Parfois j'emploie ce collectif : les gens, comme si gen étais pas un.
Madeleine qui me surveillait de près il y a quelques mois aurait pu dire : mon coco, tu parles des gens pour te mettre en valeur, c'est ton ego qui t'abuse encore. Elle aurait peut-être eu raison.
Je le sais depuis toujours que gen suis. Fils d'un homme et d'une femme, puis-je échapper à l'humanité ? Et surtout : ai-je vraiment envie d'y échapper ?
La réponse est : non. J'ai refusé l'incarnation et haï l'humanité longtemps, de l'enfance à près de 30 ans. Mais un jour j'ai fait ma réconciliation. Peut-être est-ce le jour où j'ai commencé à m'aimer ?
Lorsque je parle des gens, c'est comme si je parlais de moi. Quand je parle de moi, ce n'est pas de moi, moi, moi, mais de ce qui est en moi commun à tous les hommes. Eux et moi, c'est pareil. La même étoffe. La différence, je crois, se trouve dans la distance qu'il y a entre l'observateur et l'observé.
Bien des gens observent l'autre afin de savoir des choses sur lui, sans rien apprendre sur eux-mêmes, se pensant uniques et fondamentalement différents. Mais cet être précieux qu'ils pensent être n'est rien, qu'un fantasme, si en eux l'observateur intérieur ne s'est pas éveillé.
En fait, qu'on parte de l'observation de soi ou de celle des autres, c'est toujours le même qui regarde le même.
Les humains, si gen suis, j'en diffère uniquement parce que je me vois comme si j'étais un autre.
Et cet autre, je l'aime. Ben oui. Avant de le connaître, je le haïssais et voulais le tuer, comme je haïssais et voulais du mal à tout le monde. Par tous les moyens : drogues, alcools, vitesse, violence, baise et suicide social. Plus maintenant. C'est ce qui me permet d'aimer aussi les autres gens. Puisque moi et les autres, quelle différence ?
Les humains, si gen suis, j'en diffère uniquement parce que je les vois comme si j'étais eux, mais sous une autre forme.
Bien sûr, beaucoup puent, parce qu'ils sont sales, physiquement, ou sales par leurs désirs immondes et inconscients, leur horrible bouffe de primitifs qu'il m'arrive de partager, leur bêtise et leur cupidité aveugles, leurs convictions enkystées, leurs sordides calculs et leurs colères de gosses contrariés. Ils puent que c'en est horrible.
Mme VJ et moi, on devient de plus en plus sensibles aux odeurs. C'est pas chouette les égouts. Mais, qui sait, sans doute qu'on ne sent pas la rose non plus ?
Les gens, c'est moi endormi. Sauf ceux qui ont le regard doux et alerte. On en rencontre, heureusement.
Non, je ne me désolidarise pas des gens qui dorment dans leur puanteur. Lorsqu'ils puent trop, je m'éloigne.
Mais il n'y a pas de différence fondamentale entre eux et moi.
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