03 mai 2011

Survivre dans son appart...



Concrètement, dans l’histoire de notre civilisation, beaucoup, beaucoup plus de gens sont morts chez eux que dans la jungle ou au fond d’une crevasse.  Que ça soit pendant la canicule, en 2003, ou suite à une catastrophe industrielle, ou à cause d’un hiver plus rigoureux que prévu…

Lorsqu’on parle de survie urbaine, on parle bien évidemment de self-protection, mais ça englobe très largement tout ça : comment faire pour se passer des services publics, chez soi, pendant une période plus ou moins longue ?
Ayant grandi au Québec, j’ai souvent, souvent vu le scénario tout simple de la panne d’électricité prolongée, en hiver…  je me rappelle d’un hiver, qu’on évoque encore comme l’hiver « de la tempête du siècle »…  une masse d’air venue de l’arctique avait déferlé sur le Québec, avec des températures de l’ordre de -45°C et des vents de 100, 120, 140km/h.  Pas d’électricité (et donc pas de chauffage pour beaucoup de gens) pendant 6 jours…  A la radio, on nous prévenait de ne pas sortir, que toute peau exposée au vent gelait en quelques secondes, etc.  Avec le refroidissement éolien, on nous parlait de températures ressenties de l’ordre de -107°C…
Hallucinant, vu d’ici…  pourtant je garde un excellent souvenir de cette semaine là.  Toute la famille bien au chaud près du poêle à bois, nous faisions fondre de la neige pour boire et nous laver (nous avions un puits avec une pompe électrique, donc pas d’eau courante), nous mangions les réserves de pâtés et de confitures et de conserves du jardin que ma mère avait consciencieusement faites à l’automne…  et nous avons passé la semaine à discuter, jouer aux jeux de société, et à écouter on père qui nous racontait les conneries qu’il faisait quand il était scout.
C’est seulement quelques années plus tard que j’ai compris que pendant cette semaine là, au Québec, des centaines de gens sont morts gelés chez eux…
Sans parler de situations aussi extrêmes, il peut arriver, même en France, qu’on soit coupés des services publics pendant quelques heures, quelques jours…  inondations, accidents industriels, tempêtes coupant les routes, glissements de terrain coupant les lignes…  ça peut arriver, même ici
Comment peut-on s’y préparer, sans tomber dans la paranoïa pure et simple ?
Quelques principes de base :

1) évaluer ses besoins, tous ses besoins…  Qu’est-ce que vous mangez en une semaine ?  Combien de fois vous tirez la chasse ?  Quelle quantité de déchets ménagers vous produisez ?  Combien de fois faites-vous la vaisselle ?  De combien de lumière avez-vous réellement besoin ?  Etc.  En ayant une liste exhaustive de tout ça, vous pouvez commencer à évaluer le problème…  et tout ce que le service public fournit en temps normal sans qu’on ne s’en rende plus trop compte.  Combien de litres d’eau par jour et par personne utilisez vous en temps normal ?  Avec combien, au minimum, pouvez vous survivre ?  Etc.

2) Stocker…  progressivement.  Et faire un roulement. Sur la base de la durée de conservation des produits que vous avez l’habitude de consommer, augmentez progressivement la quantité des stocks dont vous disposez.  Par exemple, la farine, dans un contenant hermétique et à l’abri des mites se garde un an sans problème.  Si vous en mangez normalement 1kg par mois en moyenne, vous pouvez en stocker 10 ou 12 kg, rachetant un kilo tous les mois…  et vous mangez la plus ancienne en premier.  Les boîtes de conserve, de leur côté, portent bien leur nom…  et on est toujours content de les trouver quand on n’a pas eu le temps de faire les courses ;)  L’idéal reste de stocker des aliments qui se conservent à température ambiante, bien entendu.  Ne comptez bien sûr pas sur votre congélateur en temps de crise, sauf si vous avez de quoi produire votre électricité vous-même, ce qui est une histoire en soi…  Une manière facile et sans douleur de constituer des stocks est d’acheter systématiquement un peu plus que ses besoins.  Par exemple, acheter deux bouteilles de javel au lieu d’une, et stocker comme ça progressivement, en prenant soin de placer les plus vieux articles devant, dans vos étagères, comme on le fait dans les rayons des supermarchés, pour assurer le roulement.

3) Apprendre à bricoler…  Amusez vous à faire les trucs vous-même, à inventer des solutions, à imaginer des astuces pour arriver à vos fins.  Faites votre petite mécanique vous-même.  Apprenez les rudiments de la plomberie, de l’électricité.  Plus vous savez faire de choses, plus vous êtes autonome…  et précieux pour la communauté.

4) Tissez des liens… A petite échelle, dans une situation de crise, les gens peuvent s’aider ou s’entretuer…  et tout dépend en général des relations qu’ils avaient AVANT.  Si un tissus social sain, à savoir des liens de coopération réels et égalitaires, existent avant une catastrophe, spontanément les gens qui se connaissent et s’apprécient coopèrent  dans la mesure du possible en temps de crise.  Et les règles groupales, pendant ces moments, deviennent subitement plus rigides : si vous êtes utile et coopératif, vous serez accepté dans le groupe.  Mais les profiteurs oisifs seront vite exclus…  Fort heureusement, les plus faibles, pendant ces moments, sont généralement pris en charge par les plus forts…

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas là de se préparer à la fin du monde…  mais simplement d’être en mesure de se prendre en charge le temps que les services publics soient rétablis.  Une semaine, au plus, dans la plupart des cas en France…  Trois semaines dans le pire des cas que je puisse imaginer…

A méditer ! :)

Par Manitou sur http://www.davidmanise.com/

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