11 février 2014

Quand les gens commenceront à avoir faim et iront chercher leur fourche ?



La moisissure se déplace de l’extérieur vers l’intérieur, mais la maladie de l’intérieur vers l’extérieur. C’est ce qu’il s’est passé dans le monde monétaire cette semaine, en raison du maintien du prix mal évalué du crédit par les banques centrales, dirigées par la Fed.
J’ajouterai à cela qu’elles ont aussi mal évalué pratiquement tous les prix imaginables – les actions, les biens immobiliers, les biens alimentaires, les métaux précieux, l’art… Le prix du pétrole est aussi mal évalué, mais à la baisse, puisque la production de brut ne fait que devenir plus onéreuse et plus complexe et dépend d’une monnaie empruntée dont le coût est mal évalué. Cette situation pourra être corrigée par la rareté à mesure que les sociétés pétrolières réaliseront que le capital réel est indisponible. Et puis le pétrole deviendra rare. Le « capital » qui circule aujourd’hui autour du globe n’est qu’une substance molle et gélatineuse appelée « liquidité ». Tout ce que fait cette liquidité, c’est obstruer les marchés. Mais les choses finiront un jour par se débloquer.

Entre temps, la moisissure de mauvaise évaluation s’exprime sous forme d’un effondrement des devises et des économies qu’elles sont censées représenter : Inde, Turquie, Argentine, Hongrie. L’Italie, l’Espagne et la Grèce pourraient faire partie de la liste si elles avaient chacune leur propre devise. Pour l’instant, elles se contentent de se passer de conduire et de mettre le feu à leurs meubles pour se chauffer. L’usage de voitures en Italie est revenu à son niveau de 1970 en termes de kilomètres parcourus.

D'ici peu de temps, comme en Ukraine, les gens sortiront dans les rues pour se confronter à la police. Ils auraient déjà dû le faire il y a longtemps, mais leur inaction ne peut être expliquée rationnellement puisque les retournements du sentiment public sont sujets aux mêmes forces qui poussent les volées d’oiseaux et les bancs de poissons à changer de direction sans pour autant sembler communiquer.

Comment pourrait-on expliquer autrement l'extraordinaire placidité du public américain pour ce qui ne relève pas du cirque et du Super Bowl ? La nuit dernière, il se disait insulté par des publicités pour des voitures Maserati. Voici, citoyens sur-nourris brandisseurs de cartes SNAP, les fruits de la richesse et de la célébrité ! Savourez votre insignifiance devant les jeux olympiques de Sotchi et la nuit des Oscars ! Mais ce qu’il se passe en périphérie pourrait interrompre la transe dans laquelle s’est laissé emporter le centre. Le diable hante les marchés dérégulés des devises et des swaps de taux d’intérêt.

Les grosses banques sont embourbées jusqu’au plafond de leurs suites exécutives. Les banquiers sautent de fenêtres, se pendent dans les arrière-salles et se font sauter la cervelle sur le bas-côté de la rue. N’est-il pas étrange que personne ne divulgue ce qui est écrit sur leur lettre de suicide, si tant est qu’ils en laissent une derrière eux ? Et n’est-il pas logique de penser qu’ils ne partent pas tous sans explication ? L’un d’entre eux, William Broeksmit, gestionnaire de risque chez Deutsche Bank, aurait été impliqué dans le déploiement de positions représentant plus de 70 trillions de dollars de swaps. Le PIB de l’Allemagne est de 3,4 trillions de dollars. Notre pauvre M. Broeksmit a-t-il sombré dans le désespoir ?

Le physicien Steven Hawking a déclaré la semaine dernière que les trous noirs ne sont pas exactement ce que les gens pensent qu’ils sont. Certaines choses en ressortent. Ce sera tout aussi vrai pour les échanges de produits dérivés, quand la richesse associée aux swaps disparaîtra dans un horizon de mauvaise foi et que des signes de leur existence passée referont surface dans le cadre d’affaires de banqueroute et de bouleversements politiques.

Cet horizon de mauvaise foi représente le moment où les crédules de notre ère découvriront que les banques centrales n’ont jamais fait que prétendre être des agences de régulation et qu’elles sont à la tête d’un marasme dont plus personne n’a vraiment le contrôle. L’illusion de contrôle est ce qui a gouverné le monde depuis l’incident Lehman en 2008. Nous avions désespérément besoin de croire que les autorités étaient là pour nous soutenir. Elles ne se soutiennent même pas elles-mêmes.

Le monde monétaire en est-il arrivé à ce point de non-retour ? Une chose est claire : personne ne pourra sauver les devises en détresse. Leur maladie deviendra infectieuse à mesure que le moteur du monde toussera. Qui écrira alors les lettres de crédit qui rendent le commerce international possible ? Qui fera confiance à qui ? Quand les gens commenceront ils à avoir faim et aller chercher leur fourche ? Quand l’action se déplacera-t-elle de Kiev à Londres, puis New York, Francfort et Paris ?

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