Il y a 20 ans, nous écrivions notre premier livre, « La pensée traditionnelle face à la modernité, deux visions du monde irréductibles ». Que s’est-il passé depuis ? Où en sommes-nous ? La marche de Kali se fait de plus en plus pressante et oppressante, jamais nous n’avons autant ressenti cette « accélération de l’histoire » et l’uniformisation du monde qui l’accompagne ; le moment fatal approche où le « temps sera changé en espace ».
Les gens sentent bien que rien ne va plus, les forces chaotiques n’en finissent plus de se répandre à travers les crises (voulues), les guerres qui n’ont jamais été aussi nombreuses et destructrices, perfides et perverses, une société atomisée, « anomique » (qui est comme le reflet des individus qui la compose) où l’inversion des valeurs atteint son paroxysme, l’âge de la grande Parodie est là…Serait-ce la Fin des Temps ?
Il nous semble donc opportun, aujourd’hui, de rappeler ce que d’éminents spécialistes de la cyclologie traditionnelle ou de la doctrine traditionnelle du mouvement cyclique de l’histoire, ont pu écrire à ce sujet afin de nous éclairer un peu plus sur ce thème de la cyclologie, science sacrée de la structure qualitative du temps. Nous rappelons en premier lieu que tout développement cyclique, c’est à dire toute manifestation, implique un éloignement graduel du Principe, une dégénérescence, une involution, une chute au sens judéo-chrétien (c’est ce que suggère le symbole de la spirale entre autre…) : replacé dans ce contexte, le monde moderne représente la manifestation des possibilités les plus basses du cycle. Nous ne pouvons que vous encourager à lire les ouvrages capitaux de Gaston Georgel, qui s’appuient, entre autres, sur l’oeuvre magistrale de René Guénon. « N’éteignez pas l’Esprit. Ne méprisez pas les prophéties. Au contraire, éprouvez tout et retenez ce qui est bon… » Saint Paul ; retenez ce qui est bon: voilà un conseil plus que judicieux pour notre humanité.
La Prophétie, donnée non-humaine, divine, transcendante, s’adresse à l’intelligence du coeur, elle dépasse pour ainsi dire, tout en l’englobant, la seule raison. Nous nous permettons donc de livrer ceci à votre sagacité : Les travaux de Gaston Georgel, se basant sur les données traditionnelles des cycles cosmiques (hindous, chaldéens, grecs, Judéo-chrétiens…) mais également en confrontant ces données avec d’autres prophéties, la Prophétie des Papes de Saint Malachie, la prophétie du Roi du Monde de Ossendowski, les écrits de Nicolas de Cuse, situent cette Fin des Temps vers 2030 (bien qu’il soit impossible de préciser cette date exactement car « Nul n’en connait ni le jour, ni l’heure » car ce « moment » crucial se situe hors du temps, en effet, le temps ne sera plus!).
La période 2012-2030 serait une période de destructions, de guerres, dernières épreuves terribles que l’humanité endurera. Cette date de 2030 est toute « théorique » pour Gaston Georgel qui estime que la date « réelle » serait 2028, soit 2000 ans après le début de la vie publique du Christ et 111 ans après la date cruciale de 1917 (avènement du communisme, déclaration Balfour).
Il est à noter que cette date de 2030 pourrait correspondre à celle de l’eschatologie islamique, telle que développée, entre autre, par l’excellent savant Sheikh Imran N. Hosein. Dans plusieurs conférences ce dernier précise que la venue du Dajjal, le faux Messie, l’Antéchrist, ne saurait se trouver loin de nous…certainement pas 50 ans, mais plutôt 10 voire 20 ans selon lui…nous citons ici de mémoire.
Nous ne rentrerons pas dans le détail des calculs, cycles premiers, secondaires etc, et laissons libre le lecteur de se tourner ou pas vers la lecture de ces ouvrages qui fourmillent de données, d’informations essentielles afin d’approfondir la connaissance de cette « Musique des Sphères » du Divin Architecte qui a tout crée suivant le nombre, le poids et la mesure.
Mais, si le monde moderne, qui doit clôturer le Kali-Yuga, le dernier âge, est le monde le plus décadent, le plus violent, le plus agressif, le plus obscur, le plus pauvre intellectuellement et spirituellement, il faut absolument noter, au risque de passer à côté de son absolue nécessité, qu’il s’intègre parfaitement, le plus harmonieusement possible, dans ce concert des âges voulu par Dieu, il participe nécessairement du processus cosmologique en en constituant comme l’extériorité anéantissante. Ce monde-ci n’est ni « bien » ni « mal », il est nécessaire !
Il ne sert à rien de le haïr, il faut le comprendre, comprendre son harmonieuse insertion dans la Totalité, car seule cette vision globale peut nous amener à percevoir la jonction des extrêmes qui nous attend. Cet âge de Fer possède ses propres privilèges qui, par un processus de compensation, allègent les souffrances inhérentes à ce monde… Souvenez-vous qu’il avait été demandé très peu aux ouvriers de la onzième heure, ils reçurent même récompense que ceux qui avaient supporté tout le poids du jour et de la chaleur.
Le privilège le plus important qui nous est accordé est celui de la « prononciation du Nom Divin », attesté dans toutes les traditions. L’invocation de Dieu seule permettra à l’homme d’assurer le salut de son âme : la prière onomastique. Le grand saint Hindou Shri Ramana Maharishi assurait même certains de ses visiteurs occidentaux, qui croyaient vaguement en « quelque-chose » de supérieur (vous conviendrez que ça reste vague effectivement) que cela était suffisant.
Transfigurer par l’Amour, qui est Vérité et Lumière, le monde de Kali, se tenir silencieux devant le brouhaha chaotique de la modernité, voilà le vrai combat héroïque le plus efficace, quoiqu’en pensent les affamés d’agitation, ne parlons pas d’action, car l’action au sens traditionnel est tout autre chose que cette vaine et stérile agitation, qui ne fait que rajouter du chaos au chaos. La rénovation totale du monde passe inévitablement par celle de l’homme, en fonction de l’analogie du macrocosme (le monde) et du microcosme (l’homme).
« L’homme est un petit cosmos et le cosmos est comme un grand homme » comme le souligne Ibn’ Arabi.
Cette loi de correspondance met en relief l’unité du monde et l’intrinsèque solidarité de l’homme envers tout ce qui existe.
« Qui n’a pas rejeté sa volonté n’a pas La Volonté » (Rumi). Retrouver, ne serait-ce que par instants fugaces et qui parfois nous semblent insignifiants, le Non-Agir (Wu-Wei) qui est la Voie du Ciel et par conséquent la véritable Action. « ‘Je’ ne fais rien » nous dit la Bhagavad Gîta, phrase à laquelle celle de Saint Jean fait écho: « Je ne fais rien de moi-même ».
« Avant de vouloir réformer les institutions, réformez-vous vous mêmes, après nous verrons ! » avertissait Ramakrishna. C’est pourquoi devant la dureté du monde, qui va de pair avec sa physicisation (dont parlait René Guénon), il est nécessaire d’ouvrir son coeur à l’Intelligence divine qui réchauffe et apaise et permet, si Dieu le veut, de transcender le monde manifesté.
La Réalisation spirituelle, qui est le but ultime de l’homme, constitue par conséquent le meilleur moyen de lutter contre la décadence qui sévit dans le monde d’aujourd’hui : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroit » Saint Luc. Trouver la Lumière intérieure qui est « Verbum, Lux et Vita » de laquelle découlera inévitablement la Cité de Dieu, voilà le « surcroit » dont parle le Christ !
L’Amour qui unit et ne divise pas, l’Amour qui résout les contraires, qui est Liberté absolue, comment ne pas penser à la recommandation de Maître Eckhart : « Gardez-vous de vous conduire comme si vous étiez ceci ou cela, mais tenez-vous en la liberté de la nature humaine indivisée. C’est pourquoi si vous voulez être Un, abandonnez toute négation car la négation cherche et sépare. » Il ajoutera même: « C’est le non qui brûle en enfer. »
Nous avons employé le mot « Amour », mais nous aurions pu parler d’ « Intelligence », de « Conscience », ces mots sont intrinsèquement similaires dans leur essentialité, ils ne font qu’un, représentant les différentes facettes d’une seule et même Réalité.
Comme le Sat-Chit-Ananda de la Tradition Hindoue: Etre, Conscience, Béatitude, termes exprimant par le langage cette même Réalité, La Réalité Incréee et Incréable, Inexprimable et Inexprimée dont le Silence représente le symbole le plus éloquent en suggérant l’incommunicable état qui est au-delà de toute pensée. Une infime partie des hommes du dernier âge, de l’âge de Fer, cherchent à contrôler l’humanité, se prennent pour Dieu dans une inversion satanique de l’ordre des choses, leur but est de maintenir la majeure partie des êtres humains ignorants, à la périphérie de leur propre centre, de leur propre être, périphérie qui est alors le lieu de l’illusion et de la manipulation, c’est pourquoi ce monde est le monde de l’excentricité, du divertissement, bref, de tout ce qui est capable de troubler l’intériorité de l’homme, n’existe que ce qui est extérieur, tangible; ce monde du tout-physique, où il ne peut y avoir d’autre réalité que celle que l’on veut bien vous montrer maintient l’homme dans cet état de soumission totale, l’homme n’a jamais été finalement aussi esclave et l’ironie consiste en ceci que jamais il ne s’est cru aussi libre et affranchi de tous les soi-disant obscurantismes des âges précédents, mensonge et inversion totale !
« Comme certains parlent de pureté, qui se sont toujours considérés comme supérieurs au porc domestique. Comme certains parlent de liberté, qui adorent et repeignent leurs chaînes. Comme certains parlent d’amour, qui n’aiment que l’ombre d’eux-mêmes. Ou de sacrifice, qui ne se couperaient pour rien le plus petit doigt. Ou de connaissance, qui se déguisent à leurs propres yeux. Comme c’est notre grande maladie de parler pour ne rien voir. » René Daumal « La guerre sainte ».
Comme ces mots sonnent juste… Cette volonté de maintenir l’homme à la périphérie de son être, loin de la Source de Lumière, s’accompagne forcément également du maintien de la population dans un état de peur permanent, c’est l’ « anxiogènité » totalitaire (il faut noter que le but des soi-disant chaines d’information et leur multiplication, n’est pas autre: noyer la conscience de l’individu sous un flot incessant d’informations anxiogènes: crises (voulues), guerres, faits divers sordides, maladies etc etc) qui soumet l’individu en le contraignant à un état de stupeur paralysant (stupeur et stupidité ont la même racine, stupefieri, être frappé d’étonnement, être engourdi…) état dans lequel celui-ci abandonne alors le peu de liberté(s) qu’il lui reste. On contrôle mieux, effectivement, par la peur qui fige les facultés intellectuelles de l’être humain.
Mais l’âge des Ténèbres ne peut ainsi répandre son voile d’obscurité que si, et seulement si, la Source de Lumière reste éloignée…car, en effet, l’obscurité n’existe pas, n’a pas de réalité propre…c’est tout simplement une absence de lumière. ( Les travaux de Mark Passio sur ce sujet de la manipulation, du « mind control » sont très judicieux…pour ceux que cela intéresse.). Cette Source de Lumière est là, Présente de toute éternité (« L’instant où Dieu créa le premier homme, et l’instant où le dernier doit disparaitre, et l’instant où je parle, sont égaux en Dieu et ne sont qu’un instant » Maître Eckhart), ce n’est pas un état à conquérir, mais un état à redécouvrir.
Pour conclure, nous reprendrons les dernières lignes de notre ouvrage: L’âge sombre de l’âge sombre, oppressante actualité et incontournable destin, est une épreuve qui nous est impartie, et qui vécue comme telle peut être le prélude à une quête spirituelle, intimant des interrogations profondes et intériorisantes : le monde pour le Sage n’est qu’une apparence qui n’a aucune réalité.
Cette voie héroïque, en ces temps où la lumière spirituelle est voilée et les enseignements cachés, se trouve en quelque sorte compensée en dépit de la loi descendante des cycles: car, si le Kali-Yuga, et plus encore sa phase finale (le monde moderne), est un âge de destructions terribles, ceux qui y vivent et ne sont pas emportés par le courant obtiennent, en se donnant fort peu de peine, des fruits difficilement accessibles aux hommes des autres âges.
« Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point. » Saint Jean.
Thierry de Crozals, pour Mecanopolis
Source
Je ne dirais pas vraiment qu'il nous faut retrouver le 'non-agir' puisque notre condition physique exige de nous que nous nourissions "matériellement" (donc, que nous agissions pour cultiver la terre, construire des abris qui nous protègent des intempéries..., mais qu'il nous faudrait expérimenter et vivre au quotidien le 'non-réagir' dans le sens où nous sommes conscients que ce sont seulement quelques personnes parmi toute l'humanité, qui tentent de semer la haine entre les peuples ou entre les membres d'une même famille, qui recrutent des mercenaires pour tuer etc.
RépondreSupprimerMais avant tout, je pense qu'il nous faut abandonner notre égoïsme, et penser que nous sommes UNE humanité, et non UN individu.
Advienne que pourra.
UNE humanité, et même bien plus. Nous sommes faits de la poussière du cosmos, et notre esprit n'a aucune autre limite que celle que notre inconscience lui assigne.
SupprimerLittérature spiritualiste...je note que ce n'est plus 2012 mais 2028 ou 2030 à présent...
RépondreSupprimerUne "perle" dans ce texte, quand même :
« Avant de vouloir réformer les institutions, réformez-vous vous mêmes, après nous verrons ! » avertissait Ramakrishna.
C'est bien là le fond de notre problème...collectivement nous sommes devenus lâches, veules, consommateurs, hédonistes, et refusant les responsabilités. C'est certain que les Oligarques ont du pain blanc avec ça.
L'ami Pierrot