03 septembre 2011

Liberté


Et un orateur dit:  Parle-nous de la Liberté.

Et il répondit : Je vous ai vu vous prosterner aux portes de la cité et dans vos foyers, et vous vouer au culte de votre propre liberté, Comme les esclaves qui s'humilient devant un tyran et le louent, alors qu'il les anéantit. Oui, dans le bosquet du temple et dans l'ombre de la citadelle, j'ai vu les plus libres d'entre vous porter leur liberté comme un joug ou des menottes. Et mon cœur saigna en moi ; car vous ne pouvez être libre lorsque vous forgez une chaîne du désir même de la liberté, et quand vous ne cessez de parler de la liberté comme d'un but et un accomplissement.

Vous serez libre en vérité non pas quand vous jours seront sans tourments et vos nuits sans un désir ou un chagrin, Mais d'avantage quand ces choses étrangleront votre vie, et que pourtant vous vous élèverez au-dessus d'elles, nu et sans entraves. Et comment vous élèverez-vous au-delà de vos jours et de vos nuits, à moins que vous ne rompiez les chaînes que vous-même, à l'aurore de votre entendement, avez fixé autour de votre âge mûr ?
En vérité ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, bien que ses anneaux scintillent au soleil et éblouissent vos yeux. Et à quoi voulez-vous renoncer dans votre quête de la liberté, si ce n'est à des parcelles de vous même ? S'il existe une loi injuste que vous voudriez abolir, cette loi fut écrite de votre propre main sur votre propre front. Vous ne pouvez l'effacer en brûlant vos tables de la loi, ni en lavant le front de vos juges, même si vous déversiez sur eux la mer toute entière.
Et s'il existe un despote que vous voudriez détrôner, voyez d'abord si l'image de son trône érigée en vous est détruite. Car comment le tyran peut-il régner sur les affranchis et les fiers, s'il n'existe une tyrannie dans leur propre liberté et une honte dans leur propre fierté ?

Et s'il existe un tourment que vous voudriez dissiper, le siège de cette crainte est dans votre cœur et non dans la main du tourment. Vraiment, toutes les choses se meuvent dans votre être en une continuelle étreinte fatale ; ce que vous désirez et ce que vous redoutez, ce qui vous attire et ce qui vous répugne, ce que vous poursuivez et ce que vous voulez fuir.
Ces choses se meuvent en vous comme la lumière et l'ombre, en couples enlacés. Et quand l'ombre se dissipe et disparaît, la lumière qui persiste devient l'ombre d'une autre lumière.
Et telle est votre liberté qui, quand elle perd ses entraves, devient l'entrave d'une plus grande liberté.
 

Khalil Gibran 

Vu sur Au bout de route

4 commentaires:

  1. C'est bien...

    Mais c'est pas un peu nihiliste? Cette dialectique qui part de l'homme pour aller à l'homme?

    Il y a toujours dans cette manière de penser une sorte de sacrifice de la vie et de son mystère. La schizophrénie de l'athéisme, qui pense pouvoir s'inventer son présent et son futur alors que sa vision parcellaire et immédiate ne lui permet que de survivre, sans parvenir à se maintenir.

    Déjà, on peut s'apercevoir que la cible n'est pas vraiment ontologique mais plutôt lexicologique. Parce qu'il y à la liberté des hommes, dans une langue d'homme qui à perdu la plus grande partie de son sens, et la grande liberté, dans le logos.

    Pour finir, je crois que le grand tort et la source de beaucoup de souffrance et le fait de prendre le perceptible comme absolu et d'éluder l'intuition et le sacré.

    Moi je n'aime pas les prophète du vide. Ceux qui refuse de voir que le mouvement, c'est la vie. Ce qui considèrent avec peur cet embryon désirant qui se développe dans les interstices de la raison, et qui sait qu'il n'y a pas de fin, mais un chemin...

    Dans le néant, il y à la paix. Mais sans nous. Hors nous sommes là. Et là est la question.

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  2. le problème ,c'est que là où il y a "nous",il y a la guerre.....
    Marie.

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  3. Salut Paul. Je me suis un peu laissé embarquer sur ce commentaire en réponse à Marie. Si tu l'aimes bien, tu peux le poster sur ton blog, à ton libre choix. Bonne continuation a+

    Mais "nous" sommes un phénomène négligeable, dans un univers qui n'a pas besoin de nous.

    La vie est un don fait par un plus grand que nous.

    Nous refusons de voir ce plus grand que nous et nous nous étiolons dans le culte du visible et du sensible. C'est le veau d'or de la bible.

    Ce n'est pas parce que l'homme est une créature limitée et incapable de réaliser l'harmonie que cette dernière n'existe pas. Ce n'est pas parce que le chemin de la régression est plus facile qu'il faut l'emprunter.


    Il y a bien longtemps que l'homme n'est plus capable de sentir son lien avec la plus grande entité. Et ceci n'est pas le fruit d'une mauvaise volonté de sa part mais bien l'inverse. C'est parce que l'homme n'est plus lié à l'énergie fondamentale qu'il chute.

    Le lien est comme un souvenir, une braise sous les cendres. Libre à chacun d'emprunter la voie de l'harmonie et de l'ascension, dans la loi du plus grand. Mais parce que cela nécessite un effort morale et physique, et parce que ceci défi les règles d'une civilisation et d'une sphère matérialiste, peu décident de quitter le confort de l'illusion.

    Dans un monde dont la règle est faussée, les aveugles triomphent. Parce que leur force réside dans la matière, ils se sont lié par un pacte à ce qui est voué à disparaître.

    La règle du plus fort écrase ce monde en décomposition. Et les collaborateurs de ce plan de destruction en tirent aujourd'hui les fruits. Parce qu'ils gagnent et accumulent les richesses, ils se convainquent d'être dans le juste et poursuivent leur chute en accéléré.

    Celui qui reconnaît la beauté et la perfection de la loi d'harmonie, qui l'intègre, faisant de lui un être universel en devenir, endosse le rôle du faible. Il refuse d'utiliser les armes de la destruction car son désir va vers la paix, et vers l'échelle que le plus grand met à sa disposition pour le rejoindre. Cette beauté l'a touché, et il a prit patience. Il attendra les fruits d'une vérité encore inaccessible.

    Le choix entre la matière est l'esprit n'est pas manichéen. Celui qui possède l'intelligence suffisante comprendra que la matière n'est qu'une manifestation utile dans un ensemble plus vaste qu'est l'esprit.

    Beaucoup réagissent violemment à cette opposition matière/esprit, mais c'est uniquement parce qu'ils n'ont pas vu l'esprit. Ils le voient comme une menace envers les occupations qui remplissent leur vie. L'intellect fût leur seul intelligence, ils l'on nourri du grain de ce monde. Ils n'ont jamais essayé de nourrir leur âme. Leur réaction devant la pénurie est la peur. Et ils chasseront la peur par l'abondance de grain, jusqu'à l'heure du rendez-vous avec la mort.

    Les riches de ce monde verront alors leurs mains pleines de boue, et leur âme creuse comme un arbre mort.

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  4. Faut-il comprendre que ce que nous appelons "Liberté" en ce bas monde n'est qu'une illusion, voire pire, une "chaîne à maillons dorés", voire un énorme boulet peint en doré attaché par une chaîne à l'homme "nu" (illustration d'un article de Paulot récent) ?

    L'histoire nous a montré que de nombreuses "Révolutions" ont entraîné des Empires ou des dictatures; souvent bien pires que le régime "renversé".
    Dans nos pays dits "occidentaux", la démocratie et la liberté ne sont que des oripeaux, des cache sexes qui dissimulent la corruption, la pensée unique et orientée par les Elites, le scientisme mensonger, et la fausse diversité.

    Ne parlons même pas du "droit de l'hommisme" qui cautionne les guerres Otanesques pour "protéger les peuples et leur liberté...comme en Lybie.

    En définitive, la véritable liberté ne semble pas être de ce monde...sauf si, la liberté se doublait d'une véritable exigence d'ETHIQUE.

    L'ETHIQUE, c'est la voie du "juste milieu" pourrait-on dire. Par exemple, l'Ethique nous fait dire que "ma liberté s'arrête où commence celle des autres".

    L'ami Pierrot

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