21 octobre 2024

Ce que révèle le procès de DJI contre le Pentagone

 

Le fabricant chinois de drones commerciaux DJI a déclaré samedi qu’il poursuivait en justice le département américain de la Défense (DoD) pour l’avoir désigné comme une entreprise militaire et l’avoir ajouté à sa liste noire. Ce développement a attiré une large attention. DJI a qualifié la désignation du DoD d’“erronée” et a noté qu’elle avait causé des pertes financières importantes à l’entreprise.

Pendant longtemps, les États-Unis ont injustement bloqué les entreprises chinoises sous couvert d’un concept de sécurité trop étendu, le Pentagone jouant un rôle tristement célèbre dans la “mise sur liste noire” des entreprises chinoises et fournissant de “mauvaises preuves“. “Le procès intenté par DJI contre le Pentagone sert également de condamnation publique de l’hégémonie américaine.

Les médias indiquent qu’après que le DoD ait mis DJI sur liste noire, affirmant qu’il avait des “liens” avec l’armée chinoise, il a refusé toute communication avec DJI ou d’expliquer ce qui motivait ses accusations, n’offrant finalement qu’une copie d’un rapport interne ne justifiant en rien sa désignation « d’entreprise militaire ». [Facebook et YouTube censurent de la même manière, NdT]. De telles actions, fondées sur des spéculations et des préjugés, nuisent gravement à la réputation commerciale et aux opportunités de marché de DJI. En tant qu’entreprise axée sur la recherche et la fabrication de drones civils, les produits de DJI sont largement utilisés dans l’agriculture, les infrastructures, la sécurité publique et d’autres domaines, contribuant positivement au développement des moyens de subsistance des populations à l’échelle mondiale. L’association infondée de DJI avec l’armée par le Pentagone est non seulement un traitement injuste de l’entreprise, mais stigmatise également l’entreprise chinoise.

Il convient de souligner que les actions du Pentagone ne sont pas un cas de “dommages collatéraux“, mais plutôt un modèle de comportement “récurent“. En raison du processus souvent arbitraire consistant à déterminer si une entreprise est “liée à l’armée“, le Pentagone a déjà fait l’objet de poursuites judiciaires de la part d’entreprises chinoises. En 2021, le fabricant chinois de smartphones Xiaomi a réussi à forcer le Pentagone à le retirer d’une “liste de liens militaires” américaine par le biais d’un litige. En mai de cette année, Hesai Technology, un leader mondial des solutions lidar, a également poursuivi le Pentagone pour une raison similaire. De manière absurde, après que le Pentagone a “retiré” Hesai de la liste noire, des rapports récents ont suggéré qu’il pourrait être “rajouté” à la liste. Ce processus de va-et-vient expose l’arbitraire de la partie américaine en qualifiant les entreprises chinoises de soi-disant “menaces à la sécurité nationale“.”

Cependant, affirmer que la pratique du Pentagone de mettre sur liste noire les entreprises chinoises est “illogique” n’est pas tout à fait correct. En observant les expériences d’entreprises japonaises comme Toshiba et Hitachi, la société française Alstom, et aujourd’hui Huawei et DJI, on pourrait affirmer que leurs expériences servent de marqueurs historiques de l’hégémonie américaine. Dans ces cas, la tactique de Washington est restée en grande partie inchangée depuis des décennies : Lorsqu’une entreprise fabrique des produits de haute qualité et gagne une part de marché importante, Washington devient envieux et ne ménage aucun effort pour utiliser le pouvoir du gouvernement pour la stigmatiser et la “liquider“.

Sans preuves, elle exige sans cesse que l’entreprise prouve son innocence, cherchant à épuiser ou à acquérir l’entreprise de tous côtés. Ce qui est fait aux entreprises chinoises aujourd’hui n’est pas nouveau ; toute entreprise exceptionnelle de n’importe quel pays peut devenir une cible similaire pour le gouvernement américain.

De plus, le public américain est également l’une des victimes directes de cette logique hégémonique. Prenons l’exemple des drones. Malgré les divers obstacles imposés unilatéralement par les États-Unis à DJI, ses produits sont encore largement utilisés par les agences du gouvernement fédéral, les entreprises et les passionnés aux États-Unis. Même Le New York Times reconnaît qu ‘” Une entreprise chinoise est le fabricant de drones préféré aux États-Unis. Sauf à Washington.” Dès que la nouvelle de l’interdiction américaine de DJI est apparue, elle a suscité une opposition généralisée, car les opérations de sauvetage d’urgence, la pulvérisation agricole et d’autres tâches dépendent fortement des produits DJI. Bloquer DJI équivaut à une “régression rapide” dans ces domaines et ne contribue pas à l’avancement technologique des drones grand public aux États-Unis. De toute évidence, l’impact négatif de la répression américaine sur DJI sur son marché intérieur est déjà apparent.

Le Pentagone peut ajouter et supprimer à plusieurs reprises des entreprises sur sa liste noire, mais les entreprises chinoises n’ont jamais renoncé à leur droit à des poursuites, car la lutte contre l’hégémonie américaine est une entreprise de longue haleine.

Le procès intenté par DJI contre le Pentagone vise à faire la lumière sur la vérité et à tenir la logique hégémonique de Washington responsable devant la communauté internationale. Les sanctions américaines porteront non seulement un coup dur à DJI et affecteront la coopération économique et commerciale sino-américaine, mais elles perturberont également les chaînes d’approvisionnement mondiales, entravant la coopération technologique et le progrès dans le monde entier. Par conséquent, l’importance pour DJI de poursuivre ce procès n’est pas seulement de protéger sa propre réputation et ses droits de développement, mais aussi de défendre les règles d’une concurrence loyale sur le marché ainsi que les principes d’équité et de justice dans l’ordre international.

La communauté internationale surveille de près, et lorsque les règles et les faits seront clairement établis, quel choix les États-Unis feront-ils entre adhérer aux règles commerciales ou s’engager dans la supercherie politique ?

Global Times

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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