24 juillet 2012

L'homme machine

La vie est elle gouvernée par un groupe de gens conscients ? Où sont-ils ? Qui sont-ils ?
Nous voyons exactement l'opposé : que la vie est gouvernée par ceux qui sont les moins conscients, par ceux qui sont les plus endormis.
Peut-on dire que nous observons dans la vie une prépondérance des éléments les meilleurs, les plus forts et les plus courageux?
Rien de tel. Au contraire, nous voyons une prépondérance de la vulgarité et de la stupidité de toutes sortes.

Pouvons nous dire que des aspirations vers l'unité et l'unification peuvent être observées dans la vie ?
Rien de tel bien sûr. Nous ne voyons que divisions, nouvelles animosités, et nouveaux malentendus.

De sorte qu'il n'y a rien qui désigne un processus d'évolution dans la situation actuelle de l'humanité.
Au contraire, quand nous comparons l'humanité avec un être humain, nous voyons clairement un développement de la personnalité au dépend de l'essence, une croissance de ce qui est artificiel, irréel et extérieur, au prix de ce qui est naturel, réel et qui nous est propre.

Avec ceci, nous voyons une croissance de l'automatisme.
La culture contemporaine requiert des automates. Et les gens sont sans aucun doute en train de perdre leurs habitudes acquises d'indépendance pour se transformer en automates, en fragments de machines.
Il est impossible de dire où est la fin de tout ceci ni où est la sortie – ou s'il y a une fin et une sortie.

Une seule chose est certaine : l'esclavage de l'homme croît et augmente. L'homme est en train de devenir un esclave consentant. Il n'a plus besoin de chaînes. Il commence à apprécier son esclavage, à en être fier. Et c'est la chose la plus horrible qui puisse arriver à l'homme.
 
Ceci parce que les gens croient au progrès et à la culture. Mais il n'y a pas de progrès. Tout est pareil qu'il y a des milliers et des dizaines de milliers d'années. Les apparences changent. Mais l'essence ne change pas. L'homme reste exactement le même. Les peuples 'civilisés' et 'cultivés' vivent avec exactement les mêmes intérêts que les plus ignorants des sauvages. La civilisation moderne est basée sur la violence, l'esclavage et les bonnes paroles.

D'une manière générale, il y a toutes les raisons de penser et d'affirmer que l'humanité est au point mort, et de là il y a une ligne droite vers la ruine et la dégénérescence.

"...A quoi vous attendiez-vous ? Les hommes sont des machines. Les machines doivent être aveugles et inconscientes, elles ne peuvent pas être autrement, et leurs actions doivent correspondre à leur nature. Tout arrive. Personne ne fait rien. 'Progrès', 'civilisation', au sens propre, n'apparaissent que par des efforts conscients. Ils ne peuvent pas apparaître d'actions mécaniques inconscientes. Et quel effort conscient peuvent fournir des machines ? Et si une machine est inconsciente, alors des centaines de machines sont inconscientes, et des milliers, ou des centaines de milliers, ou un million. Et l'activité inconsciente de million de machines doit nécessairement résulter en la destruction et l'extermination.

Gurdjieff - 1912
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Nous sommes actuellement à un de ces carrefours de civilisation où nous risquons de basculer vers un gouffre, par notre impossibilité de travailler sur nous mêmes ...

5 commentaires:

  1. MERCI POUR LE PESSIMISME...HEUREUSEMENT QUE TU ES LE SEUL A PENSER AINSI...

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  2. Ben non hélas ; et il n'est pas le seul, et je dis la même chose depuis longtemps.
    Ca me rappelle l'histoire de la première bactérie qui, en prenant conscience de sa vie de bactérie, se "dit" au bout de quelques minutes qu'elle commençait à ressentir une certaine fatigue. Bien ennuyée, elle ne savait pas comment se procurer de l'énergie jusqu’à ce que la deuxième bactérie arrive à sa portée.
    Et là, hop, l'acte de "génie" qui créa l'organisation du monde pour la suite : la première boulota la seconde pour lui piquer son énergie. Puis en fit de même avec la troisième et la quatrième.
    Repue elle se "dit" qu'elle se devait d'assurer sa pérennité et se reproduisit par division (elle faisait comme elle pouvait la pauvrette à l'époque). Et elle vit que c'était bien et continua jusqu'à ce qu'elle se fasse bouloter par une plus forte et plus jeune, mais là c'est une autre histoire.
    Et la vie sur cette planète s'est ainsi installée et développée. Manger ou/et être mangé. De la plus infime des bestioles à l'animal le plus gigantesque. Tous fonctionnent sur le même mode : survie.

    Aujourd'hui, si l'homme ne mange plus ses semblables, quoique parfois..., il les dévore d'une autre manière afin de tirer un maximum de leur énergie en usant d'un minimum d'effort.
    Avant la coercition et donc la soumission s'exerçait par la peur, aujourd'hui elle s'exerce... par la peur. Pas la même ; pas besoin de tuer, de faire des exemples par la souffrance. Le chômage et ses conséquences suffisent, associé à une insécurité entretenue.

    Ce sont ainsi des prédateurs psychopathes qui dirigent ce monde depuis des siècles, sans scrupules, sans honte, sans remords, sans compassion, sans conscience (observez leur regard)et qui transmettent leur patrimoine génétique à leur descendance qui agit de même.
    Et ils ont de serviles servants, à tous les échelons qui leur obéissent au doigt et à l’œil en échange de quelques miettes ou en espérant pouvoir passer au travers des gouttes.

    Et nous sommes des gnous et ils sont les grands carnivores qui nous prélèvent dans le troupeau.
    Imaginez alors un instant un million de gnous allant, sans reculer et en faisant preuve d'esprit de corps, piétiner en même temps un lion. Qui est le plus fort ?

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  3. Ce texte date de 1912, vraiment ? Cela fait donc 100 ans qu'il est d'actualité - je suis aussi pessimiste que Pierre et Paul, si on veut voir ça dans le costat des faits - (^^)
    Il aurait pu même être écrit bien avant ça, d'ailleurs.

    "Pas besoin de tuer, de faire des exemples par la souffrance" dites-vous, ami Pierrot ? Ben alors que fait-on de ceux qui ne veulent pas entrer dans le moule ? Kadhafi ? Al Assad ? Eh bien, on les traque, on les assassine et leur peuple avec, bien entendu, au passage.
    Ils n'ont pas d'état d'âme, ceux aux regards fuyants. Ils ne se trouvent d'ailleurs pas que dans la troupe de nos dirigeants (plus ou moins cachés, d'ailleurs.)
    Et des exemples de souffrance, n'en avons-nous pas un peu partout dans le monde ?

    Quoi qu'il en soit, nous pouvons toujours espérer que les gnous se réuniront un de ces quatre et s'apercevront un jour que l'union fait la force et qu'il ne suffit pas que quelques-uns d'entre eux seulement soient sacrifiés pour que tout le troupeau soit débarassé des lions...
    Ah ! l'espoir !!!!

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    1. Kadhafi ? Al Assad ?
      Et bien ce sont des dictateurs à l'ancienne. Et il leur est arrivé et arrivera la même chose qu'à la majorité des dictateurs. Rares sont les exceptions.

      La dictature d’aujourd’hui n'a pas besoin de violence. Au contraire, à terme la violence est l'ennemie de la dictature.
      Et pourtant, la dictature d'aujourd'hui est tout aussi, voire bien plus violente que celle d’antan. Mais la violence s'exerce sur l'esprit, et non sur le corps.
      Elle transforme à divers degrés chacun de nous en un mini-dictateur pour lui-même, surtout, et pour les autres. Souvent à notre insu.
      Les mécanismes de manipulation sont de plus en plus subtils. C'est un détournement du résultat du travail des scientifiques œuvrant dans le domaine des neurosciences.

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  4. Le texte est bien pessimiste. Mais au fond, il décrit une fin de cycle, et c'est normal que l'on ressente une angoisse devant l'écroulement des valeurs et surtout devant l'aveuglement des masses.
    Mais cette fin de cycle résulte en grande partie, des machinations de l'Elite. Certes, la masse humaine suit bêtement, sans prendre conscience de ce que l'Elite lui prépare. L'humanité est par nature, assez veule et lâche, et répugne à se creuser les méninges et à remettre en question ses modes de vie...alors c'est un "choc violent" qui s'en charge.

    Comme ces "accidents" ou ces "graves maladies" ou autres "désastres" qui surviennent dans le long fleuve tranquille de la vie, et qui conduisent, certains, à changer de chemin.

    Alors en ces "fins de cycles", car il y en eut d'autres dans l'histoire des civilisations humaines ! l'histoire est un cimetière d'empires et de civilisations ! ne cédons pas au découragement. Nous sommes proches, très proches, du fond du trou. Après, on ne peut que remonter...peut-être pas aussi nombreux certes...

    L'ami Pierrot

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