C’est la lecture de cet article sur une « entreprise innovante » qui a été le moteur de ce que vous allez lire. Parce qu’à force d’observer le « monde libre » glisser en douce vers les pires sociétés totalitaires futuristes, il y a un moment où on a envie de dire stop…
« Demain, des robots patrouilleurs pour seconder les vigiles ». C’est le titre de l’article. Chouette alors, j’en rêvais et ils l’ont fait, elle est pas belle la vie moderne du début du XXIème siècle ? Tellement chouette qu’un peu d’histoire est nécessaire. Parce que tout est lié, rien n’est anodin, il n’y a pas de fumée de sans feu et les carottes sont (presque) cuites.
La loi sur la rétention de sureté : un signe des temps
La Démocratie dont parlait Kitetoa dans un article récent trouve encore quelques soutiens prêts à la défendre, c’est vrai. Mais la Démocratie c’est aussi (et surtout) un consensus sociétal scellé par des lois (liberticides parfois, si, si). On peut avoir une Démocratie (remarquez le grand « D ») qui exécute des adolescents ou des malades mentaux par exemple. C’est le cas de la plus grande d’entre toutes, les United State of America. Une autre démocratie peut décider de voter une loi de « rétention de sûreté », c’est-à-dire d’allonger au delà de la peine, l’emprisonnement de celui qui aura pourtant payé sa dette en subissant son…emprisonnement. Cette forme de refus de la capacité d’une société d’accepter qu’une fois la peine accomplie, certains individus ne peuvent plus être déclarés de nouveau des citoyens comme les autres et doivent encore être maintenus en détention, sous prétexte qu’on estimerait leur « dangerosité trop élevée » a été appliquée en Allemagne en 1933. La loi sur la Sicherungsverwahnung avait comme objet de lutter contre « les récidivistes dangereux » en vue d’assurer « la sécurisation de la société ». Le chancelier de l’époque l’avait donc signée. Il s’appelait Adolphe Hitler.
En France, en janvier 2008, a été votée la loi sur la rétention de sûreté, la même que celle de l’Allemagne de 1933. Elle s’exprime de la manière suivante : « cette personne peut, à compter du jour où la privation de liberté prend fin, faire l’objet d’une rétention de sûreté lorsqu’elle présente, en raison d’un trouble grave de la personnalité, une particulière dangerosité caractérisée par la probabilité très élevée de commettre à nouveau l’une de ces infractions. » Les termes sont les mêmes, les raisons invoquées identiques. Le rapporteur des lois de l’UMP avait d’ailleurs invoqué, au moment où un débat s’était installé à propos de la loi, que celle-ciexistait en Allemagne. Le Canard enchaîné avait découvert par la suite la signature d’Hitler sur ce texte…
Pas besoin de dictateur pour créer une dictature
Si un faisceau de présomptions est réuni pour nous inciter à la plus grande vigilance vis à vis de l’orientation générale de la société sécuritaire de surveillance dans laquelle nous vivons, soyons honnêtes avec la réalité qui nous entoure : la Démocratie tant aimée n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ils s’en trouveront pour venir clamer que « si tu peux toujours dire ce que tu dis sur Reflets, c’est qu’on est en démocratie« , et venir expliquer « qu’on ne peut pas comparer notre société avec celle de 1984 de Georges Orwell, parce que tu comprends, 1984 c’est une dictature, et la notre, ben c’est pas une dictature« . Non, ami internaute, la société de 1984 n’est pas une dictature : c’est une société de propagande, où le langage est détourné par le biais de la novlang, c’est à dire une langue de bois qui retourne les concepts. Tout le monde est consentant dans 1984. Pour le bien de tous. Dans 1984, Le ministère de la vérité est en fait un ministère de la propagande qui modifie l’histoire pour la faire coller avec les discours du pouvoir en place. Comme un ministère de l’immigration et de l’identité nationale s’est préoccupé de mettre en camps de rétentions des « quotas d’étrangers en situation irrégulière » pour les expulser avec des méthodes que certains n’auraient pas reniées au pays de la Sicherungsverwahnung, quelques années après son application.
Où est l’immigration : la possibilité de mettre en camp et de déporter vers leur pays (supposé) d’origine les indésirables ? Et l’identité nationale : une capacité à brimer et se débarrasser de tout ce qui n’est pas labellisé français ? Petit retour historique : « les Nazis supprimèrent les libertés individuelles et proclamèrent l’avènement d’une « Communauté du peuple » (Volksgemeinschaft) – une société organique qui, en théorie, transcenderait les différences de classe et de religion. » Une forme de super-laïcité coulée dans l’identité nationale. Formidable. Quelle inspiration !
Le fond de l’affaire sur notre époque, définitivement moderne, reste l’acceptation de la part de la population d’une succession de systèmes à la fois répressifs et de contrôle social, sujet que l’auteur a déjà abordé il y a peu à propos du fichage généralisé qui s’opère au niveau européen. Pouvoir exprimer son opinion, son indignation, si ces expressions n’amènent aucuns changements dans le monde réel, ni mouvements concrets qui pourraient déstabiliser le pouvoir en place, n’a pas lieu d’être réprimé dans cette nouvelle société. L’acceptation est le cœur de la démocratie 3.0 qui s’annonce : une nouvelle version de la Démocratie, riche d’innovations, où votre capacité à vous rebeller sera conditionnée à l’aune de votre potentiel de nuisance dans le monde physique et décidée par le système mis en place. Tout ça dans une sensation de sécurité générale complète, dans un monde plutôt tranquille et sans beaucoup de problèmes pour vous. Enfin, si vous n’êtes pas de type méditerranéen ou noir de peau. Et si vous ne bronchez pas trop.
Comment préparer la « démocratie 3.0″ à la 1984 en douceur
Juste pour illustrer le propos, une petite liste des possibilités du pouvoir (quel qu’il soit) mises en place grâce à la LOI DE PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE (LPD, MARS 2007) (extraits de « Big Brother Awards, Les surveillants surveillés« , éditions Zones (les commentaires en texte normal sont de l’auteur).
– Création de fichiers municipaux sur les enfants scolarisés et sur les personnes soignées par des psychiatres dans la commune.
Le pouvoir hitlérien s’est en premier lieu occupé des malades mentaux. Mais bien entendu, nous sommes dans une démocratie, nous ne risquons rien.
– Possibilité pour la justice d’intervenir avant qu’une infraction soit commise…
La prédiction comme méthode judiciaire.
– Enregistrement des communications passées par les prisonniers (sauf avec leur avocat).
Le prisonnier n’est plus un citoyen couvert par l’obligation du respect de la vie privée.
– La provocation à la rébellion (par tout moyen, presse, affiche, cri, etc.) est désormais passible de deux mois de prison et d’une amende de 7 500 euros. Les mêmes règles que pour les délits de presse s’appliquent pour déterminer les responsables (le responsable de la publication d’un site Internet peut donc être inquiété).
Ah ben oui, amis internautes, si pour l’heure le site Reflets.info peut encore dire ce qu’il pense, la loi a déjà prévu de lui faire fermer son bec à un moment ou un autres…si nécessaire.
– Le maire est chargé de coordonner la politique de prévention de la délinquance impulsée par le préfet. Il peut mobiliser les services du conseil général (travailleurs sociaux), notamment au sein des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance.
Les travailleurs sociaux (comprenez éducateurs) comme agents de la répression. C’est beau.
– Les travailleurs sociaux doivent « partager » le secret professionnel, entre eux et avec le maire et le président du conseil général.
Les travailleurs sociaux comme balances des jeunes : efficace dans un système sécuritaire et policier bien que totalement antinomique avec leur mission.
– Les parents de mineurs délinquants peuvent être condamnés à des stages de responsabilité parentale pour de nombreuses infractions.
Criminaliser la désespérance sociale : formidable pour bien tenir en laisse les plus démunis.
– Création de fichier automatisé des absences dans l’Éducation nationale, sur la base duquel le maire peut prononcer des sanctions.
Ficher les jeunes pour pouvoir les « suivre » (comprenez pister) par la suite : judicieuse méthode de surveillance sociale généralisée dès le plus jeune âge.
– Urbanisme sécuritaire : obligation d’une étude de sécurité publique, dont l’avis est déterminant, pour certains types de constructions. Cette étude n’est pas communicable aux « citoyens ».
Ah ben oui, on ruse entre les murs de la cité pour pouvoir tous vous tenir à l’œil, mais on ne vous dit pas comment.
– Un bail peut désormais être résilié par le bailleur si « le preneur n’use pas de la chose louée en bon père de famille » (sic). Dans la qualification des nuisances au voisinage, le « bruit » devient les « troubles », sans plus de précision, et les propriétaires peuvent et doivent faire cesser les fauteurs de troubles.
Le Maréchal Pétain n’est pas loin, n’est-ce pas ? Dénonce ton voisin qui « trouble » son voisinage, il se fera virer par son proprio.
– Renforcement du contrôle des gens du voyage.
Ah, les Tziganes, déjà le petit moustachu les avait dans le nez. C’est vrai, ils volent les poules et puis ils arrêtent pas de bouger. Impensable autant de liberté !
– Les hébergeurs de sites Internet et fournisseurs d’accès doivent participer à la lutte contre la diffusion d’incitation à la violence (disposition visant directement les blogs d’adolescents diffusant des appels à affronter les policiers).
Ah, ah, ah : on y est. La démocratie 3.0 mon grand, c’est quand tu kiffes ta copine sur Facebook, mais si t’essayes de t’en servir pour appeler à la révolte, les FAI sont inclus dans la loi pour devenir tes meilleurs délateurs…
– Le fait de filmer des violences est un acte de complicité, qui fait encourir la même peine que l’auteur de l’infraction (sauf si on est journaliste ou que l’enregistrement est destiné à servir de preuve en justice). La diffusion de ces images est passible de cinq ans et 75 000 euros.
Attention : le devoir citoyen face à des répressions policières démesurées est désormais passible de prison. On pense aux émeutes de Los Angeles de 1992 : en France, celui qui filmerait le tabassage en règle du black par les flics serait en taule. Appréciez tranquillement la chose.
– Remise en cause de soixante années de justice des mineurs et des acquis de la Libération : institution de procédures de comparution immédiate pour des enfants, création d’une peine d’initiation au travail dès treize ans.
Les lois de 1945 pour la protection de la jeunesse (issues pour la plupart du conseil de la résistance) sont explosées : tout un symbole qui disparaît. Mais pas n’importe lequel.
– Mise en place d’une « police municipale des familles », des jeunes et des personnes fragiles, aussi discriminatoire que la plupart des lois répressives votées au cours de cette législature : ce sont les familles le plus en difficultés sociales et éducatives qui sont visées par les procédures de culpabilisation et de sanction… au nom d’une conception de la « prévention » ainsi résumée : « La meilleure éducation, c’est la sanction. »
Sans commentaire.
– Création d’un « Conseil pour les droits et devoirs des familles » (sic) présidé par le maire et chargé de l’« accompagnement parental » des familles dont les enfants sont susceptibles de devenir délinquants ; communication au maire, élu politique, d’informations concernant la vie privée des familles ; politisation de l’exploitation du travail social. A été disjointe une disposition qui donnait pouvoir au maire de prononcer des placements en hospitalisation psychiatrique d’office sur simple « avis » d’un médecin, sans que soit exigé un certificat médical (alors que presque partout en Europe cette mesure ne peut être décidée que par un magistrat indépendant des autorités politiques).
Travail-Famille-Patrie. Le tout accompagné par des mesures de surveillance étatique des populations socialement défavorisées et la simplification de l’enfermement des « fous ». Autant dire, vous ou moi.
– Création d’une sorte de milice baptisée « service volontaire citoyen de la police nationale ».
La milice, c’est formidable, c’est moderne, c’est efficace : surveillez-vous les uns les autres, nous on compte les points.
La plat de résistance : la technologie comme couvercle indispensable pour mitonner tout ça
Oui, parce que cet article est le fruit d’une cogitation suite à la lecture d’un article sur les robots intelligents qui vont bientôt patrouiller avec les vigiles. Reflets vous parle depuis ses débuts des technologies de surveillance déjà en place. Bien. Mais dans le même temps la fascination des foules pour les technologies s’est accrue, leur acceptation s’est généralisée. Au point que tout est désormais possible pour les pouvoirs en place. Le rêve d’une société technologique totalitaire n’est pas loin. Pour illustrer ce propos, regardons cette vidéo :
Mais au delà de la prouesse technologique, quelques questions sur les robots militaires (ou robots flics) :
Chers lecteurs, la France voulait apporter « ses compétences en matière de sécurité » à la Tunisie au moment de la révolution, pour aider Ben Ali à mieux contrôler et réprimer sa population, et bien qu’elle elle n’ait pas eu le temps de le faire, il est clairement établi que le laboratoire de la nouvelle « démocratie 3.0″ est l’hexagone. Une démocratie qui emprunte au IIIème Reich, au gouvernement de Vichy et à 1984. Nous voilà prévenus. A nous d’en tenir compte et tenter d’empêcher que l’ensemble du dispositif ne puisse être entièrement activé : la crise actuelle pourrait être un bon prétexte pour le faire, espérons que nous serons encore assez en forme pour dire « stop » à temps…
Vu sur Au bout de la route
Avec Sarko-léon, nous avons bien un dictateur en puissance, totalement dévoué à la dictature mondiale du NWO, qu'il a annoncée de nombreuses fois. La France est, hélas, dans le "peloton de tête" vers la dictature "éclairée" ou "Luciférienne" fondée sur le mensonge, le travestissement du langage, comme si bien illustré par G Orwell dans '1984'.
RépondreSupprimerCeci dit, la mise en place de la dictature se fonde sur les techniques de contrôle des esprits humains, dont la plus simple expression est la désinformation et la propagande, et pouvant aller jusqu'au conditionnement mental à votre insu, le lavage de cerveau, images subliminales, voire à la "télépathie intrusive" : Big Brother introduira ses pensées dans votre subconscient. Cela existe déjà, on parle de machines qui seront commandées par le pensée, remplacez la machine par un "cobaye" ou un "prisonnier".
Le progrès technologique est impitoyablement détourné pour exterminer ou asservir l'humain. Informatique, automatismes, robotique...tout ces "progrès" concourent à nous faire perdre l'autonomie, à nous espionner, à nous ficher, et à nous "supprimer" dans les applications létales (robots de guerre, puces RFID destructives, armes à ondes létales dirigées etc).
Nous ne pouvons espérer survivre, en tant qu'espèce intelligente et libre, dans ce monde de progrès détourné par les Elites. Chaque avancée technique sert à nous détruire, insidieusement. Nous avons perdu le contact avec la Nature, qui nous a jusqu'ici permis de vivre et de prospérer, au profit d'une "matrice" artificielle, de réseaux virtuels, et de mégalopoles.
Le chaos peut, d'une certaine manière, nous libérer de cette emprise Luciférienne, qui transforme le "progrès" en "chaînes d'esclavage". Ce sera "dur", mais l'esprit de résistance et de sur-vie se développe dans l'adversité.
L'ami Pierrot