, mais en réalité ce n’en est pas une.
Cette double éthique est en fait gravée dans la philosophie émancipée juive. La devise de la Haskala (version juive des Lumières), qui a été attribuée par erreur à Moïse Mendelssohn, dit ceci : « Sois un juif sous ta tente et un homme dans la rue. » Elle recommande donc aux juifs d’adopter un comportement juif en privé mais de se faire passer pour un goy en public. Ce dualisme malhonnête et déroutant (on ment à Dieu dans sa maison pendant qu’on induit en erreur le goy dans la rue) explique la contradiction entre l’appel de l’intelligentsia juive pour la diversité dans les sociétés occidentales, d’un côté, et l’adhésion inconditionnelle au patriotisme de l’État juif, d’un autre côté. Le mode existentiel dual de la Haskala juive permet de faire une distinction claire entre l’univers des goyim et celui du ghetto juif. En pratique les intellectuels juifs vont enseigner les valeurs de diversité et de tolérance aux goyim mais faire l’apologie du judéo-centrisme le plus ignoble en privé en défendant l’État juif.
L’expression « complot judéo-maçonnique » est surtout utilisée pour disqualifier ceux qui critiquent les liens entre les réseaux francs-maçons et sionistes. Est-il possible de démontrer ces liens sans se faire enfermer dans une reductio ad hitlerum ?
AS : Non. L’expression « ploutocratie judéo-maçonnique » a bercé tous les discours d’extrême droite des années 30, c’est donc un vocable aujourd’hui inutilisable.
Pourtant, il suffit de regarder les alliances revendiquées et actuellement en cours dans le processus mondialiste pour constater, objectivement, que la finance internationale, les réseaux maçonniques et le sionisme travaillent ouvertement la main dans la main pour nous imposer leur vision inégalitaire et leur domination.
GA : Depuis longtemps, je sous-entends qu’il n’y a pas de conspirations. Dans le monde juif tout est fait de manière ouverte. Je suggère vraiment, qu’au lieu de faire des recherches à ce sujet, nous apprenions à analyser les nouvelles des médias dominants. Tout est à portée de main. En réalité, je pense que la vraie signification du pouvoir juif c’est la capacité à réduire au silence les discussions sur le pouvoir juif. Dans cette perspective, chercher à découvrir les intentions cachées, c’est capituler face au pouvoir juif. Nous devons faire le contraire, analyser le travail de George Soros, de l’Aipac, du Crif, du CFI de Lord Lévy, de Wall Street et ainsi de suite.
Que vous inspire enfin la stratégie d’alliance menée par le Hezbollah libanais avec la chrétienté ?
AS : Le plus grand respect.
Face à la stratégie du « choc des civilisations » voulue par les américano-sionistes, les alliances trans-courants – classe moyenne-prolétariat mais aussi chrétiens-musulmans – sont la seule solution. Il a fallu des années de guerre civile aux Libanais pour le comprendre et j’espère simplement que nous ne devrons pas en passer, en France, par la même catastrophe pour nous engager sur cette voie de sagesse…
GA : Je suppose que cela fait partie d’une coalition inévitable qui tourmente l’intelligentsia juive et qui la pousse à agir de manière énergique contre la prétendue société occidentale patriarcale. La possibilité d’une réelle diversité d’humanismes (en opposition avec la seule notion de diversité) représente le danger ultime pour le chauvinisme narcissique juif. Au sein d’une diversité humaniste authentique nous nous unissons dans la recherche d’une éthique. Nous revenons à une pensée athénienne qui s’oppose à BHL et aux chantres de Jérusalem.
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