27 novembre 2024

La Cause première de l’endettement de la France

Les intellectuels en France n’aiment pas le Libéralisme parce que, dans un régime libéral, ils seraient payés à leur vraie valeur. - Raymond Boudon

J’ai été interviewé récemment par une chaine financière et celui qui me posait les questions m’a demandé quelle était la cause de la situation financière désespérée de notre Etat, ce qui était une très bonne question.

Je dois avouer que j’ai été surpris et que j’ai botté en touche, fournissant une explication technique et ne répondant donc pas à la question.

Réflexion faite, je me suis dit que je devais y répondre et voici ce que j’ai à dire.

Les « intellectuels » français pensent dans leur majorité que le profit est le résultat de l’exploitation du travailleur par le capitaliste et je peux ici citer deux phrases, au hasard, pour justifier cette remarque. L’une, d’Honoré de Balzac : à l’origine de toute grande fortune, il y a un grand crime et l’autre de Proudhon : la propriété c’est le vol.  On ne peut pas imaginer deux phrases plus stupides.

Et donc, dès qu’une crise économique se produit (et il y en a toujours), le réflexe Pavlovien de ceux qui nous gouvernent est de faire baisser les profits des sociétés (voir par exemple les 35 heures) puisque leurs théories (marxistes) expliquent que la crise est créée par la surexploitation des travailleurs par les capitalistes.  Et donc chaque nouvelle crise est l’occasion de faire baisser la rentabilité, toujours excessive des entreprises (voir par exemple le débat surréaliste en ce moment sur les superprofits), pour offrir plus de justice.

La marge brute d’autofinancement (MBA) est ce qui reste aux entreprises une fois qu’elles ont tout payé, et je présente cette marge en pourcentage du PIB.

Et l’on voit que la MBA française ne cesse de baisser depuis 1972, alors que la MBA suédoise ne cesse de monter. Ce qui revient à dire que la part des profits dans le PIB n’a cessé de monter en Suède alors qu’elle a baissé continuellement en France.

Et la Suède va bien et la France va très mal (voir mes papiers sur le sujet)

La thèse que je vais développer et donc la suivante : les politiques économiques suivies en France depuis 1972 ont un but, caché, et un seul : faire baisser la part des profits dans l’économie française.

Prenons l’évolution historique de la MBA française depuis 1972 et superposons-y les « crises ».

Chaque crise se traduit par une baisse de la MBA qui du coup passe de 28 % du PIB en 1972 à  20. 4 % aujourd’hui. Rien de semblable ne se produit en Suède.

A chaque crise (créée par des profits trop élevés d’après la mythologie dominante) le reflexe est le même : Taxer les profits, ce qui fait qu’aujourd’hui les profits sont à un plus bas historique, inférieur à 21 % du PIB …

Et je fais remarquer en passant, qu’en dessous de 21%, nous avons toujours eu des crises financières majeures (1983, 2008-2009,2020) et que, comme nous sommes en train de rentrer en récession, la MBA va s’écrouler dans les mois qui viennent et certainement passer en dessous de 20 %.  Et quand les profits passent en dessous de 21 %, il semble bien que l’économie s’arrête faute de combattants. La zone critique va donc être enfoncée et une crise majeure se produire dans les 12 mois qui viennent, c’est quasiment certain.

Qu’est que cela veut dire en pratique ? Tout simplement que l’Etat français, à chaque crise, crée des programmes étatiques financés en taxant les profits, toujours excessifs, et ainsi pouvoir redistribuer l’argent indument gagné par les entreprises aux travailleurs nécessiteux. Mais d’abord, il faut que l’Etat ait plus d’argent a redistribuer. Et du coup, le poids de l’Etat ne cesse de monter dans le PIB.

C’est ce que montre mon troisième graphique.

Plus le poids de l’Etat monte (ligne rouge qui baisse), plus la MBA baisse, (ligne bleue qui baisse).

Il y a un léger ennui cependant : tous ces programmes de redistribution ne sont pas financés que par l’impôt, qui grimpe prodigieusement, mais aussi par des emprunts.

Si une société est en cash-flow négatif, elle disparait et du coup ne paye plus d’impôts et le déficit budgétaire du coup s’accroit. Il faut donc emprunter pour relancer la consommation populaire, comme le réclamait ce bon Georges Marchais, qui aimait tellement travailler qu’il était parti en Allemagne en 1942 volontairement pour s’adonner à sa passion.

Si l’Etat est en cash-flow négatif, il emprunte. Voila une observation que personne ne contestera, surtout pas Milton Friedman qui disait : « Rien n’est plus durable qu’un programme étatique temporaire. »

Et donc la dette explose et c’est ce que montre mon dernier graphique.


Et l’on voit donc que depuis 1972 au moins toute la politique économique française avait deux objectifs qui n’ont jamais varié, quel que soit le gouvernement :

  1. Faire baisser la rentabilité des entreprises françaises puisque tout profit est immoral et le résultat d’une exploitation injuste.
  2. Faire monter le poids de l’État dans l’économie, toute augmentation de ce poids étant la preuve que la justice sociale avançait.

Et cette politique n’a jamais changé, sauf durant 24 mois, pendant l’épisode libéral qui dura de 1985 à 1987.

Hélas, nous arrivons à la fin de nos capacités d’endettement…

Conclusion

La cause première de notre effondrement est que ceux qui nous gouvernent ont un schéma mental de la façon dont l’économie fonctionne qui est tout simplement faux et qui était celui de la défunte Union Soviétique. 

L’effondrement de l’EU (RSS) et de la sociale- démocratie sont donc tout aussi certains que celui du communisme en 1989.

La France n’a pas besoin de réformes, elle a besoin de changer d’élites, comme la Grande- Bretagne le fit avec madame Thatcher.

Nous avons besoin d’une révolution culturelle.

Et comme la Liberté l’emporte toujours sur la contrainte, en attendant cet heureux jour, vendez dans vos portefeuilles tout ce qui dépend du capitalisme de connivence et achetez tout ce qui a prospéré en restant libre. Certes, beaucoup de ces opportunités ne se trouvent pas en France. Mais il en reste quelques-unes.

Charles Gave

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