21 octobre 2024

Henry Ford n’a pas inventé le travail à la chaîne

Henry Ford n’a pas inventé le travail à la chaîne, mais il a fortement contribué à son essor. Le début de cette aventure qui a révolutionné l’automobile date de 1913. La Ford T existe déjà depuis septembre 1908, mais cela prenait une demi-journée pour la construire. Adepte du taylorisme et de son organisation scientifique du travail, Henry Ford voulait améliorer cette productivité.

Parage des bœufs

Le travail à la chaîne existait déjà dans les chantiers navals hollandais et vénitiens dès le XVIIe siècle. Mais c’est surtout la chaîne de parage (découpe) des bœufs de certains abattoirs américains, introduite en 1870, qui va inspirer Henry Ford et en particulier un de ses employés, William C. Klann. Celui-ci avait connaissance de ce type d’organisation du travail et lui aurait proposé de voir cela de visu.

Essais et apothéose

Les premiers essais de travail à chaîne sur une Ford T ont commencé en mars 1913. Au lieu de faire déplacer les ouvriers de voiture en voiture, les voitures venaient à eux via, tirées par une corde. Les véhicules étaient placés à la bonne hauteur tout était agencé pour limiter les déplacements et efforts inutiles (le fameux OST du taylorisme). Le 7 octobre 1913, tout est prêt pour être présenté à la presse et à des invités. C’est à cette date que la 1re Ford T sortit de la chaîne d’Highland Park, conduite par W.C. Klann. Cette méthode de production fera passer le temps de construction par voiture de 12h30 à 93 minutes !

Conséquences

En réduisant finalement par 12 le temps d’assemblage, Ford pourra sortir 1000 voitures par jour de son usine au lieu de 100. Il pourra aussi en réduire le coût de fabrication, et donc de vente. Cependant, il y aura un revers : la répétition des tâches va vite lasser les ouvriers et les démissions vont s’accélérer. Henry Ford va alors flirter avec le keynésianisme en augmentant les salaires en janvier 1914 (de 2,5 $/jour à 5 $/jour) et en diminuant leur temps de travail (9h à 8h). Bingo ! Tout en restant bénéficiaire, il arrive à motiver ses équipes avec une boutade célèbre : « je paye bien mes ouvriers afin qu'ils puissent acheter mes voitures ».

Fordisme

 

Cette organisation du travail à la chaîne associée à une politique salariale visant un compromis économique et social vertueux sont les bases du fordisme. Contrairement au taylorisme, Henry Ford ne s’est donc pas concentré sur la simple organisation du travail. Il a aussi intégré ces notions dans le contexte macroéconomique dans lequel il se trouvait. En bref, le fordisme c’est tout d’abord la division du travail tant verticale (séparant la conception de la réalisation) qu’horizontale (segmentant la fabrication sur une ligne d’assemblage). C’est aussi la standardisation. Et enfin, l’augmentation des salaires pour croître la demande. Henry Ford va réussir en 1913 ce que Louis Renault avait déjà en partie imaginé à la fin du XIXe siècle sans pouvoir le mettre en pratique. Il devra attendre la 1re guerre mondiale et la production d’engins militaires dans ses usines.

Olivier Duquesne

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