Une étude internationale révèle que les forêts de Patagonie ont enregistré leur plus faible croissance depuis 600 ans. Le trou de la couche d’ozone aurait modifié l’environnement local en perturbant un phénomène climatique propre à l’hémisphère sud, connu sous le nom d’Oscillation Antarctique.
Les conséquences apparaissent seulement aujourd’hui.
Véritable bouclier absorbant près de 99 % du rayonnement ultraviolet émis par le soleil, la couche d’ozone a souffert au cours du vingtième siècle d’une importante diminution de son épaisseur. Le phénomène a conduit à la formation d’un véritable « trou » au-dessus de l’Antarctique, découvert par les scientifiques au début des années 1980.
En 1987, la signature du Protocole de Montréal permet de réduire les émissions de gaz détruisant la couche d’ozone, et stabilise la situation.
Mais ce n’est qu’aujourd’hui, presque trente ans plus tard, que certaines conséquences insoupçonnées de ce phénomène ont pu être découvertes.
Une équipe de recherche internationale vient en effet de montrer qu’au cours des trois dernières décennies, une modification du climat due à la déficience en ozone avait perturbé de manière significative le développement des arbres de Patagonie.
L’étude, dirigée par l’ingénieur forestier argentin Ricardo Villalba, a fait la une de la revue américaine Nature Geoscience. Le scientifique explique que la vitesse de croissance des forêts du grand Sud au cours des 30 dernières années est la plus basse jamais enregistrée depuis 600 ans, en raison d’une diminution marquée des précipitations.
Les pluies se sont déplacées vers le pôle
Ce retard a pu être mis en évidence en étudiant les cernes de cyprès et d’araucarias, deux espèces d’arbres emblématiques de la Patagonie vivant en moyenne entre 500 et 800 ans.
La modification du climat de Patagonie est imputée à un phénomène peu connu : l’Oscillation antarctique de l’hémisphère sud (OAHS).
L’OAHS se caractérise par une variation cyclique des différences de pression atmosphérique entre plusieurs points du Pacifique Sud. Le cycle comporte deux phases : l’une positive, au cours de laquelle les vents chargés en pluie se déplacent vers le sud, et l’autre négative, repoussant au contraire les précipitations vers le nord, en direction des terres.
Selon les scientifiques, le trou de la couche d’ozone aurait prolongé la phase positive, provoquant un déficit important des précipitations et une augmentation des températures dans la zone antarctique.
Effet inverse en Océanie
L’OAHS concerne toute la zone australe, c’est pourquoi les chercheurs ont voulu savoir quelles étaient les conséquences de ce phénomène de l’autre côté du pôle, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
À leur grande surprise, ils ont découvert que depuis les années 1980, les forêts humides d’Océanie avaient au contraire poussé beaucoup plus vite que prévu.
Dans cette partie du globe, beaucoup moins aride, l’OAHS n’a pas modifié les niveaux de précipitation, mais a provoqué un léger réchauffement qui a accéléré la croissance des arbres.
Les efforts consentis par les pays signataires du protocole de Montréal devraient permettre un retour à la normale de la couche d’ozone à l’horizon 2050, mais il est probable que ce phénomène continuera à modifier l’environnement d’ici là.
« L’étape suivante consiste à étudier l’impact du trou de la couche d’ozone sur d’autres espèces et dans d’autres régions », conclut Ricardo Villalba.
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