18 novembre 2024

Analyse sur Trump et à quel point sa politique importe peu

Se référant à la discussion du juge Napolitano avec le colonel Lawrence Wilkerson à propos de Trump et du département de la Défense (vidéo) English Outsider écrit:

« Oui, l’homme que tous espéraient voir calmer les néoconservateurs semble pourtant nommer des néoconservateurs.

Mercouris a fait de précieuses observations préliminaires au sujet des personnes nommées par Trump jusqu’à présent. Au risque de le paraphraser (la référence est à sa vidéo d’il y a quelques jours), il considère que ces nominations sont faites principalement pour s’assurer que Trump a en place ceux qui lui sont fidèles, cette considération l’emportant sur toute question de politique étrangère quelle que soit la position des candidats potentiels.

Comme je l’ai dit, ce sont des conclusions préliminaires ou provisoires auxquelles Mercouris est parvenu, mais je pense qu’elles ont beaucoup de bon sens. À la suite des conclusions de Mercouris, il y a, je crois, d’autres conclusions au sujet de ces candidats proposés quelque peu bellicistes.

  1. Peu importe la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de l’Ukraine et peut-être vis-à-vis du Moyen-Orient.

Les Russes vont obtenir leur « démilitarisation et dénazification » en Ukraine quoi que l’Occident fasse ou tente de faire. Cela a longtemps été évident et est maintenant visible par tous. Ainsi, les opinions des candidats de Trump sur l’Ukraine et les opinions de Trump lui-même sur l’Ukraine n’ont plus d’importance lorsqu’il s’agit de changer les faits sur le terrain.

De même, au Moyen-Orient, le fait que les personnes nommées soient des « Israël First » ou pas n’a plus d’importance. Il semble qu’Israël se dirige vers la défaite ; mais que ce soit le cas ou non, le résultat ne peut pas être modifié par les États-Unis. Ni Biden ni Trump n’autoriseront une guerre ouverte et déclarée au nom d’Israël et, s’ils le faisaient, il est douteux que la puissance militaire américaine soit suffisante pour changer ce résultat.

De plus, une guerre ouverte et active contre l’Iran, par exemple, entraînerait une augmentation des prix du pétrole et des dommages importants aux navires et bases américains. Ce n’est pas quelque chose que Biden a été prêt à risquer jusqu’à présent et Trump le sera encore moins : cela nuirait à sa crédibilité s’il ouvrait sa présidence avec une guerre majeure après avoir donné l’impression, pendant sa campagne électorale, qu’il y était opposé.

Il n’y a donc pas grand-chose que les États-Unis ou l’Occident dans son ensemble puissent faire pour modifier l’issue de la guerre ukrainienne ou du conflit au Moyen-Orient. Je n’ai pas lu « The Art of the Deal » mais je suis sûr que Trump sait très bien que lorsque vous vous asseyez pour négocier, la première priorité est de reconnaître la force de votre propre main. Quoi que les faucons américains puissent croire, le Pentagone saura que dans les deux cas, nous, en Occident, ne détenons aucun as.

  1. Compte tenu de cette impuissance militaire, les politiciens américains peuvent suivre l’exemple des Européens. Ils vont proférer toutes les menaces qui leur plaisent en sachant qu’ils ne risqueront pas de les mettre en pratique. Nous avons vu Macron menacer d’envoyer des bottes françaises sur le terrain tout en sachant qu’il ne déclarera jamais la guerre à la Russie. Nous voyons Scholz et Starmer toujours impeccablement résolus, sachant qu’ils ne risqueront jamais d’avoir à étayer leurs paroles par des actes. Maintenant, nous allons voir les politiciens américains faire de même – en fait, nous le voyons déjà depuis un certain temps.

Mais tout n’est pas que bruit et fureur sans signification. Dans le cas du Moyen-Orient, les politiciens américains doivent garder à l’esprit la force du bloc électoral composé des évangélistes, des Sionistes chrétiens, des Mormons et diverses sectes religieuses pour qui Israël First est un article de foi. Ce bloc d’électeurs est important, dans les dizaines de millions. Ce n’est pas un groupe que Biden souhaite offenser. C’était un élément nécessaire dans la partie de l’électorat qui a porté Trump à la victoire. Ils ont besoin de ce genre de rhétorique même si la réalité n’est pas à la hauteur de leurs attentes. En proposant Israël First, et en vociférant sur le sujet, Trump leur a donné ce qu’ils voulaient.

  1. Après la défaite en Ukraine, et ce qui semble très susceptible d’être une défaite au Moyen-Orient, la première priorité des politiciens sera de sauver la face.

Les politiciens britanniques, comme nous l’avons vu dans la presse britannique, ont leur alibi prêt pour l’Ukraine. « Nous aurions gagné si les Américains ne nous avaient pas laissés tomber. Ils auraient dû permettre des frappes profondes. Ils auraient dû envoyer des bottes au sol. Ils auraient dû menacer de nucléaire« . Cet alibi ignore le fait qu’aucune de ces options n’était praticable. Mais cela marchera probablement et la plupart de l’électorat britannique s’en contentera.

Nul doute que de tels alibis viendront d’Europe. Mais il est essentiel pour Trump d’avoir un alibi similaire. Personne ne peut dire si la guerre se terminera avant l’investiture de Trump, mais si ce n’est pas le cas, si c’est l’administration Trump qui doit avouer cette défaite, les Démocrates tenteront sans aucun doute de rejeter la responsabilité de cette défaite sur lui. En nominant des va-t-en-guerres et en adoptant ainsi une rhétorique belliciste, Trump pourra éviter ce reproche.

…………………

Ces conclusions sont-elles justes à tirer de l’observation de Mercouris ? Des conclusions assez sordides mais telle est la politique. Mais pour moi, mon jugement sur le succès de la présidence Trump reposera sur de tout autres motifs. J’ai déclaré ce jugement sur l’ancien site du colonel Lang et je l’énonce encore ici :

« Cette dernière étape de la guerre ukrainienne fait des victimes en nombre effroyable. Le génocide au Proche-Orient n’est pas seulement une tragédie pour ceux qui souffrent. C’est une tache indélébile sur la civilisation occidentale et les générations futures regarderont avec horreur ce que nous avons soutenu et souvent encouragé.

La présidence de Trump ne sera pas jugée sur le succès de ses réformes internes. On le jugera à l’aune de la mesure dans laquelle il a réussi, avant même son investiture, à mettre fin à ces horreurs. »

Moon of Alabama

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