26 février 2013

Aux Etats-Unis, l'écriture cursive considérée comme un vestige du passé

Pour Monica Baerg, 16 ans, élève au lycée d'Arcadia en Californie, écrire en attaché ne sert à rien. Les devoirs pour l'école doivent obligatoirement être tapés à l'ordinateur, et pour les messages personnels, il y a les e-mails, souligne la jeune fille. Quand elle doit prendre la plume, Monica écrit en lettres d'imprimerie.

"Personne ne nous a jamais forcés à utiliser l'écriture cursive, donc c'était pénible de mémoriser les lettres", raconte cette adolescente qui a même des difficultés à déchiffrer ce que ses parents écrivent.

Pas moins de 45 Etats américains sont sur le point de lui donner raison. Ils doivent adopter des orientations de programmes scolaires communes pour 2014 en mathématiques et en anglais. Et les belles boucles de l'écriture cursive ne sont plus requises, contrairement à la maîtrise du clavier d'ordinateur, à la sortie de l'école élémentaire.

Plusieurs Etats, dont la Californie, la Géorgie et le Massachusetts, ont ajouté l'écriture cursive à leurs programmes. La plupart des autres, comme l'Indiana, l'Illinois et Hawaï ont laissé le choix aux districts scolaires.

Aux Etats-Unis, les ordinateurs ont envahi les salles de classe. Alors pour certains pédagogues, apprendre à écrire en script est bien suffisant.

"Avez-vous vraiment besoin d'apprendre deux façons d'écrire?", demande Steve Graham, professeur de pédagogie à l'université Arizona State. Il s'est penché sur l'apprentissage de l'écriture, et en conclut: "Il y aura plein d'enfants qui n'apprendront pas la cursive. La compétence la plus importante maintenant, c'est de taper à l'ordinateur".

L'écriture cursive, parée de nombreux bienfaits

L'écriture cursive a néanmoins ses partisans, qui lui trouvent des bienfaits sur les capacités psycho-motrices des enfants. Cette écriture les relie aussi au passé, qu'il s'agisse de la Constitution ou des lettres de leurs parents ou grands-parents. Les boucles de l'attaché en disent également beaucoup plus sur la personnalité que les bâtons des lettres d'imprimerie.

"Je pense que cela fait partie de l'identité et de l'estime de soi", observe Eldra Avery, qui enseigne le langage et la composition au lycée de San Luis Obispo, en Californie. "Il y a quelque chose de très unique et personnel dans une lettre en cursive", ajoute-t-elle.

Autre argument, la rapidité d'écriture. Eldra Avery réapprend à ses élèves de terminale l'attaché, pour qu'ils réussissent mieux leurs examens de fin d'année. "Ils doivent écrire trois rédactions en deux heures. Ils ont besoin de cette rapidité", affirme-t-elle. "La plupart ont appris l'écriture cursive en CE1 et l'ont oubliée. Leur calligraphie est déplorable."

La plupart des élèves américains préfèrent les lettres d'imprimerie qu'ils ont davantage pratiquées. Sur 32 élèves de CM1, seuls trois écrivent en attaché, note Dustin Ellis, enseignant à l'école élémentaire Big Springs, à Simi Valley en Californie. Si cela ne tenait qu'à lui, il limiterait le programme à l'apprentissage de la lecture des lettres attachées, pas à leur écriture.

"Les élèves peuvent réussir aussi bien avec les lettres d'imprimerie", affirme Dustin Ellis. "Quand un jeune peut écrire par texto 60 mots en une minute, cela signifie qu'on part dans une nouvelle direction. L'écriture cursive est de moins en moins importante."

Monica Baerg, elle, voit un seul intérêt à l'écriture cursive. Pour l'adolescente, on devrait apprendre aux jeunes ce type de calligraphie dans un unique but: "Tout le monde veut une signature cool avec plein de belles boucles".

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Paul : le cerveau sera bientôt une option...

6 commentaires:

  1. L'écriture cursive - lettres attachées - avait un but utilitaire ou pratique : écrire plus vite, puisque la pointe de l'objet traceur (de la plume d'oie au stylo) n'a pas à être relevée entre chaque lettre.

    Mais qui écrit encore à la main, de nos jours ? ou seulement quelques mots isolés sur la liste des commissions ou sur le "pense bête" ?

    L'autre aspect, plus subjectif, de l'écriture "attachée" est que cela crée un lien justement entre les lettres pour former le mot.

    Ecrire chaque lettre détachée des autres est donc la perte d'un apprentissage du cerveau, notamment de "former un tout à partir de ses composants", basiquement former le mot entier à partir des lettres attachées entre elles.

    Le formatage éducatif - complétant celui du "clavier", tend à former des individus "incapables de voir le tout à partir des composants".

    Donc par exemple, incapables de critiquer la société en isolant des composantes manifestement dévoyées (chômage de masse, inégalités, corruption, impunité judiciaire des puissants...) pour comprendre que la société est fondée "globalement" sur une idéologie ultra-capitaliste et sur le hold up par une oligarchie.

    Symboliquement, la mise à mort de l'écriture cursive, est la réalisation de cet axiome de l'oligarchie : "Diviser pour régner".

    L'ami Pierrot

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  2. Tout est dit. C'est exactement ce que je pensais. Diviser et empêcher la synthèse.
    Ecrire en attaché fait travailler les neurones de manière à relier les lettres entre elles, à associer. Affligeants ces Américains qui gobent tout. Marie

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  3. C'est fait.
    Mais les lois et décrets ne font que tenter d'asservir.
    D'autres forces se lèvent en compensation qui viendront équilibrer la donne.

    Edouard

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  4. Je ne sais pas trop quoi dire à tout cela...

    Pour moi, déjà, il est dommage que nous utilisions tout un tas de mots anglais, ou "franglais", que nous inventions d'autres mots de vocabulaire, alors que la plupart des français ne connaissent même pas la signification des mots déjà existants.
    L'emploi des sigles dans la conversation (ou plutôt l'écriture) courante, me dérange également, puisque je ne sais pas toujours de quoi il s'agit lorsque je vois écrit "PPM" ou "SMVIPO" (j'invente...) etc.
    Je déplore aussi actuellement l'emploi de la phonétique dans le langage sms '"short message service") et souvent aussi dans pas mal d'autres conversations du net.

    A part ça, je trouve que l'emploi des lettres cursives est assimilable à un art d'écrire. Lorsque je vois des lettres écrites autrefois en pleins et en déliés, je suis assez admirative.
    Pour le bien-être de chacun (et peut-être un peu de "chauvinisme" de ma part ?) je pense qu'il est bien d'apprendre aux enfants toutes les façons de former les lettres. A l'âge où ils développent leur personnalité, c'est à eux de choisir de quelle façon ils préfèrent écrire.
    Et nous ne devrions pas nous offusquer de la façon dont écrivent les gens (malheureusement oui, ils écrivent de moins en moins à l'aide d'un crayon ou d'un stylo) si eux-mêmes sont satisfaits de leur propre écriture.

    Mais nous sommes dans une société où les mimiques, ainsi que les modes, sont très importantes. Et où l'on ne nous donne pas toujours de vrais choix. La mode actuelle est d'écrire en script.
    Je pense malheureusement qu'à l'ère de la technologie poussée, nous ne pourrons pas faire marche arrière. A moins que des événements imprévus ne nous y obligent.
    Ca se peut. La vie est un éternel recommencement.

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    1. PS - ce que font les américains, m'est assez indifférent, à partir du moment où nous ne singeons pas leurs "coutumes". Ce que malheureusement nous faisons bien trop souvent.
      Nous devrions nous occuper sérieusement de nous-mêmes. ^^
      La diversité est une telle richesse !

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  5. L'écriture cursive reflète la personnalité, à ce titre chacun exprime individuellement ce qu'il est, ce qu'il ressent, selon son état et son âge. L'ordinateur ne permet pas cet échange particulier et subtil, une part de l'auteur est absente.

    Cette "petite" loi contribue à l'effacement de nos différences, de nos richesses.
    N'y avait-il pas plus urgent ? Nourrir correctement et soigner toute la population zunienne par exemple.

    Edouard

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