08 juin 2013

"les Tibétains portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails molotov"

Sous le titre percutant « Violences au Tibet : un avis alternatif » la journaliste belge Elisabeth Martens se fait l’écho de propos étonnamment prochinois et animera, en Belgique, toute une série de conférences-débats en avril et mai. L’agenda est impressionnant !

Elle s’appuie sur les dires d’un journaliste américain de The Economist, James Miles qui déclare que : « les violences commises à Lhassa durant cette semaine – date de commémoration de la "Rébellion nationale de mars 59" – ont été inaugurées par des Tibétains, dont des lamas qui encourageaient des groupes de jeunes à commettre des actes destructeurs. Les manifestations de violence étaient organisées : les Tibétains portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails molotov. Les morts causés par ce drame sont tous des Chinois. (sic !)



En Chine vivent six millions de Tibétains répartis sur différentes provinces, principalement le Tibet, le QingHai, le Gansu, le Sichuan et le Yunnan. Ces six millions de personnes sont bien loin de toutes désirer l’indépendance du Tibet. Il leur apparaît clairement, dans leur vie quotidienne, que la Chine leur a apporté beaucoup plus qu’elle ne leur a retiré. En 50 ans, la population tibétaine a triplé grâce aux soins de santé et aux améliorations dans les domaines agricole, économique et autres. Depuis les années quatre-vingt, la culture et la religion du Tibet s’exercent librement, les enfants sont bilingues, des instituts de tibétologie ont été ouverts à l’intention des jeunes Tibétains, les monastères regorgent de lamas (même des jeunes enfants), et, en rue, les fidèles font allègrement tourner leurs moulins à prière. Il ne s’agit nullement d’un "génocide culturel", tel qu’on le présente chez nous. En réalité, la très grande majorité des six millions de Tibétains se méfie de la communauté tibétaine en exil qui représente pour eux un danger de déstabilisation. (resic !).

Selon Pangdung Rinpoché du monastère de Sera, actuellement exilé à Munich : "le Dalaï-Lama, en commercialisant le Bouddhisme tibétain, cause plus de dégâts à la culture tibétaine que le gouvernement chinois". »

Miles poursuit en insistant sur le fait qu’aux Etats-Unis, le problème était, dès 1949, de savoir comment utiliser le Tibet pour contrer l’expansion chinoise : le Dalaï-Lama s’allia à Washington et s’exila, selon lui, moyennant gros financement et soutien logistique de la CIA . Et il poursuit :

« En 2007, le Dalaï-Lama est décoré du plus prestigieux insigne du Congrès américain et déclare que "Bush est désormais un membre de sa famille". Ce dernier événement n’a été que peu relayé par les médias européens : on comprend leur embarras face à cette alliance affichée du Dalaï-Lama avec le gouvernement des Etats-Unis, alors que la politique extérieure de ce dernier est de plus en plus interpellée par l’Europe. L’enjeu du conflit Chine-Occident, exprimé à travers les violences de Lhassa, n’est pas un "petit Kosovo", mais il s’agit du tiers de la Chine, un territoire qui vaut cinq fois la France et qui ouvre l’accès au gigantesque marché économique chinois, de quoi faire basculer l’économie mondiale ! » (toujours sic !)

Rien que cela ! Ces arguments économiques sont d’une rare stupidité : six millions d’individus, même répartis sur ce territoire immense (dont les trois quarts sont hors du Tibet historique concerné ici), pratiquement inaccessible, vu le relief et le climat des plus rigoureux, ne pèsent rien face au milliard deux cents millions de chinois industrieux. Ce ne sont pas ces quelques pauvres tibétains sans pouvoir d’achat qui vont faire basculer l’économie mondiale. Les complexes économiques de Shangaï ou de Hong Kong ne les ont pas attendus !

Reste à comprendre le pourquoi de telles élucubrations socio-politiques et surtout pourquoi il se trouve des tibétains pour soutenir effectivement la répression chinoise et stigmatiser l’emblématique Dalaï-Lama.

Là, il importe de recadrer l’argumentaire de monsieur Miles dans le contexte des sectes bouddhiques…

Ce qu’il a délibérément bien prit soin d’ignorer !



Historiquement, le bouddhisme est "monté" de l’Inde au Tibet dans les premiers siècles de notre ère où il s’est fortement teinté de tantrisme puis du chamanisme local, sans y développer ni clergé particulier (autre que les ermites) ni mouvement monastique fort. (Certains dignitaires y sont d’ailleurs mariés…) C’est le courant le plus ancien du bouddhisme au Tibet, composant la tradition dite Nyingma, toujours vivante et d’ailleurs reconnue par le Dalaï-Lama. Les dignitaires religieux, qui durant les cérémonies portent le bonnet rouge, sont honorés du titre de rinpoché – "précieux". Vers le Xe siècle un vaste courant réformateur se dessina, fondé sur une relecture plus moderne des textes bouddhiques primitifs. Nous ne pouvons ici que donner les conséquences de ce courant dit Sarmapa sans entrer dans les détails.

Il aura trois grandes composantes : Kagyupa, Sakayapa et surtout Gelugpa.

Cette branche Gelugpa est à l’origine de tradition monastique tibétaine la plus connue et la plus importante d’aujourd’hui : celle des grands monastères où les dignitaires religieux portent le titre de lama et arborent le bonnet jaune.

C’est ce dernier courant réformateur qui séduira les Mongols lors de leur pénétration au Tibet au XVIe siècle et qui conduira à leur conversion au bouddhisme. Car ce sont bien les Mongols qui vont asseoir la puissance politique lamaïque : c’est le grand khan mongol Altan khan venu au Tibet en 1578 qui va instituer les trois grands dignitaires lamaïques, choisis comme issus de réincarnations de personnages religieux particulièrement illustres et méritants. Ils sont toujours présents, en réincarnation, aujourd’hui :

Le Dalaï-Lama, le plus connu, chef suprême spirituel mais aussi temporel qui délègue quasi automatiquement le pouvoir temporel à son second : Le Panchem Lama,

Enfin, comme troisième dignitaire du bouddhisme lamaïque, fut créé un chef spirituel mongol, qui – après l’effondrement du grand empire mongol et la conquête de la Chine par les Manchous – deviendra aussi le chef temporel des Mongols : Le Bogdo-Gegen ou "pontife éclairé".

Il siègera jusqu’en 1924 à Oulan Bator au monastère de Ganden… A sa mort le pouvoir communiste, installé depuis 1921, s’opposera à la reconnaissance d’un quelconque pouvoir temporel à son successeur. Puis, comme aujourd’hui au Tibet, le communisme tentera de liquider le bouddhisme en Mongolie lors des effroyables persécutions de 1938 où des centaines de milliers de lamas furent massacrés, les jeunes et les novices laïcisés de force et contraints au travail dans les kolkhozes, les monastères fermés, brûlés ou simplement laissés à l’abandon… Le grand bouddha debout, en bronze, du monastère de Gandon (26,5 m de haut : l’un des plus grands bouddhas de bronze debout connus, peut être même le plus grand) fut fondu… pour faire des balles dont certaines finirent à Stalingrad ! Mais depuis l’indépendance (1991), le monastère de Gandon a été restauré et le grand bouddha debout reconstruit : le bouddhisme mongol est en pleine renaissance, et c’est toujours un grand honneur pour toute famille d’avoir un enfant pris en noviciat dans un monastère !

Il est clair que la Mongolie, en regard du bouddhisme tibétain réformé, fait figure de "fille aînée du Gelugpa" et on ne peut s’empêcher de voir un certain parallèle mais inversé de l’antagonisme occidental catholicisme/protestantisme : il y a eu dès le début des réformes, au Tibet, une farouche rivalité entre les Bonnets Rouges et les Bonnets Jaunes.

Or que constate-t-on dans les assertions développées par madame Martens ?

Tous les témoignages et les déclarations supposées être le fait de religieux, émanent – comme par hasard – de "rinpochés"… Des Bonnets Rouges !

De là à dire qu’au delà de l’indépendance du Tibet et de l’occupation chinoise, les Bonnets Rouges – exaspérés par l’omniprésence médiatique et la stature internationale du Dalaï-Lama, bonnet jaune s’il en est – ne cherchent à secouer le joug pour retrouver le leadership du bouddhisme tibétain par ces déclarations tonitruantes, même en s’alliant aux communistes… Des lamas rouges : ils en ont déjà le bonnet !

De là à penser que la Chine ne cachera pas sa préférence et son soutien à un bouddhisme chamanique le plus souvent laïc, peu structuré, face à un bouddhisme élaboré, lamaïque, avec ses monastères ordonnancés, et peut être même séduit (?) par les tentatives de déstabilisation politiques induites par les Etats-Unis…

Et ce ne serait la première fois que l’on verrait, dans le monde communiste, des dirigeants s’appuyer sur une minorité religieuse compréhensive pour asseoir leur pouvoir : Mgr. Virgil Gheorgiu avait dénoncé en son temps les tentatives de tenue d’un faux synode orthodoxe entièrement monté par le KGB…

Allons-nous donc négliger le fait que le Tibet – grâce au fameux train Pékin-Lhassa (une prouesse technologique pour le tracé vu le relief, reconnaissons-le volontiers) – est en train de vivre une mutation ethnique : d’ici peu il y aura plus de Chinois au Tibet que de Tibétains !

Dès lors il n’y aura plus à parler de génocide culturel et on pourra fermer les yeux sur les horreurs de la répression chinoise : le Tibet "sinisé" va-t-il effectivement devenir un nouveau Kossovo "albanisé", bien que monsieur Miles affirme hâtivement le contraire ? On peut légitimement se poser la question.

Et dans ces cas là, on trouve toujours des idiots utiles pour le nier, comme madame Martens, ou monsieur Miles, et pour justifier les pires exactions, en noircissant du papier ou en crachant dans un micro… afin de répandre "la bonne nouvelle".

Saint Plaix

Source: francecourtoise.info
Vu ici 
 
Paul : incroyable comment les occidentaux se sont fait enfumer avec le bouddhisme tibétain, financé par les USA et instrumentalisé contre la Chine !

5 commentaires:

  1. Oui , je me rappelle quand je regardais la télé , il y a longtemps , Dalai-Lama ci Dali-Lama la . Désinformation , mensonges quand tu me tenais !!!!

    L'ours

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  2. Justement, François Asselineau parle aussi des relations du Dalaï-lama ou « Océan de sagesse », dans sa conférence «Les « Eurorégions » – Allons-nous laisser détruire les nations ?
    http://www.u-p-r.fr/videos/conferences-en-ligne/euro-regions-allons-nous-laisser-detruire-les-nations

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  3. "Financé par les usa et instrumentalisé contre la chine " ...Il n'y a vraiment qu'ici pour lire de telles conneries ...

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    1. Décrasse tes yeux et tes oreilles !
      Pas capable de penser par toi-même, cerveau remplacé par la télévision.
      Pur produit de l'Empire... Un abime de bêtise et d'ignorance...
      Esclave !

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    2. encore un jugement très hâtif comme souvent dès que vous vous sentez offenser , respectez les autres même si sa vous parait mauvais au lieu de chier sur les gens

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