20 décembre 2012

Fin de partie


Tout le monde a lu la traduction du mot grec : Apocalypse, d'apo calupsè, ce qui se trouve sous le voile, dévoilement, révélation.

Le mot a pris au fil du temps et du goût de l'homme pour la peur et la domination un sens dramatique et catastrophique (encore un mot qui devrait être dévoilé, révélé, il désigne un événement soudain venu d'en haut, envoyé par les dieux ; c'est également le 5ème terme, le dénouement, des tragédies grecques, souvent brutal).

Mais J.R.R. Tolkien a repéré ce qu'il appelle d'un néologisme : eucatastrophe, ou dénouement heureux, bienveillant.

De la même manière, l'apocalypse n'est pas nécessairement l'horreur communément admise.

Si l'on convient de la fonction révélatrice de l'existence sur la conscience, dit plus simplement : que les événements qui nous affectent nous amènent à une meilleure compréhension de nous-mêmes, qui sommes le nombril de notre monde, et donc du monde projeté depuis ce centre, on doit également convenir que chaque jour est une apocalypse, chaque minute, chaque minuscule événement subitement surgi, subi, contient sa charge nucléaire explosive de conscience.

Cette connaissance passe par nous, elle allie l'événement ressenti comme extérieur à l'effet qu'il produit en nous, ce qu'il révèle de nous, nous permet d'apprendre sur nous. C'est pour cela que la connaissance ne s'apprend pas dans les livres, mais bien en vivant : con-naître, cum-nascere, c'est naître avec. La conscience naît de l'événement et de ce qu'il suscite dans notre mécanique.

Cela ne vaut bien sûr que pour ceux qui ont soif de lumière.

Le drame se joue des aveugles qui se laissent rouler dans la tourmente de leurs passions souveraines, et de leurs maudites habitudes. Tout le monde peut apprendre à nager, trouver une planche et se laisser emporter au rivage, où il apprendra à se tenir debout, et à marcher.

Cependant, nombreux sont ceux qui gémissent mais adorent l'obscurité qui les entoure et ce qui s'y trame.

Ce matin, nourrissant successivement : le poisson rouge, le chien, l'âne, les poules, je pensais vaguement : comme tous les jours. Puis vint la correction : comme disaient les Anciens : comme chaque jour que Dieu fait.

L'important n'est pas ce que désigne le mot dieu, qui n'est qu'une convention. Tous les jours n'existe pas. C'est un reflet trompeur, un reflet inhibant, castrateur, une mauvaise drogue qui fait les zombis du métro, du boulot, du dodo,qu'ils prennent "tous les jours à la même heure".

Non.

Tous les jours, la même heure, sont des phantasmes, des expressions délirantes d'esprits malades rivés à leurs chaînes, qui les blessent mais les aident à rester soumis.

Pour qui a décidé de s'enfuir, chaque jour, chaque heure, chaque instant est l'opportunité de comprendre un peu plus.

Ce matin, poussant ma brouette de foin sous la pluie, ma conscience s'est élargie jusqu'à ce point. Révélation, dévoilement. Apocalypse.

Imaginons l'existence terrestre comme une manipulation, une expérience, un jeu virtuel. C'est facile, depuis que les écrivains et le cinéma ont développé ce genre de concept.

Imaginons que nous naissons les yeux fermés. Facile, puisque c'est ainsi que nous venons en ce monde.

Imaginons que le but du jeu, que nous avons oublié, bien sûr - sinon ce ne serait plus un jeu, un test, une épreuve, une expérience - imaginons que nous jouons contre nous-même, ou, plus précisément, contre la part de nous-même qui a un goût prononcé pour la lourdeur, l'obscurité, l'aveuglement, imaginons que la conscience joue contre l'anéantissement, à chaque instant de ce temps insaisissable qui fuit - tempus fugit - et que le succès dépende de notre faculté, notre capacité à soulever le bandeau, le voile qui a été posé sur nos yeux.

Si c'est le cas, je dénonce le scénario actuel de dévoilement des ressorts cachés du monde comme une tentative d'intoxication.



Savoir les turpitudes des puissants, voir remonter la boue et les abominables scandales qui jalonnent la course du monde, les horreurs commises à l'encontre des peuples, des enfants, des pauvres, des animaux, de la nature, certes, c'est un progrès, une délivrance.

Mais s'il ne s'agit que de s'indigner devant un écran, c'est un savoir stérile.

Yves Mounin lisait Avoir : A - voir, ne pas voir. Savoir serait alors : ne pas SE voir. Ne pas voir que tout ce qui ex-iste (à l'ex-térieur)est également en nous. Demeurer séparé, ignorant, aveugle.

Pire, sa conséquence logique : jouir de la chute des affreux qu'on exècre est un recul, une autre abomination, une occasion manquée de sortir à la lumière.

S'il est possible qu'une révélation sur "des choses cachées depuis la fondation du monde" soit en cours,pour des raisons qui échappent à notre compréhension, cette révélation doit nous bouleverser (renversement de la boule, vue comme planète, ou comme ce que l'argot français (perdre la boule) désigne comme la tête, le mental), nous affecter jusqu'au fond de nos entrailles, arracher, renverser les murailles derrière lesquelles nous rampons nous aussi comme des insectes.

Les moyens qu'utilisent les affreux pour mener leurs minables affaires, qui nous répugnent, sont probablement les mêmes que nous employons pour nos discrètes petites combines, et dont nous nous accommodons volontiers.

L'esprit de domination règne aussi bien chez les maîtres du monde qu'en moi. Révélation ?

Qu'importe que les rois deviennent des saints si je demeure le tyran de ma famille ?

Chaque seconde est l'opportunité de soulever un peu plus le bandeau, le voile, afin de nous voir tels que nous sommes.

Car c'est la seule véritable connaissance. Non pas : que font les salauds, qui sont-ils ? Mais : qui suis-je ?

Le but ? L'ultime moment où tous les voiles tomberont. Fin de partie, aussi bien la fin de tous que la mort individuelle. A ce moment, certains auront le visage entièrement découvert, les yeux ouverts, et seront capables de voir ce qui nous a toujours été caché, pour que l'expérience ait un sens.

D'autres auront été à mi-chemin, et pourront peut-être poursuivre.

D'autres seront restés prostrés dans l'ombre, sous les pierres, à rêver d'or et de puissance dans leurs nids infects.

Vieux Jade

6 commentaires:

  1. A lire par toutes et tous, pour mieux se comprendre et comprendre les personnes que l'on rencontre dans notre vie !

    Deux apocalypses pour celles et ceux qui aiment les révélations :

    Respecter veut dire veiller, au sens étymologique.

    Quand vous respectez une personne, vous veillez donc à son bien-être et son intégrité morale et physique.

    Incarner signifie selon le Dictionnaire Le Robert, je cite ; "Revêtir un être spirituel d'une forme charnelle, humaine ou animale".

    Désormais, quand vous regarderez une personne ou un être vivant, pensez à sa dimension spirituelle.

    Vous verrez en appliquant ces deux mots, une vision différente et élargie, compatissante que vous pourrez manifester, en toute liberté et qui épanouira vos relations avec la Vie et les autres.

    Qu'il en soit ainsi !

    Un Frère de la Rose-Croix sur le sentier de la Vie


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  2. Nous avons tous notre part d'ombre.

    Notre regard sur "l'autre" lorsqu'il l'apprécie selon ses oeuvres (l'arbre à ses fruits) n'empêche pas de discerner la même étincelle qu'en chacun. C'est la vision de l'être spirituel.
    Nous vivons actuellement sous une immense tentative de domination entre "frères" humains. Une sorte de cannibalisme qui ne dit pas son nom.
    J'obéis pourtant à cette lumière indicible qui nous unit. Je ne connais pas d'autre vérité plus profonde.
    Il n'empêche Frère de la Rose, si tu le permets, n'étant n'aucune obédience, que je me tiens prêt à la façon d'un guerrier de Lumière je l'espère.

    Sur le sentier de la vie aussi nous sommes des millions,

    Edouard

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  3. citation :
    "Nous vivons actuellement sous une immense tentative de domination entre "frères" humains."

    Non !
    Nous vivons depuis au moins 4000 ans sous une immense domination
    de PRéDATEURS glissés dans des enveloppes charnelles
    piétinant , incendiant
    le sentier de la Vie !
    crucifiant et mortifiant ses millions d'endormis !

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  4. Frère Rosicrucien,
    Si la guérison du vocabulaire passe par les mots, un étranger en ignore les vertus.
    Si le discourt fondateur rencontre le coeur,
    AMORC est il fait pour guérir ?
    Celle ci n'est pas mal non plus.
    http://www.dailymotion.com/video/xamfb0_paracelse-la-moitie-du-monde_shortfilms

    J'aurais aimé conversé avec ce Paracelse, de l'autre moitié de tout.
    Le chemin rose, ne s'ouvre il par 14 ?

    Amitiés,
    Ploz.

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  5. "Le chemin rose, ne s'ouvre t-il par 14 ?"

    Encore un mystère plozien que les 153 poissons ne vont pas éclairer !

    Peu importe, 14 est le nombre présent dans ma vie... oserai-je le chemin arc-en-ciel ?

    Edouard


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