01 octobre 2024

"Démocratie, le Dieu a qui a échoué"



"Démocratie, le Dieu a qui a échoué" est sans doute l'ouvrage le plus célèbre et important du philosophe anarcho-capitaliste Hans-Hermann Hoppe. L'auteur procède à une démystification totale de la sacro-sainte démocratie (quoi ? Sacrilège !). Voici les grandes idées de cet ouvrage :

1/ La préférence temporelle, l'État et le processus de décivilisation

L'auteur commence par expliquer que l’État perturbe toujours les mécanisme du marché (comme l'épargne ou l'investissement).

Cela encourage une préférence temporelle élevée, c’est-à-dire une tendance à consommer immédiatement plutôt qu’à épargner pour l’avenir.

Ce processus engendre ce qu'il nomme la "décivilisation", car les individus sont alors de moins en moins tournés vers le long terme.

2/ La monarchie, la démocratie et l'idée d'ordre naturel

Dans la suite du livre, Hoppe compare les régimes monarchiques et démocratiques. Bien qu'il rejette les deux systèmes, la monarchie reste supérieure.

Sous monarchie, le roi possède un intérêt à préserver son territoire pour ses héritiers. Sous démocratie, les politiciens ne sont que de petits gestionnaires de court terme, amenés à dilapider les ressources.

Hoppe introduit également l'idée d'ordre naturel, celle d'une société fondée sur les droits de propriété.

Hoppe n'est PAS un monarchiste pour autant !

3/ Monarchie, démocratie, opinion publique et délégitimation

Dans ce chapitre, Hoppe poursuit sa comparaison entre la monarchie et la démocratie en se concentrant sur le rôle de l'opinion publique.

Il fait un lien entre le rôle de l'opinion et la légitimation du pouvoir démocratique. Si l'esprit du temps se retourne, le pouvoir en place peut s'effondrer, faute de soutien populaire.

La délégitimation démocratique par les idées est donc cruciale pour faire s'effondrer le système en place et arrêter le processus de décivilisation qu'il décrit.

4/ Démocratie, redistribution et destruction de la propriété

La démocratie implique des politiques de redistribution massive. La richesse des uns est ainsi transférée vers les autres par la force de l’État.

Cette attaque directe contre la propriété privée détruit toutes les incitations à la production et à l'épargne (décivilisation, rappelez-vous !).

La démocratie engendre alors des cycles de redistribution nuisant à la prospérité, tout en encourageant les comportements de prédation de tous contre tous.

5/ Centralisation et sécession

Les grandes structures étatiques sont tyranniques et contraire à l'ordre naturel de libre marché.

C'est pourquoi l'auteur défend l'idée de sécession, seule voie légitime contre la centralisation de l’État.

Il appelle donc à la création de petite unités territoriales fondées sur les principes de la propriété privée.
6/ Socialisme et désocialisation

Le socialisme supprime les incitations individuelles à produire, innover et accumuler. Il génère de la pauvreté et déstructure toute la société.

Hoppe souhaite rendre à chacun, propriétaires privés originels et/ou usagers actuels, la propriété injustement collectivisée par l'État.

Il s'agit de transformer les anciens biens publics en ressources productives contrôlées par des individus​ propriétaires et responsables.

7/ Libre immigration et intégration forcée

L'État empêche les propriétaires de discriminer librement sur la question migratoire. Il en résulte une "intégration forcée" au sein du territoire.

Des tensions sociales éclatent entre les locaux et les populations importées par l'État car les premiers sont obligés de vivre et de partager leurs espaces avec les seconds, qu'ils n'ont pas expressément choisis.

8/ Libre-échange et immigration limitée

L'auteur explique qu'il y a une différence fondamentale entre les biens et les personnes.

Les biens ne peuvent être échangés que par accord mutuel. Mais les personnes sont douées de volonté : elles peuvent donc migrer sans le consentement des résidents​.

Hoppe défend alors l'idée d'une immigration limitée, celle où les individus ne devraient pas pouvoir entrer sur un territoire sans y être invités par leurs propriétaires.

9/ Coopération, tribu, ville et l'État

La coopération humaine naît de la division du travail. Elle améliore la productivité en spécialisant les individus. Cette dynamique est à la base de tribus, où la propriété privée est nécessaire pour s'organiser.

Dans les grandes villes d'aujourd'hui, la décivilisation est très avancée à cause de l'expansion des États. Les élites politiques y sont très présentes et elles en profitent pour accroître toujours plus leur pouvoir.

Par ailleurs, les interventions étatiques aggravent les divisions ethniques et sexuelles en détruisant la coopération qui aurait pu émerger dans un cadre de libre association et de libre séparation.

10/ Conservatisme et libertarianisme

Le lien entre conservatisme et libertarianisme n'est pas à faire sur le plan politique, mais bien sur le plan de la défense de ses traditions.

Hoppe soutient que des institutions naturelles comme la famille et la propriété privée sont les piliers de la société libre et civilisée.

C'est pourquoi les libertariens modernes doivent rejeter les courants égalitaristes qui diluent la Liberté. Au contraire, ils doivent être des conservateurs sociaux pour s'en protéger.

11/ Les erreurs du libéralisme classique et le futur de la Liberté

Le libéralisme classique a accepté à tort l'État comme outil compatible avec la défense de la Liberté. Cette erreur a permis au socialisme de se développer, détruisant les droits qu'il était censé protéger.

Pour corriger cette erreur conceptuelle majeure, il faut accepter la théorie anarcho-capitaliste. Le système de propriété privée absolue nous permettra d'établir les bases d'une société libre et prospère.

En, fait le libéralisme ne retrouvera sa cohérence qu'en rejetant toute forme d'État. Seule la théorie hoppéenne de l'anarchisme de propriété privée s'inscrit dans cette volonté.

12/ L'État et la production privée de la sécurité

L'idée selon laquelle l'État serait le seul garant de la sécurité est une erreur fondamentale. L'État abuse de ce monopole pour nous exproprier par ses lois et ses taxes.

En réalité, la production privée de la sécurité est non seulement souhaitable mais surtout possible. En effet, des acteurs privés en concurrence pourraient nous fournir des services de protection (police, sécurité, justice). Étant soumis à la discipline de marché, ils n'auraient d'autres choix que de bien servir leurs clients.

La concurrence dans la fourniture des services de protection est une nécessité pour sortir du joug étatique et la garantie d'une qualité de service tirée vers le haut.

13/ L’impossibilité d’un État limité et la perspective d'une révolution

L’État limité est une "fausse bonne idée". En effet, dès qu'un monopole de la protection est établi, il tend à s'étendre car la caste en place cherchera toujours à accroître son pouvoir.

Par ailleurs, l'expansion étatique (même en partant de "peu d'État") est inévitable en démocratie car les dirigeants profitent de leur position dominante pour redistribuer les richesses à leur avantage.

L'auteur finit donc par nous parler de stratégies libertariennes. À ce titre, il évoque l'idée d'une "révolution ascendante" en délégitimant l’État démocratique (par les idées) et en favorisant la création d'entités territoriales décentralisées.

Lien vers l’ouvrage (français)

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