24 février 2013

Petit manuel anti-drone

En fuyant Tombouctou, des jihadistes d’Aqmi ont laissé derrière eux un document singulier, qui explique en 22 points comment éviter les drones.

Les journalistes de l’agence américaine Associated Press ont trouvé dans la ville malienne de Tombouctou un document pour le moins intéressant : un manuel par et pour les membres d’Al Qaeda énumérant 22 tactiques et astuces pour se protéger des drones occidentaux.


Frappe aérienne d’un drone de classe Predator

Le document, trouvé dans des bâtiments désertés par les jihadistes après l’intervention française, serait apparu pour la première fois en arabe sur un site extrémiste le 2 juin 2011, un mois après la mort de Ben Laden.

Son auteur, le yéménite Abdallah bin Muhammad, résume la réponse à apporter à l’Occident dans sa « guerre des drones » autour de trois axes : des tactiques défensives de brouillage et d’aveuglement, du contre-espionnage visant les agents américains, et la prise à partie de l’opinion publique américaine pour qu’elle fasse pression contre son gouvernement.

Ce document est intéressant à de nombreux égards. Il confirme notamment les inquiétudes des experts quant à une articulation et une coordination toujours plus poussée des différentes cellules d’Al Qaeda à travers le monde. L’auteur fournit en outre une analyse très pertinente de la stratégie américaine dans l’emploi de ses drones et les raisons économiques et politiques qui la justifient.
Un drone américain Predator sur une base au Pakistan (Eric Gay/AP/SIPA)

Loin d’être un renoncement ou une capitulation, la « guerre des drones » est une guerre à moindre coût budgétaire et humain, qui permet au gouvernement américain de mener son combat contre le terrorisme à moindres frais et sans la désapprobation populaire et très médiatisée des familles de soldats.

« Les Américains réalisent pleinement qu’ils en sont à leur dixième année de conflit, qu’ils sont épuisés économiquement, qu’ils ont subi des pertes humaines et ont été confrontés à une pression publique soutenue par le Congrès, de telle manière que cela a fait du retrait honorable et responsable des troupes l’objectif premier de la Maison-Blanche. Mais cela ne signifie pas abandonner la guerre [...]. »

L’auteur ne promeut pas un affrontement direct contre cet ennemi aérien quasi invisible : il enjoint les jihadistes à adopter une stratégie de « kidnapping des citoyens occidentaux à n’importe quel endroit du monde […] avec pour seule demande la cessation des attaques contre des civils au Yémen, ce qui constitue une demande juste et humanitaire qui créera un soutien mondial et la pression de l’opinion publique en Amérique ».

Des militants anti-drones ruinent une session du Congrès

Cette analyse tombe à point nommé alors qu’un sénateur américain, Lindsey Graham, vient d’annoncer que le nombre de victimes des attaques de drones s’élèverait à 4 700, n’hésitant pas à affirmer ce jeudi :

« Parfois on frappe des personnes innocentes, ce que je déteste, mais nous sommes en guerre, et nous avons tué plusieurs hauts responsables d’Al Qaeda. »
Des astuces "maison", mais sérieuses.

Certaines des tactiques listées peuvent paraître datées ou farfelues – comme le fait de peindre sa voiture avec de la boue alors que certains drones sont maintenant équipés de détecteurs thermiques. Le colonel Cedric Leighton, un vétéran des forces aériennes américaines qui a participé à la programmation du drone Predator, a déclaré au Telegraph prendre le document très au sérieux :

« Ce ne sont pas des techniques idiotes. Ça montre qu’en réalité ils agissent plutôt astucieusement. Le but est de leur acheter un peu plus de temps, et dans ce conflit, le temps est la clef. Et ils utiliseront [ces techniques] pour se déplacer loin d’une zone, d’un bombardement aérien, et le feront très rapidement. »

Rue89 en a fait une traduction (le style n’est pas toujours fameux, mais lisez l’original [PDF] avant de tirer sur le traducteur) :

1. Il est possible de connaître l’objectif et la mission d’un drone en se servant du système russe « sky grabber » pour infiltrer les ondes et fréquences de l’engin. L’outil est disponible sur le marché pour 2 595 dollars et l’opérateur doit avoir des connaissances poussées en informatique.

« Skygrabber » utilisé par des insurgés irakiens pour pirater les transmissions d’un Predator

2. Utiliser des dispositifs qui diffusent des fréquences pour déconnecter les commandes et brouiller les fréquences utilisées pour contrôler le drone. Les Moudjahidines ont eu des résultats concluants en utilisant le système russe « Racal ».

3. Installer des morceaux de verre réfléchissant sur les voitures et toits des bâtiments.

4. Positionner un groupe de snipers expérimentés pour chasser les drones, tout particulièrement ceux de reconnaissance qui volent à basse altitude, à environ 6 kilomètres ou moins.

5. Saturer et brouiller les communications électroniques en utilisant une dynamo ordinaire agrémentée d’une tige de cuivre de 30 mètres de hauteur.

6. Saturer et brouiller les communications électroniques en utilisant un vieil équipement – pour ses fortes fréquences – et le laisser tourner 24 heures sur 24. Il est possible d’avoir recours à des simples mécanismes d’aveuglement attirant les systèmes à ondes électroniques, de la même manière que l’armée yougoslave avait utilisé des fours à micro-ondes pour détourner et brouiller les missiles à système de guidage électromagnétique de l’OTAN.

7. Adopter un ensemble de méthodes pour semer la confusion et changer régulièrement de quartiers généraux.

8. Repérer la présence d’un drone grâce à des réseaux de reconnaissances bien conçus et avertir les formations de cesser tout mouvement dans la zone.

9. Se cacher pour ne pas être repéré, directement ou indirectement, surtout la nuit.

10. Se cacher sous des arbres touffus, la meilleure couverture contre les avions.

11. Rester dans des endroits protégés du soleil, à l’ombre des bâtiments et des arbres par exemple.

12. Couper tous les appareils de communication sans fil.

13. Sortir des véhicules et en rester éloignés, particulièrement lorsque vous êtes poursuivis ou durant un combat.

14. Tromper le drone en allant dans des endroits avec de multiples entrées et sorties.

15. Se servir d’abris souterrains puisque les missiles tirés par ces avions sont généralement de type antipersonnel et non anti-bâtiment.

16. Éviter de se rassembler dans des lieux ouverts et, en cas d’urgence, utiliser des bâtiments à entrées et sorties multiples.

17. Former des groupes de contre-espionnage pour détecter les espions et agents.

18. Créer de faux rassemblements, avec par exemple des poupées et statues placées devant de fausses tranchées pour tromper l’ennemi.

19. Lorsque vous découvrez qu’un drone poursuit votre voiture, quittez le véhicule immédiatement et que chacun se disperse dans des directions différentes, car les avions ne pourront pas poursuivre tout le monde en même temps.

20. Utiliser des barricades naturelles comme des forêts et des grottes lorsqu’il est impératif de s’entraîner ou se rassembler.

21. Dans les zones fréquemment ciblées par l’ennemi, faire de la fumée pour se cacher, en brûlant des pneus par exemple.

22. Les chefs ou les personnes recherchées ne doivent pas utiliser d’appareils de communication, car l’ennemi conserve habituellement une empreinte vocale grâce à laquelle il peut identifier la personne qui parle et la localiser.

Source
vu ici

4 commentaires:

  1. Star Wars, de George Lucas, contient des éléments prédictifs.
    La "Guerre des drones" est un épisode devenu réel.

    Il est bizarre que les grands merdias aient publié ces mesures de protection, et que ce document ait été remis à des journalistes. Y aurait-il une manipulation ?

    Les drones qu'on nous montre complaisamment sont assez grands et sont pilotés par des humains.
    Il est vraisemblable qu'il y ait déjà des drones robots partiellement ou totalement autonomes, dotés d'Intelligence Artificielle.
    D'autre part, il existe des drones très petits, de la taille d'insectes.

    Il est déjà en cours, le déploiement de drones aux Zunis et en GB. Officiellement, pour "surveiller" les réseaux "terroristes domestiques".

    L'ami Pierrot

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  2. Consignes qui semblent tout droit sorties du "manuel des castors juniors" pour ceux qui connaissent .

    "9. Se cacher pour ne pas être repéré, directement ou indirectement, surtout la nuit.
    Ça c'est de la consigne : se cacher pour ne pas être vu ....qui aurait pu y penser?

    10. Se cacher sous des arbres touffus, la meilleure couverture contre les avions"
    C'est sans compter sur les caméras thermiques .

    "4. Positionner un groupe de snipers expérimentés pour chasser les drones, tout particulièrement ceux de reconnaissance qui volent à basse altitude, à environ 6 kilomètres ou moins. "
    Environ 6KM !!! et ils comptent les shooter en snipe ? Ils doivent confondre avec la chasse aux canards .

    "21. Dans les zones fréquemment ciblées par l’ennemi, faire de la fumée pour se cacher, en brûlant des pneus par exemple. "
    Le comble de la discrétion : un bon feu de pneus dans un désert .

    "3. Installer des morceaux de verre réfléchissant sur les voitures et toits des bâtiments."
    Et même si ça fonctionnait ce serait alors le moyen le plus visible de se désigner comme une cible à abattre par ce qu'à part les illuminés qui suivent ces consignes, vous en connaissez beaucoup des gugus qui tapissent le toit de leur baraque de miroirs ?

    Bon j'arrête c'est trop ridicule .

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    1. Ces remarques pertinentes semblent étayer l'hypothèse qu'il s'agit de désinformation, que ce document "fuité" dans les "merdias" contient des conneries qui permettront aux drones de zigouiller ceux qui croiront s'en protéger avec ces "recettes".

      L'ami Pierrot

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  3. http://www.youtube.com/watch?v=CgLkWT246qU

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