17 novembre 2011

La sexualité en pleine dérive


Atlantico : Il semble que les accidents liés à des pratiques sexuelles extrêmes soient en progression, pouvez-vous nous le confirmer ?

Gérard Leleu : Bien évidemment, et je parle en connaissance de cause... Avant d’être sexologue, j’ai exercé la profession d’urgentiste.
Les gens utilisent de plus en plus de « jouets»,  si je puis dire, qui sont  vraiment d’une proportion inimaginable. S’ils avaient une idée de l’impact que cela pourrait avoir sur leur organisme, ils ne tenteraient pas ce genre d’expériences. Médicalement, c’est de la folie.
En ce qui concerne les corps étrangers, depuis toujours nous en avons trouvé de toutes sortes. Les gens sont d’une imagination débordante. Cependant c’était le plus souvent par auto-érotisme. Cela n’a pas dû tellement changer, de surcroît avec la normalisation des sex-toys, ces derniers sont conformes à certaines normes ce qui diminue potentiellement le danger, du moins plus qu’un ustensile de cuisine.
Les pratiques liées à l'auto asphyxie se développent également. D’autres prendraient du Prozac, ou n’importe quelle drogue, ceux qui se privent d'oxygène utilisent le plaisir car ce dernier  provoque la sécrétion de substances hédoniques, (la dopamine, les endorphines… etc...) Certains poursuivent leur quête de plaisir en se recouvrant la tête d’un sachet plastique. La strangulation entraîne une érection ainsi qu’une rétention de CO2  et le phénomène d’hypercapnie qui provoque une sorte de vertiges et d’hypoxie.  Les sensations que l’on ressent à ce moment-là, sont des signes proches de la mort c’est extrêmement dangereux.

D’où vient ce besoin d’aller toujours plus loin dans les pratiques sexuelles ?

Désormais les individus visent le maximum de plaisir, on chosifie l’autre. L’autre est un objet dont le but est d’en tirer le plus de plaisir avec absence de sens. La seule chose qui compte c’est la quantité de plaisir au dépend de la qualité.  Même si la notion de plaisir est propre à chacun cette dernière s’acquiert à travers les baisers, les caresses, différentes positions, la relation entre deux individus et non pas un simple acte sexuel.
Le plaisir est quelque chose qui s’use. Si telle sensation procure tel plaisir au bout d’un certain temps ce dernier s’atténue, il faut rechercher une sensation plus forte. Cette recherche s’expérimente alors, pour certaines personnes,  à travers un objet plus gros plus profond et par conséquent des pratiques de plus en plus extrêmes.
Le seul but est le plaisir et non plus la relation, ou l’amour comme quelque chose de sacré. L’autre est  désormais un outil qui vous permet de vous assouvir.
 Existe-t-il une démocratisation de ces pratiques que l’on pourrait qualifier d’extrêmes?
La hiérarchie de ce qui est à faire ou à ne pas faire est floue.  Cela est peut être dû à une démocratisation.  Je pense effectivement que la plupart des gens pratiquaient le masochisme ou le sadisme bien avant le regain d’intérêt pour Sade. Certes, beaucoup de gens s’adonnent à ces jeux sexuels extrêmes cependant, cela a toujours été l’apanage d’une certaine élite. N’importe qui peut désormais trouver un sex-shop alors que tous ces objets autrefois, étaient réservés à une certaine partie de la société. 
L'anus actuellement devient de plus en plus souvent le but central de la relation sexuelle avec la pratique du fist (insertion d'un poing) alors qu’avant c’était exceptionnel. Désormais si l’on ne s’aventure pas à l’exploration de l’anus on est considéré comme rétro et dépassé. Il existe une utilisation érotique du rectum de plus en plus forte.
Mon propos n’est pas d’inculquer le bien et le mal, mais de prévenir le danger ou même de dire ce qui contribue ou pas à l’équilibre. Le rectum n’a pas cette vocation-là, quel que soit le plaisir qu’il peut procurer. La pratique est ancienne cependant, il existe une amplification du phénomène qui est dû à une sorte de non-sens de relation sexuelle, l’autre étant un objet et non une personne et un sujet.
C’est très significatif de l’état exécrable de la sexualité en Occident. La sexualité a été réprimée pendant des siècles. Désormais, la notion de pêcher charnel n’existe plus. Toutefois, le malheur de l’Occident c’est que nous n’avons pas de tradition érotique comme cela peut être le cas en Orient. Faute de tradition érotique nous sommes tombés dans l’escalade du « Hard ». Le but n’est plus dans la relation mais dans le plaisir personnel. Et dans la quantité de plaisir et non plus la qualité de plaisir. Jouir de plus en plus, sans considérer que l’autre est différent d’un outil. La tendance de donner la préférence à la voie rectale est un signe d’absence de sens dans la sexualité en occident.
Que cette pratique s’exerce de temps en temps n’est pas le problème, c’est l’obsession et la focalisation des individus sur ce mode de relation qui m’alarme. Et le fait que les individus qui ne pratiquent pas, soient considérés comme dépassés, rétro, ce n’est pas juste.

Quel est votre constat sur cette dérive des pratiques extrêmes ?  

Cela ne m’inquiète pas tellement sur le plan médical, bien qu’il existe  tout de même d’importants accidents. En tant que médecin, je dois vous dire que cela entraîne certaines complications non négligeables. Néanmoins, je me positionne plus sur le plan de l’humanisme. Mon idéalisme constate effectivement que la sexualité en Occident, n’arrive pas à être sacrée.
Si on prône comme seul but le plaisir et le maximum de plaisir, autrement dit  la performance en dépit de la perfection. Cela aboutit à des gens qui sont blasés, qui seront dans la recherche constante de plaisir.  Ils vont alors multiplier les moyens, les expériences à travers des objets certes mais également l’amour pluriel, l’amour sadomasochiste. J’ai observé des jeunes qui s’adonnaient à la zoophilie. Les perversions débutent très jeunes.
Sans être dans le moralisme, cela engendre des déséquilibres dans la tête des gens et une mauvaise estime d’eux même. Cela a un impact sur leur équilibre mental et ne conduit pas au bonheur. Ils en arrivent à être déséquilibrés et angoissés. Ce n’est pas un accomplissement.  Ils sont désabusés écœurés très tôt. C’est une escalade qui déçoit toujours puisque ça n’a pas de sens.
Si je m’insurge contre l’état déplorable de la sexualité des Français, ce n’est pas du tout d’un point de vue éthique mais du point de vue de l’équilibre des individus et de leur bonheur de vivre.

Atlantico
Vu sur Incapable de se taire 

2 commentaires:

  1. et qui donne le ton ??
    c est dorcel et toutes la clique de producteur, les films X sont la propagande du sexe hard, la derniere mode apres "le black" est 2 homme bi-sex avec une femme, 2 femme bi-sex avec 1 homme avait deja ete exploité dans les années 90.
    l ordre par le KO,... le monde a l enver,...
    bone chance a tous

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  2. Très intéressant... Je trouve qu'il y a un lien à faire avec un texte que j'ai lu ici :
    http://www.changementclimatique.biz/article-le-plan-secret-du-nom-l-aurore-rouge-89412859.html

    et dont voici un passage :
    "Voici donc la manière détaillée par laquelle nous procéderons d'ici 1998 pour paver la route à la naissance de notre "Gouvernement Mondial".

    1.Décupler la "Société des Loisirs" qui nous a été si profitable à date. En nous servant de l'invention du "Vidéo" que nous avons financé, et des jeux qui lui sont rattachés, finissons de pervertir la morale de la jeunesse. Offrons-lui la possibilité de satisfaire maintenant tous ses instincts.
    Un être possédé par ses sens, et esclave de ceux-ci, nous le savons, n'a ni idéal, ni force intérieure pour défendre quoi que ce soit.
    Il est un "Individualiste" par nature, et représente un candidat parfait que nous pouvons modeler aisément selon nos désirs et nos priorités [...]"

    Sachant que pour moi société de loisir = société de plaisir.

    Comme dirait anonyme au msg précédent ; bonne chance à tous...

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