25 juin 2011

Les 100 jours de Fukushima



Les 100 jours de Fukushima : 621 millions de Curie d’effluents aériens
 
Pendues aux sous-évaluations périodiquement revues à la hausse de la Tepco, ces « institutions » nucléaires restent ainsi muettes sur ce point capital de radioprotection. (Sans compter qu’elles taisent le risque permanent d’explosion nucléaire par sédimentation du plutonium fondu : un tiers de litre de plutonium, 6 kg, réuni par malheur dans une poche sphérique du magma et c’est l’explosion atomique au sol.) Elles ne savent à l’évidence ni reconstruire l’inventaire des cœurs atomiques avec la courbe de rendement des produits de fission, ni tirer parti du retour d’expérience des accidents de Shellafield, de Three Mile Island, de Tchernobyl, etc. pour quantifier les effluents en fonction de la volatilité des éléments (en clair de leur température d’ébullition). Elles  sont à l’évidence indifférentes au sort d’une population et d’une humanité soumise à une contamination interne supplémentaire dont les effets délétères se  manifesteront dans toute leur implacable ampleur génotoxique et oncologique avec le temps ici même.


L’AIPRI, outrée et meurtrie par tant d’indifférence à l’égard de la sauvegarde de la vie, propose ici l’horrible inventaire hypothétique minimal des effluents aériens relâchés par 3 des 6 chaudières atomiques de Fukushima. (Les dizaines voire centaines de tonnes de carburant « éteint »  explosées qui ont éparpillé des quantités colossales de particules insolubles d’uranium, de plutonium, d’américium, de cobalt, de strontium, de césium, de technécium, etc  ne sont pas ici prises en examen,  pas plus que ne sont pris ici en compte les effluents aériens des combustibles fondus des centrales F4, F5 et F6.)

Données nucléaires.

La Tepco, à notre connaissance, n’a toujours pas rendu public, ni même dans son rapport à l’AIEA qui s’en moque, ces deux informations nucléaires fondamentales que sont le taux d’enrichissement et surtout le taux de combustion des carburants de chaque centrale de Fukushima  à partir duquel il est possible de reconstituer en un clin d’œil l’inventaire complet des produits de fission et d’activation des cœurs et d’estimer les excursions.  (La courbe des 2 épis n’est pas faite pour rien.)  Qu’à cela ne tienne, dans la mesure où Genn Saji signale que le réacteur F1 avait fissionné 1,6 tonne (460 Mwé pour 60,58 gr. fissionnés par heure), dans le mesure où la centrale F3 (784 Mwé pour 103,25 gr. fissionnés par heure) ayant été redémarrée au Mox pimpant neuf 168 jours avant l’accident a fissionné environ 400 kg de matière, nous partirons de l’hypothèse conservative que seulement 4 tonnes de combustible ont été fissionnées dans les 3 centrales qui nous occupent. Dans la mesure où elles contenaient 257 tonnes de combustible ces 4 tonnes correspondent à un burnup moyen de 14,77 GwJ/t, à savoir que 15,56 kg/t ont été là fissionnés.  (Tchernobyl avait fissionné environ 2,2 tonnes pour un burnup d’environ 11 GwJ/t).
 
Au shutdown les centrales F1, F2 et F3 avaient à elles trois une activité radiologique globale de l’ordre de 30,7 milliards de Curie (1,14E21 Bq,  1,14 milliard de TeraBecquerel, 1,14 million de PetaBecquerel). A 100 jours du shutdown, si rien ne s’en était échappé et qu’aucun épisode de criticité n’ait eu lieu,  l’activité serait de l’ordre 381 millions de Curie (1,41E19 Bq, 14,1 millions de TeraBecquerel, 14100 PetaBecquerel). L’excursion aérienne, compte tenu des taux « à la Tchernobyl », a été pour ces trois centrales de l’ordre de 621 millions de Curie (2,3E19 Bq,  23 millions de TeraBecquerel, 23000 PetaBecquerel). Cette excursion de 145 kg de matière radioactive correspond selon les facteurs de dose officiels par inhalation à 4,51 milliards de doses létales potentielles et selon les facteurs de dose officiels par ingestion à 3,04 milliards de doses létales potentielles.

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