22 octobre 2024

En liquidation judiciaire, la start-up H4D ferme ses cabines de téléconsultation

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C'est une nouvelle qui a fait beaucoup parler dans le secteur de la santé connectée. La start-up H4D, qui commercialisait des cabines de téléconsultation médicale, a discrètement fermé ses portes à la suite d'un placement en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris le 26 septembre 2024.

L'entreprise s'est contentée d'une communication succincte dans un post publié sur LinkedIn : "malgré tous nos efforts pour mettre à votre disposition un service d'accès aux soins de qualité, notre situation financière nous oblige à mettre fin à notre service de téléconsultation à partir du 26/09/2024 au soir" ; renvoyant ainsi ses clients à un médecin proche ou au numéro d'urgence. Contactée à plusieurs reprises et par différents canaux, H4D n'a jamais répondu à nos sollicitations.

Un des pionniers de la cabine de téléconsultation...

H4D s'est lancée sur le marché français en 2008, à une époque où la téléconsultation est très loin d'être démocratisée. Son idée : vendre des "cabinets médicaux connectés" sous la forme de cabines équipées d'objets connectés pour qu'un diagnostic soit posé à distance. Elle avait développé une gamme de trois cabines : la CS Clinic offrant jusqu'à 14 instruments connectés, la CS Smart avec jusqu'à 7 instruments connectés et la CS Open - plus proche d'une borne - proposant jusqu'à 7 instruments.

Lors de l'annonce de sa levée de fonds de 15 millions d'euros en juin 2020, elle revendiquait avoir installé plus d'une soixantaine de cabines dans des grandes entreprises, des collectivités territoriales et locales, des résidences services pour seniors ainsi que des centres de La Croix Rouge. Près de 20 000 personnes avaient utilisé ce dispositif, nous avait précisé le docteur Franck Baudino, ancien CEO de l'entreprise.

... Lancé trop tôt ?

Autant de clients qui se retrouvent donc avec des cabines inutilisables. Une situation inacceptable pour l'entreprise Medadom, qui commercialise également un service de cabines de téléconsultation. Pour "assurer la continuité des soins", elle a décidé de proposer gratuitement son service aux communes pénalisées avant de formaliser un contrat avec elles, annonce Nathaniel Bern, co-fondateur et chief technical officer (CTO) de Medadom, à L'Usine Digitale.

"C'est le modèle économique et sa gestion qui ont mené à la perte d'H4D", analyse le CTO qui souhaite montrer que la fin d'H4D n'est synonyme de la fin des cabines de téléconsultation. "Les directions successives n'ont pas réussi - ce qui n'est pas forcément simple - à transformer le modèle initial pour en faire un modèle pérenne", ajoute-t-il. Il explique que la stratégie d'H4D reposait sur la vente de cabines très sophistiquées, équipées de nombreux objets connectés, pour un prix avoisinant les "100 000 euros". "Il s'agissait d'une entreprise de vente de matériel de télémédecine", résume-t-il.

Le tournant de la crise du Covid-19

Alors que la téléconsultation n'était pas encore remboursée par l'Assurance maladie, H4D s'engageait "à une certaine disponibilité médicale en échange de la rémunération d'une structure externe composée de médecins facturant leurs actes aux patients". Par conséquent, "plus ils faisaient de téléconsultation, plus ils creusaient leurs pertes puisqu'ils devaient rémunérer les médecins", poursuit Nathaniel Bern. Or, une fois la téléconsultation remboursée et son utilisation démocratisée avec la pandémie de Covid-19, ce modèle ne pouvait plus fonctionner.

Pour ne pas tomber dans cet écueil, Medadom a souhaité proposer "des dispositifs de téléconsultation beaucoup moins chers" sous forme de location allant de 200 euros par mois pour une borne à 400 euros par mois pour une cabine. La quantité d'objets connectés a également été revue à la baisse pour ne garder que les indispensables à une consultation médicale. Plus de 1000 médecins travaillent actuellement pour Medadom.

L'entreprise capte 15% de la totalité des téléconsultations effectuées chaque mois, selon les décomptes de l'Assurance maladie, assure le CTO, ce qui correspond à plus de 200 000 actes. La majorité des dispositifs sont installés dans des pharmacies (95%). 200 collectivités sont aujourd'hui équipées. Medadom est "rentable et en croissance", indique Nathaniel Bern. 

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