24 octobre 2024

Zelensky supplie la Russie de signer les accords qu’il avait refusé

L’acteur qui joue le président de l’Ukraine depuis un moment a froid aux pieds. L’hiver arrive et les réseaux énergétiques ukrainiens sont proches du point de rupture totale.

Il aurait pu y avoir des accords en place pour empêcher cela. Mais la partie ukrainienne avait refusé de les signer. Maintenant Zelenski supplie de le faire.

Fin 2022, l’armée russe avait lancé une campagne de bombardements contre les transformateurs électriques en Ukraine. Beaucoup de transformateurs ont explosé. L’armée ukrainienne a réagi en concentrant ses défenses aériennes près des centrales électriques. C’était exactement ce que cherchaient les Russes. Les installations de défense aérienne, et non les centrales électriques, étaient leur véritable cible.

Après s’être séparée de l’Union soviétique, l’Ukraine disposait des meilleures défenses aériennes que l’argent pouvait acheter. Au cours de l’automne et de l’hiver 2022, la majeure partie de ces défenses ont été détruites. La campagne russe contre les centrales électriques s’est alors arrêtée.

En 2023/24, l’armée ukrainienne a lancé sa propre campagne contre les infrastructures russes. Plusieurs raffineries ont été touchées par des drones et ont pris feu. La production d’essence en Russie a considérablement diminué et les exportations d’essence ont dû être interrompues pendant un certain temps.

Les Russes ont riposté en renouvelant leur campagne contre le réseau électrique ukrainien. Mais cette fois, les cibles ne furent pas seulement les transformateurs, mais l’installation de production elle-même. La production d’électricité non nucléaire en Ukraine a été décimée.

Dans ses briefings quotidiens, le ministère russe de la Défense qualifiaient ces attaques contre les centrales électriques ukrainiennes de représailles directes aux attaques ukrainiennes contre la Russie proprement dite. Par exemple :

Ce matin, en réponse aux tentatives du régime de Kiev d’endommager l’infrastructure électrique et l’économie russe, les Forces armées de la Fédération de Russie ont lancé une frappe groupée avec des armes de précision à longue portée sur des objets de l’infrastructure militaro-industrielle ukrainienne et des bases aériennes des FAU.

Avec leur capacité de production en danger et sous la menace de pannes d’électricité, le gouvernement ukrainien a repris ses esprits ; du moins pendant un certain temps. Des négociations secrètes ont été organisées à Doha, au Qatar, pour mettre fin aux attaques contre les infrastructures des deux côtés.

En août 2024, peu de temps après que l’armée ukrainienne a lancé une incursion dans l’oblast de Koursk en Russie, le Washington Post rapportait :

L’Ukraine et la Russie devaient envoyer des délégations à Doha ce mois-ci pour négocier un accord historique mettant fin aux frappes sur les infrastructures énergétiques et électriques des deux côtés, ont déclaré des diplomates et des responsables familiers avec les discussions, dans ce qui aurait équivalu à un cessez-le-feu partiel et offert un sursis pour les deux pays.

Mais les pourparlers indirects, avec les Qataris servant de médiateurs et rencontrant séparément les délégations ukrainienne et russe, ont déraillé à cause de l’incursion surprise de l’Ukraine dans la région occidentale de Koursk en Russie la semaine dernière, selon les responsables.

Pendant plus d’un an, la Russie a pilonné le réseau électrique ukrainien avec un barrage de missiles de croisière et de frappes de drones, causant des dommages irréparables aux centrales électriques et des pannes d’électricité dans tout le pays. Pendant ce temps, l’Ukraine frappait les installations pétrolières russes avec des attaques de drones à longue portée qui ont incendié des raffineries, des dépôts et des réservoirs, réduisant le raffinage du pétrole de Moscou d’environ 15% et augmentant les prix du gaz dans le monde entier.

Un diplomate informé des pourparlers a déclaré que les responsables russes avaient reporté leur rencontre avec les responsables qataris après l’incursion de l’Ukraine dans l’ouest de la Russie. La délégation de Moscou a décrit cela comme “une escalade“, a déclaré le diplomate, ajoutant que Kiev n’avait pas averti Doha de son offensive transfrontalière.

L’Ukraine a dû payer un lourd tribut pour l’incursion de Koursk. Les troupes d’élite qu’il avait envoyées n’ont pas réussi à atteindre leur cible, une centrale nucléaire près de Koursk, et ont rapidement été décimées. Les attaques contre les infrastructures ukrainiennes se sont poursuivies avec force.

Trois mois plus tard, avec l’incursion de Koursk et son réseau électrique presque en panne totale, le gouvernement ukrainien change à nouveau de cap. Il supplie de reprendre les accords qu’il avait fait capoter.

Comme le rapporte le Financial Times (archivé) :

Si la Russie mettait fin aux attaques aériennes contre les cibles énergétiques et les cargos ukrainiens, cela pourrait ouvrir la voie à des négociations pour mettre fin à la guerre, a déclaré le président ukrainien.

Volodymyr Zelensky a déclaré lundi aux journalistes à Kiev qu ‘ “en ce qui concerne l’énergie et la liberté de navigation, obtenir un résultat sur ces points serait un signal que la Russie pourrait être prête à mettre fin à la guerre”.

Si Moscou et Kiev acceptaient de mettre fin aux frappes sur leurs infrastructures énergétiques respectives, ce serait un pas important vers la désescalade du conflit, a déclaré Zelensky en référence aux attaques de drones ukrainiens contre les raffineries de pétrole russes.

Eh bien, cet accord aurait pu être conclu il y a trois mois. Maintenant, il sera plus difficile d’y parvenir. Un retrait total des forces ukrainiennes de la région de Koursk sera la condition minimale que la Russie demandera pour reprendre les pourparlers.

Zelenski veut également renouveler l’accord sur la mer Noire.

Le rapport du Washington Post d’août le rappelait :

Les responsables ukrainiens et russes ne se sont pas rencontrés face à face pour des pourparlers depuis les premiers mois de la guerre, lorsque des délégations des deux parties se sont rencontrées pour des pourparlers secrets à Istanbul. Ces négociations ont finalement échoué. Plus tard, les deux parties ont convenu d’un accord céréalier qui a conduit la Russie à lever temporairement un blocus naval, permettant à l’Ukraine de transporter des céréales par la mer Noire. Celui-là aussi s’est effondré des mois plus tard lorsque la Russie s’est retirée de l’accord.

L’accord de la mer Noire comprenait une promesse occidentale de ne pas entraver les exportations russes via la mer Noire. Cet obstacle s’est toutefois maintenu, car l’assurance maritime pour les cargos a continué d’être refusée. Les attaques ukrainiennes contre la flotte russe de la mer Noire se sont également poursuivies. La Russie s’est retirée de l’accord et a rétabli son blocus, plutôt perméable, des ports ukrainiens.

Au cours du dernier semestre, l’Ukraine avait commencé à reconstruire sa ligne d’approvisionnement passant par la mer Noire. Des dizaines de navires transportant des marchandises arrivaient à Odessa et dans d’autres ports ukrainiens de la mer Noire. Les Russes se sont rapidement douté, à juste titre, que ces navires transportaient des armes et des munitions pour l’armée ukrainienne. Des missiles Iskander ont été envoyés pour détruire les charges dès l’arrivée des navires. Au cours des derniers mois, plus de 20 cargos ont été touchés, endommagés ou coulés. Les explosions secondaires après les frappes ont confirmé que du fret explosif était bien à bord des bateaux touchés.

Le blocus naval russe a été recommencé ; non pas en interceptant des navires en route vers l’Ukraine, mais en les frappant pendant qu’ils déchargeaient.

Pendant la guerre, la Russie avait offert à Zelenski au moins deux petits accords qui étaient largement en faveur de l’Ukraine. L’accord sur les céréales de la mer Noire a échoué parce que l’Ukraine et ses “partenaires” n’ont pas rempli leur part. L’accord de paix sur les infrastructures a échoué parce que l’Ukraine a décidé d’attaquer en direction de Koursk.

Maintenant Zelenski supplie de renouveler ces deux accords.

Cela pourrait bien être possible. Mais la Russie en demandera sûrement un prix très élevé.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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