18 octobre 2024

Comment en est-on arrivé là ?

Sans grande surprise, l’agence de notation Fitch a dernièrement lancé un avertissement à la France devant l’ampleur de la dérive budgétaire constatée dernièrement, ce qui revient à une petite tape sur les doigts.

Pour l’agence, il suffit d’une perspective négative pour faire passer son message. Les plus naïfs se réjouiront que les emprunts du Trésor public n’augmenteront (peut-être) pas leurs taux, pourtant déjà musclés et qui coûtent de plus en plus cher. Les réalistes savent que Fitch suit les directives très politiques que les États imposent à ces agences : il s’agit de ne pas effaroucher les marchés alors que les finances françaises sont dans une situation catastrophique.

Ce déficit – aussi abyssal que caché jusqu’à récemment – donne quelques noisettes à Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, pour dynamiter facilement le bilan économique de la Macronie, et confirmer l’impression de beaucoup de Français qu’on court, obstinément, vers une catastrophe majeure tant les solutions mises actuellement en avant par les clowns au pouvoir sont parfaitement contraires à ce qu’il faudrait faire d’évidence.

En effet, pour eux, il semble nécessaire d’augmenter encore les ponctions, taxes et impôts qui pèsent sur les Français afin d’équilibrer les comptes (c’est-à-dire de continuer à avoir un déficit monstrueux, juste moins énorme).

Pourtant, si l’on regarde l’ensemble des ponctions qui grèvent un salaire moyen d’un salarié moyen, on comprend assez vite le problème : pour Chloé, la proverbiale “salariée française moyenne”, il s’avère que plus de 60% de ce que l’entreprise débourse pour l’embaucher disparaît dans le tonneau des Danaïdes public.

Concrètement, cela veut dire que Chloé (ou le proverbial Nicolas, pas de sexisme) devra attendre très longtemps avant de pouvoir s’acheter un bien immobilier, qu’elle devra faire très attention avant d’avoir des enfants voire y renoncer complètement, car avec ce genre de ponction, il est essentiellement très difficile d’épargner. Ce sont aussi des dépenses d’agrément qui n’ont pas lieu et dont le reste de l’économie ne pourra pas bénéficier (tourisme, restauration, artisanat local) et des frais qui seront minimisés alors qu’ils sont pourtant absolument nécessaires (santé, notamment).

Et malgré ces ponctions records, l’État affiche plus de 3200 milliards d’euros de dette, et un déficit défiant toute planification budgétaire.

Alors, heureux ?

Mais saperlipopette, comment en est-on arrivé là ?

Il n’y a bien sûr pas qu’une seule raison, et un simple billet ne pourrait les détailler toutes.

Mais tout de même, la situation actuelle n’est pas arrivée brutalement, dans la surprise et l’étonnement général. Ces dettes colossales, ce déficit monstrueux, ces ponctions de folie et ces services publics de plus en plus médiocres sont essentiellement la résultante de choix politiques multi-générationnels, répétés avec une belle obstination.

On peut tortiller les faits dans tous les sens, il n’en reste pas moins que les principaux responsables de ces dérives, au-delà des évidents coupables actuels (qui devront un jour rendre gorge pour ce pillage, cette incompétence, ce cynisme et cette désinvolture), ne sont nuls autres que Chloé, Nicolas et leurs parents.

Eh oui, ils ont assez constamment voté pour les socialistes de droite et de gauche qui se succèdent au pouvoir depuis 50 ans. Et si, il y a un demi-siècle, on pouvait assez clairement voir les différences dans la façon de gérer le pays, à force de voter pour ceux qui promettaient de distribuer les richesses des uns dans la poche des autres, petit-à-petit, ces différences se sont estompées et ne sont plus restées que les petites distinctions d’affectation des pillages opérés.

Alors oui, bien sûr, aux dernières élections, Chloé, comme Nicolas, n’avaient guère le choix qu’entre des socialistes de droite ou des socialistes de gauche, les uns promettant de taper plus sur les autres et inversement de l’autre côté du spectre politique.

De fil en aiguille, Chloé, Nicolas et leurs parents ont, par leurs votes répétés, éliminé du paysage politique ceux qui préconisaient d’arrêter les gabegies, les distributions d’argent gratuit des autres, ceux qui rappelaient qu’une dette doit se rembourser.

Bien sûr, ils ont été convaincus par les médias qui, eux aussi, ont choisi la surenchère : ils ont favorisé les cigales, ils ont moqué les fourmis pendant des décennies et ont colporté les âneries agréables des premières en avilissant les dures réalités qu’osaient proférer les secondes. À force, les fourmis n’ont plus été écoutées et les cigales avaient le champ libre.

Bien sûr, ils ont été éduqués par des enseignants, des éduqués, des intellectuels et des experts qui, eux aussi, ont adoré la même surenchère, et ont, eux aussi, chanté les louages des cigales et ridiculisé les avertissements des fourmis.

Mais à la fin, Chloé et Nicolas ont voté pour le consensus. Tout le monde sait que les fourmis libéraux sont des connes et des mangeuses de chatons qu’on doit mépriser. Les cigales collectivistes promettent de chanter tout l’été, et de faire durer l’été bien au-delà d’une saison. C’est même dans leur programme politique, pardi. Donc ça doit être top, non ?

Après des années de propagande et de consensus, Chloé et Nicolas, bien dans le rangs, sont persuadés que ce sont les “salauds de riches” qui ont pourri le pays. Ils sont persuadés que c’est à eux qu’il va falloir s’adresser pour redresser les finances du pays. Ils ont tout bien approuvé le pass vaccinal, comme on le leur a demandé, par exemple. Ils applaudissent les messages “contre les riches”, et ils descendent dans la rue dès qu’on touche aux avantages des uns ou des autres. Ils croient dur comme fer que les services publics sont “gratuits” voire que le monde entier nous envie notre sécurité sociale !

Formant 90% de la population française, Chloé, Nicolas et leurs parents sont absolument persuadés que le problème est l’ultralibéralisme, les grandes entreprises privées, le capital apatride et l’évasion fiscale. Sur les 10% qui ne pensent pas comme Chloé, Nicolas ou leurs parents, combien comprennent que le responsable de ces dettes, de ce déficit, et de la misère qui est en train de s’abattre sur le pays est l’État, ses administrations tentaculaires, son désir inextinguible de vouloir s’immiscer partout, de s’occuper de tout, tout le temps, de limiter toutes les libertés, de tout contrôler et diriger ? Combien ? 2% peut-être ?

Dès lors, il n’y a pas de doute : ce pays est foutu. Il faudra boire le vin jusqu’à la lie. Il faudra la faillite. Les Français ne comprendront pas tant qu’ils ne seront pas touchés directement, chacun d’entre eux.

Ce ne sont pas les 2% de libéraux qui feront basculer le pays.

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