01 octobre 2024

Faillite, nous voici !

La semaine dernière, j’ai essayé de montrer que les choses allaient mal en France, ce qui n’est guère difficile. La thèse était simple : la consommation publique étant trop forte, il fallait donc baisser les dépenses publiques.

La solution choisie semble avoir été encore une fois de faire baisser la consommation privée en augmentant les impôts surs “les plus riches”. Je connais très peu d’exemples pays qui ait réduit son déficit budgétaire en augmentant les impôts, mais cette réalité n’est pas comprise à Bercy.

Comme le dissent les Chinois, “ quand les gros maigrissent, les maigres meurent de faim”.

Laissons la France à ses imbécillités coutumières et passons à l’Allemagne qui, elle aussi, ne va pas bien du tout. La semaine dernière, j’ai montré que l’Allemagne se désindustrialisait à toute allure.

Dans ce papier, je vais parler d’un autre problème structurel qui plombe et va continuer à plomber l’économie de notre voisin. Je vais parler des retraites et de la démographie outre-Rhin.

La population allemande vieillit à toute allure, et en conséquence, le nombre de gens qui partent à la retraite augmente de façon exponentielle et cela arrive à un moment où les fonds de pension locaux sont déjà dans une situation extrêmement compliquée.

Explications
Une grande partie des retraites outre-Rhin est versée par des système de capitalisation et comme dans la plupart des pays du monde, cela veut dire que le portefeuille du fonds de pension type est scindé en deux parties :

1 - obligations (contrats, Bund a 10 ans) 50 % d’un côté, actions (propriété, indice des actions allemandes dividendes réinvestis) 50 %
restants, de l’autre,
2 - les deux parties étant « rebalancées » à 50 % tous les mois.

Pour la simplicité des calculs, je vais faire les hypothèses suivantes sur le portefeuille du fonds de pension allemand “ type”.

1 - Je fais l’hypothèse que le retraite sera versée pendant dix ans et que les pensions augmentent de 2 % par an en termes réels année après année.

2 - Je fais une deuxième hypothèse, qui est fausse, que le nombre des ayants-droits reste le même du début à la fin de la période 2014-2024. En fait ils augmentent beaucoup en nombre, mais l’effet net est très compliqué à calculer.

Quels sont les résultats ?
Les obligations allemandes sur les dix dernières années ont été un désastre (graphique numéro un), ce qui fait que le fonds de pension est sous-capitalisé aujourd’hui (graphique numéro deux).

La Valeur du Portefeuille est à 106 et devrait être au minimum à 122 pour pouvoir assurer les paiements contractuels, et nous en sommes loin.

Qui plus est, le nombre de retraités est en train d’exploser tandis que peu de jeunes rentrent sur le marché du travail puisque le taux de fertilité des femmes allemandes est aux alentours de 1,4 depuis des lustres et que la population allemande « autochtone » va baisser de façon certaine pour les années qui viennent.

L’industrie allemande va donc manquer de travailleurs ce qui rendra le paiement des retraites encore plus aléatoire,

Que va faire le citoyen de base en Allemagne ?

Il pourrait certes manifester dans la rue pour que l’Etat s’endette et lui paye une retraite en monnaie de singe, mais il préfère laisser cela aux français qui sont les seuls au monde à croire qu’ils vont consommer plus en travaillant de moins en moins.

La réponse est toute simple, pour un Allemand (et pour un Chinois, un habitant de Mars ou toute autre personne normale), la conclusion est la même : il va devoir épargner plus, au niveau personnel, puisque l’épargne institutionnelle n’arrive pas à produire les résultats attendus[1].

Et il sait fort bien que l’Etat ne va pas l’aider puisque le pays est déjà à la limite du déficit autorisé par la Constitution.

Donc, notre allemand de base va se mettre à épargner comme un fou (ce qui va nous coller en récession en France), et comme il n’est pas complètement idiot, il va acheter avec son épargne nouvelle des actions ou des obligations en Inde, au Brésil aux Philippines, au Canada etc, tous pays ayant une démographie satisfaisante.

La position extérieure nette de l’Allemagne va donc s’améliorer tandis que la notre va plonger encore plus

Et c’est là qu’est le nœud du problème.

  • En France, la génération la plus bête de l’histoire de France, celle qui a fait la révolution en Mai 1968 et qui en est fière, arrive maintenant à la retraite. Cette engeance a décidé une fois pour toutes que c’était leur droit constitutionnel de bouffer toute l’épargne que leur avait laissé leurs ancêtres et de se foutre complétement du sort de leurs petits-enfants, puisqu’ils n’en ont pas eu. Ils croient suivre Descartes : « je (dé)pense, donc je suis ».
  • En Allemagne, cette même génération se souvient des jours les plus sombres de leur histoire et savent que faire confiance à l’Etat se termine souvent dans les désastres les plus effroyables. Et donc, ils vont épargner comme des fous.
  • Et ces deux pays ont un taux de change fixe entre eux. C’est comme si vous aviez collé un taux de change fixe entre l’Argentine et la Suisse, totalement idiot.

Ça a duré tant que les fonds de pensions allemands ne s’effondraient pas et tant que la France pouvait emprunter, mais nous arrivons au bout de ces deux expédients.

Les Français entendent continuer à dépenser dans le présent en travaillant moins, les allemands à travailler plus pour épargner plus pour vivre mieux dans le futur.

On ne peut pas avoir un taux de change fixe entre la cigale et la fourmi.

Le taux de change fixe entre l’Allemagne et la France va donc disparaitre et cela commence à se voir dans les marchés obligataires

Les taux se tendent vis-à-vis de l’Allemagne, du Danemark… Les taux Français à 5 ans sont plus élevés pour la France que pour …la Grèce.
Nous sommes l’homme malade de l’Europe. La fin de la recréation, qui a duré quarante ans, est en train d’arriver. Le retour à la réalité va être dur.

1 - Fine allusion à la phrase du General Pershing, commandant en chef des troupes américaines en débarquant en France en 1917 : La Fayette, nous voici »

2 - Il s’agit- là a du modèle de base, auquel on peut rajouter des clochettes pour faire joli, mais ces rajouts
ont très peu d’influence sur le résultat final.

3 - C’est pour les quelques français qui pensent normalement que nous avons créée l’Université de l’Epargne, un peu comme Noé a créé l’arche du même nom

Charles Gave

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