19 novembre 2024

La tyrannie du statu quo

Dans ce livre, paru il y a quarante ans, Milton Friedman mettait le doigt sur un phénomène curieux : l’incapacité à agir et à appliquer leurs programmes qui s’emparent des hommes politiques dès qu’ils arrivent au pouvoir.

  • Avant d’arriver au pouvoir, ils vous expliquent ce qu’ils vont faire.
  • Dès qu’ils l’ont perdu, ils expliquent à qui veut bien encore les écouter ce que leurs successeurs devraient faire.
  • Et quand ils sont au pouvoir, en général, il ne se passe rien, sinon des reconductions de politiques qui échouent depuis des lustres.

Et cette absence de changement serait le résultat de ce que Milton Friedman, avec son sens inégalable de la formule, appela la tyrannie du statu quo.

D’après lui, les systèmes politiques sont de facto sous le contrôle de trois groupes sociologiques qui ont un intérêt commun à ce que rien ne change et ces trois groupes  sont :

  1. Ceux qui bénéficient de privilèges injustifiés.
  1. La partie non élue de la classe politique à qui ont été déléguées des fonctions régaliennes sans encourir la moindre sanction en cas d’échec.
  2. La classe administrative, dont le but est que tout change (en apparence) pour que rien ne change (en réalité), de façon à ce qu’elle garde son pouvoir.

Et je crois me souvenir que Milton Friedman appelait ces trois groupes le trio d’airain.

Et pour lui, si un parti arrivait au pouvoir il fallait donc que ses chefs se rendent bien compte qu’ils avaient cent jours pour agir.

En effet, au bout de cent jours le trio d’airain aura digéré sa défaite, ce sera réorganisé et pourra recommencer  à tout bloquer.

Dans ce papier de cette semaine, je vais commencer par analyser l’expérience Trump de 2016 à 2020 a la lumière de l’analyse de Milton Friedman, ce qui me permettra de montrer qu’il s’est fait rouler dans la farine par les professionnels de la politique lors de sa première expérience.

Bien entendu, je n’ai pas la moindre idée de ce que son second mandat reserve au Donald, mais je sais que cette fois ci, il a l’intention de détruire le trio d’airain pendant ses cent premiers jours et qu’il est en train de mettre en place les équipes qui vont lui permettre d’espérer arriver au résultat qu’il cherche, détruire l’Etat profond, autre nom donné au trio d’airain.

Revenons en 2016 et commençons par définir qui sont les ennemis de Donald Trump dès qu’il est élu.

Dans le trio d’airain nous trouvons

  • Dans la série les bénéficiaires commanditaires, les sociétés d’armement, les sociétés pharmaceutiques, les GAFA, les grands réseaux de médias, les sociétés alimentaires et tous les cabinets d’avocats et autres banques d’affaires à Wall-Street.
  • Dans la série de ceux qui contrôlent le monopole de la violence légitime, officiellement pour le compte de l’Etat, mais en fait pour le compte des bénéficiaires, le FBI, la CIA, les services secrets de l’armée, les généraux en retraite et tous les politiciens qui ont pris leurs retraites dans les lobbies de Washington.
  • Et enfin, dans la troisième catégorie, nous retrouvons tous les petits hommes gris qui sévissent dans les agences de contrôle du style FDA, SEC et dont l’archétype est l’inénarrable docteur Fauci.

Et le moins que l’on puisse dire est que Trump Numéro 1 tombe dans tous leurs pièges : Il nomme comme proches collaborateurs des membres éminents de la CIA , ne change pas le patron du FBI qui avait reçu d’Obama l’ordre de faire espionner le candidat Républicain avant même qu’il ne soit élu, son ministre de la Justice le laisse s’embourber dans une légende Russe montée de toutes pièces par madame Clinton, bref, il n’ y a pas une seule trappe à éléphants préparée par ses ennemis dans laquelle il ne tombe pas.

Et enfin, il réussit l’exploit d’être « impeached « non pas une mais deux fois à la suite de procès qui n’avaient rien à envier à ceux de Moscou circa 1934

Cerise sur le gâteau, il est battu en 2020 grâce aux votes miraculeux de 7 millions d’américains qui n’avaient jamais voté jusque-là, et qui n’ont plus voté depuis d’ailleurs.

En février 2021, plus une personne raisonnable ne pariait un kopeck sur les chances de Donald Trump…

Et pourtant, il vient d’être réélu et de nombreux livres vont être consacrés dans le futur a cet incroyable retour du Donald.

Et je peux assurer le lecteur que cette fois ci il a su s’entourer et que les membres inscrits au trio d’airain américain doivent se faire du souci.

D’abord, le parti Républicain (et donc Donald Trump) contrôle

  1. La Cour Suprême
  2. Le Sénat
  3. La Chambre des Représentants
  4. La Présidence

Ensuite, comme il va y avoir des élections au Sénat et à la Chambre des représentants dans deux ans, le Président sait qu’il a deux ans au maximum pour drainer le marigot Washingtonien et pas un jour de plus.

A mon avis, s’il n’y est pas arrivé dans un an, il aura échoué …

Et pour se faire, il a déjà nommé tous ses principaux collaborateurs et les plus ardents sont tous d’anciens démocrates : Robert Kennedy, Tulsi Gabbard, Elon Musk …

Son vice-président est une légende vivante passant de l’extrême misère dans son enfance à l’armée, à la prestigieuse université de Yale pour devenir Sénateur, puis vice-président.

Mais le vrai combat se passera pour le contrôle du ministère de la Justice, complètement noyauté par Obama pendant qu’il était au pouvoir.

C’est ce ministère qui doit être passé au Karcher et Trump y a nommé comme ministre l’un des membres de la Chambre des Représentants parmi les plus controversés : Matt Gaetz, élu de Floride.

Le ministère de la Justice depuis la nuit des temps est le refuge de tous les Démocrates. qui, ne pouvant faire évoluer la Loi par des élections qu’ils auraient gagnées la faisait évoluer par des jurisprudences obtenues grâce à des Juges nommés par eux.

Avec Matt Gaetz, ce subterfuge va s’arrêter.

Mais à dire vrai, je suis tellement estomaqué par cette nomination que je me dis que toutes les forces de l’Etat profond vont s’unir pour essayer d’entraver sa titularisation par le Sénat.

Nous allons donc avoir très vite la première grande bataille entre l’Etat profond et Trump

Et  ceux qui sont tenus par l’Etat profond à l’intérieur du parti républicain vont devoir se découvrir :

  • S’ils ne votent pas pour Gaetz, ils auront un candidat Trumpiste contre eux aux prochaines élections et seront battus, pour avoir trahis.
  • S’ils votent pour Gaetz, les dossiers vont être ouverts et ils risquent de se retrouver en tôle avec leurs commanditaires.

Mais une chose est certaine et la nomination de Gaetz le prouve : Trump ne fera pas deux fois la même erreur.

En 2020, il avait été bien élevé et n’avait poursuivi personne.

En 2024, il a pris la décision de nettoyer les écuries d’Augias, la nomination de Gaetz le prouve, les dossiers sur la fondation Clinton ou la jeunesse d’Obama vont donc ressortir…

et cela explique peut-être l’explosion à la hausse du Bitcoin

Beaucoup de gens vont sans doute devoir quitter très vite les USA et ils auront besoin d’argent pour vivre là où ils atterriront.

[1] De Milton Fredman

Chez Jean – Claude Lattes, 1984

Charles Gave

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