27 janvier 2012

A Mesdames et Messieurs les journalistes, à propos de la grève générale en Belgique ce lundi 30 janvier

Mesdames, Messieurs les journalistes,

La manière dont vous, les médias, présentez à la population la grève de lundi n’est pas digne de votre vocation de journaliste ; vous trahissez la responsabilité qui est la vôtre dans le décodage et la transmission de l’information. Il n’y a chez vous, ni analyse de fond, ni explications sur l’origine profonde de la crise actuelle du système financier.

Une enquête digne de ce nom vous aurait fait découvrir rapidement que la dette monstrueuse que l’on demande aux peuples de rembourser, la cause de cette austérité qui provoque cette grève générale qui aura lieu lundi, cette dette enfin, NOUS N’EN SOMMES PAS RESPONSABLES. Elle nous a été imposée par un système financier dévoyé dirigé par une minorité d’acteurs internationaux qui se jouent des lois, et qui ont la possibilité de faire payer les montants astronomiques qu’ils ont perdus en jouant au casino, à une population mondiale sans défense.

Vous vous contentez plutôt de présenter ce mouvement social comme la énième manifestation de mauvaise humeur de travailleurs, ou de relayer un discours culpabilisant, comme quoi la population aurait vécu au-dessus de ses moyens. C’est FAUX ! La vérité est qu’ils ont vécu au-dessus de NOS moyens, jouant avec l’argent et la vie de millions (voire de milliards) de personnes. Et moins il sera donné l’occasion à cette population de montrer qu’elle n’est pas d’accord avec cette situation – si ces problèmes ne sont pas analysés de manière factuelle, professionnelle, juste – plus ces irresponsables se sentiront justifiés dans leur attitude, et continueront à faire payer aux autres leur crise, et celles qui viendront après.

Si vous refusez de jouer le rôle de contrepouvoir qui est le vôtre, PAS NÉCESSAIREMENT FACE AU POLITIQUE comme vous en avez l’habitude, vous porterez la responsabilité finale de la destruction du modèle social qui a mis des centaines d’années à émerger, le résultat de combats incessants pour lutter contre la barbarie, ces luttes qui ont placé l’être humain avant l’argent.

Il ne vous est pas demandé davantage que d’approfondir le débat. Interrogez des personnes ayant une vue neutre, ou en tout cas qui se situent en-dehors des milieux financiers ou bancaires qui, de leur côté, ne cherchent qu’à promouvoir l’idéologie correspondant le mieux à leurs intérêts. Lesquels sont bien sûr en totale contradiction avec ceux des représentants les plus fragiles de la société.

Chacun sait que les inégalités se creusent et pourtant, vous vous désintéressez des raisons profondes d’une telle évolution. Ah ! pour des journalistes, vous n’êtes vraiment pas très curieux ! Pourquoi ne pas prendre exemple plutôt (il y en a d’autres heureusement) sur M. Paul Jorion, à la fois anthropologue – ce qui lui permet d’adopter une certaine hauteur de vue ainsi qu’une rigueur scientifique que les politiques ou les financiers peuvent se permettre d’ignorer – et aussi économiste ayant évolué au cœur de la crise des subprimes – ce qui lui permet cette fois d’avoir une compréhension globale des mécanismes en jeu dans le contexte actuel ?

D’où vient la dette ? Par quel mécanisme a-t-elle été transférée du privé vers les États, et pour quelle raison précise nous est-il demandé, à nous in fine, de la rembourser ?

Cette dette n’est PAS UNE FATALITÉ, et la présenter comme telle est une grave erreur.

Cette grève n’est pas une grève comme les autres : elle préfigure le combat de société qui va se jouer bientôt à une autre échelle, entre les peuples et un petit monde qui réclame l’argent qu’il a perdu, et ceci, quel que soit le prix à payer par ceux-là.

Avec mes sincères salutations,

Érik Lambot sur le blog de Paul Jorion

Et pour le fun, 2 vidéos à regarder en entier, concernant l'Irlande, sur le blog Gol-up :


3 commentaires:

  1. Trés bon article, je regrette seulement que Paul Jorion soit nommé. En effet j'ai de gros doute sur le but recherché par ce Monsieur, je n'oublie pas qu'il fût introduit auprés des Médias par... J. Attali et qu'il a enscensé le discours de Toulon de N. Sarkosi(le premier).

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  2. Les articles publiés sur son blog sont très riches en informations de qualité, mais il est vrai qu'il essaie désespérément de proposer des solutions afin de sauver le système en place et de le faire perdurer. En cela il fait partie intégrante de la gouvernance actuelle.

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  3. Cet article est tout de même dans la sous évaluation de la réalité cachée.
    Oui, les médias sont complices (ne disons pas qu'ils sont aveugles et sourds) car ils sont "contrôlés" par les "investisseurs" et par leurs propriétaires - c'est à dire les multimilliardaires de l'Elite (De Serge Dassault à Ted Turner en passant par R Murdoch, le groupe Rothschild, Martin Bouygues etc).
    Il n'y a pas (quasiment) de presse libre. Il y a un presse de propagande et de censure, c'est tout.
    L'autre point inexact, est de laisser entendre que les "investisseurs internationaux" sont simplement "irresponsables" et "trop cupides" comme c'est écrit là:
    "plus ces irresponsables se sentiront justifiés dans leur attitude, et continueront à faire payer aux autres leur crise, et celles qui viendront après."

    Non, ils ne sont pas irresponsables, ils sont fort intelligents, ils travaillent en groupe et se concertent dans les "forums de Davos" et "Bilderbergs" et autres comme les réunions mensuelles du club "Le Siècle".
    Ces Elites appliquent un PLAN, ce plan peut être retrouvé dans ses grandes lignes dans les écrits d'Albert Pike, mais aussi sur le site internet de la CFR (Council on Foreign Relations) par exemple. Dans certains "romans d'anticipation" aussi.

    Le PLAN, mûrement réfléchi, élaboré et exécuté avec un très grand soin, c'est de ruiner l'économie réelle avec une économie virtuelle : la fameuse "Finance" pour rendre l'humanité esclave, provoquer misère et révolte, puis chaos et guerres, extermination de masse, réduire la population à 500 millions (1° commandement sur la table du monument Georgia Guidestone aux Zunis) et que les Elites règnent en maîtres absolus, seigneurs féodaux, sur les serviteurs aux ordres (police, armée, "justice" etc) et les esclaves (abeilles ouvrières).
    Tout est décrit dans le roman 1984 et dans le meilleur des mondes.

    Protester et se révolter contre le système financier présente le risque de faciliter la phase chaos et la répression pour la dictature.

    La résistance passive, la grève du zèle, la désobéissance civile citoyenne, le refus de payer impôts et taxes, d'acheter aux corporations, le refus d'acheter la presse aux ordres, cela me semble une bien meilleure option pour paralyser le système et qu'il s'effondre en douceur.
    Mais cette résistance intelligente, est davantage une profonde transformation de soi même, de sa conception de la vie, le refus de la "marchandisation" et la primauté à l'Ethique...La révolution est d'abord intérieure.

    L'ami Pierrot

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