Salon doré [de l'Élysée ]- 4 janvier 1963
Le Général m'offre en étrennes une réflexion de Nouvel An - l'ouverture d'une nouvelle époque pour la France et l'Europe :
« Nous avons procédé à la première décolonisation jusqu'à l'an dernier. Nous allons passer maintenant à la seconde. Après avoir donné l'indépendance à nos colonies, nous allons prendre la nôtre. L’Europe occidentale est devenue, sans même s'en apercevoir, un protectorat des Américains. Il s'agit maintenant de nous débarrasser de leur domination. Mais la difficulté, dans ce cas, c'est que les colonisés ne cherchent pas vraiment à s’émanciper. Depuis la fin de la guerre, les Américains nous ont assujettis sans douleur et sans guère de résistance.
« En même temps, ils essaient de nous remplacer dans nos anciennes colonies d’Afrique et d’Asie, persuadés qu'ils sauront faire mieux que nous. Je leur souhaite bien du plaisir.
« Les capitaux américains pénètrent de plus en plus dans les entreprises françaises. Elles passent l'une après l'autre sous leur contrôle.
« Il devient urgent de secouer l’apathie générale, pour monter des mécanismes de défense. Les Américains sont en train d’acheter la biscuiterie française. Leurs progrès dans l’électronique française sont foudroyants. Qu’est-ce qui empêchera IBM de dire un jour : « Nous fermons nos usines de France, parce que l’intérêt de notre firme le commande » ? Qu’est-ce qui empêchera que recommence ce qui s’est passé l’autre année pour Remington à Vierzon ? Les décisions se prennent de plus en plus aux États-Unis. Il y a un véritable transfert de souveraineté. C'est comme dans le monde communiste, où les pays satellites se sont habitués à ce que les décisions se prennent à Moscou.
« Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées.
« Bien des Européens y sont favorables. De même que bien des Africains étaient favorables au système colonial : les colonisés profitaient du colonialisme. Les nations d'Europe reçoivent des capitaux, certes ; mais elles ne veulent pas se rendre compte que ces capitaux, c'est la planche à dollars qui les crée ; et qu'en même temps, elles reçoivent aussi des ordres. Elles veulent être aveugles. Pourtant, à la fin des fins, la dignité des hommes se révoltera. »
[...]
Charles de Gaulle
4 janvier 1963
Visionnaire le bonhomme!!...
RépondreSupprimerEn effet, de Gaulle avait des intuitions fulgurantes, et surtout le courage et l'honnêteté. Il n'est pas irréprochable à tous points de vue certes; mais c'est le seul chêne que la France ait eu depuis plus d'1 siècle, alors que nous n'avons que des glands.
RépondreSupprimerIl avait décrit l'avancement inexorable de l'Ultra-capitalisme anglo-saxon (dont le symétrique est l'ultra-capitalisme Chinois à présent) :
« Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées.
« Bien des Européens y sont favorables..."
Il avait entrevu la collusion et le corruption des élites Européennes au mondialisme américain. L'UE est le simple reflet de EU.
Enfin, sa vision sur le dollar et sur la planche à dollars était d'une justesse effarante :
"Les nations d'Europe reçoivent des capitaux, certes ; mais elles ne veulent pas se rendre compte que ces capitaux, c'est la planche à dollars qui les crée "
La signification fut explicitée par le boss de l'économie Zunienne (le T Geithner de l'époque) presque 10 ans après De Gaulle:
le sens de la formule de John Connally (Secrétaire au Trésor américain en 1971) s’adressant à un journaliste européen : le dollar est « notre monnaie et votre problème »
L'ami Pierrot
Dsl Paul hors sujet...
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=h7tPA9JyYzM&list=WL90CF414372A5FEDC
MeCha
Bonjour,
RépondreSupprimerClairvoyant et un grand sens de l'histoire.
En voici un autre en plein rétro-pédalage, pourquoi ne pas l'avoir dit avant ?
http://litinerantcitoyen.wordpress.com/2013/01/07/rocard-nous-explique-que-la-crise-de-la-dette-est-un-vol/
Edouard