23 octobre 2024

Assassiner ses contradicteurs – Une stratégie gagnante ?

L’exemple de l’Italie
Relents du martyre d’Enrico Mattei

Tandis que se met en place à coup de bombes le projet de Grande Plateforme jabotinski-otanienne au Moyen-Orient, les termes «décapiter l’hydre» «écraser le serpent» «liquider la vermine» … sont prononcés inlassablement par les Suspects habituels, témoignant d’une sensibilité particulièrement raffinée chez le locuteur.

Et sans doute y croient-ils très fort, agitant, torse bombé, le scalp de Enrico Mattei assassiné en 1962 comme emblème de l’éclatante réussite à laquelle ont conduit les dizaines d’assassinats politiques en Italie depuis la Guerre.

Car l’Italie, autrefois «the Cynosure of all Eyes», n’est de nos jours qu’un «unsinkable aircraft carrier», tel les Philippines, couverte de bases militaires US et notamment, de parcs à armes atomiques. Toute autre activité – à part, nécessairement, les organisations criminelles – est anecdotique, tandis que ceux parmi les Italiens qui échouent à quitter le pays ne font plus d’enfants.

Donc, à prime abord, comme cela fut le cas pour les USA «grâce» à l’assassinat dans les années ‘60 des frères Kennedy, de Malcolm X et de Martin Luther King, on serait tenté de dire que l’assassinat s’est avéré être une stratégie gagnante à tous les coups.

Or, même en tenant en compte que l’Italie, à l’instar des USA, est de culture notoirement individualiste, égoïste, et conséquemment facile à intimider et à dompter par le «diviser pour régner», des bémols subsistent.

Le très gros bémol, c’est que l’assassinat d’Enrico Mattei, génie d’envergure historique-mondial, n’a pas suffi pour «décapiter l’hydre» de la souveraineté italienne.

Sur quatre décennies, voire même jusqu’aujourd’hui, les Suspects habituels ont été contraints de s’y mettre à coup de hache et de machette.

En témoigne la liste – lacunaire car nous avons écarté les cas ambigus ou non-démontrés – des assassinats politiques perpétrés en Italie entre 1960 et ce jour. Afin de ne pas alourdir le récit, cet article ne s’attardera pas sur les «motifs» allégués pour ces crimes, tous reliés par un seul objectif : démolir l’État italien souverain, pour lequel certains ont accepté de sacrifier leur vie.

Magistrats

Agostino PIANTA, 17 mars 1969.

Pietro SCAGLIONE, 5 mai 1971

Francesco COCO, 8 juillet 1976.

Vittorio OCCORSIO, 10 juillet 1976

Girolamo TARTAGLIONE 10 octobre 1978

Fedele CALVOSA, 8.11.1978

Emilio ALESSANDRINI 29.1.1979

Cesare TERRANOVA 31 août 1979 llo dr P.S. Lenin Mancuso, che pure decedeva poco dopo.

Nicola GIACUMBI 16 mars 1980

Girolamo MINERVINI 18 mars 1980

Guido GALLI 18 mars 1980

Mario AMATO 23 juin 1980

Gaetano COSTA, 6 août 1980

Gian Giacomo CIACCIO-MONTALTO 26 juin 1983

Rocco CHINNICI, 29 juillet 1983

Antonino SAETTA, 25 septembre 1988

Rosario Angelo LIVATINO 21 septembre 1990

Antonio SCOPELLITI 9 août 1991

Giovanni FALCONE 23 mai 1992

Francesca MORVILLO 23 mai 1992.

Paolo BORSELLINO, 19 juillet 1992.

Luigi DAGA, 26 octobre 1993

https://www.libertaegiustizia.it/2005/07/19/tutti-i-magistrati-uccisi
https://link.springer.com/book/10.1057/9780230606913

À leurs côtés, moururent 29 carabiniers et policiers détachés à la protection.

source : Département recherches, Conseil supérieur de la Magistrature.

Attentats majeurs

12 décembre 1969 : attentat de Piazza Fontana à Milan (17 morts et 88 blessés)

22 juillet 1970 : attentat Gioia Tauro (6 morts et 66 blessés) ;

31 mai 1972 : attentat Peteano à Gorizia (3 morts et 2 blessés) ;

17 mai 1973 : attentat Questura à Milan (4 morts et 52 blessés) ;

28 mai 1974 : attentat piazza della Loggia à Brescia (8 morts et 102 blessés) ;

4 août 1974 : attentat Italicus (attentat train-express Roma-Brennero, 12 morts et 105 blessés) ;

2 août 1980 : attentat station Bologne (85 morts et 200 blessés).

Autres dirigeants

Enrico Mattei, 27 octobre 1962

Fulvio Croce 28 avril 1977, président de l’Ordre des avocats de Turin

Aldo Moro, 10 mai 1978, ex-Premier ministre, l’un des rédacteurs de la Constitution italienne

Général Carlo-Alberto della Chiesa, 3 septembre 1982

Angelo Onorato, 25 mai 2024 – mari de l’euro-député ultra-dissident Francesca Donato

https://www.palermotoday.it/morte-angelo-onorato-marito-donato-dna-fascetta-indagini (cas «non-élucidé»)

Proposés au public en tant que fauteurs de ces crimes : des groupuscules en nombre infini et aux noms fantaisistes, pour certains grimés en «droite» ou «mafia», pour d’autres grimés en «gauche».

Mais c’est tout un – n’est-ce pas, les Suspects habituels ?

Quoiqu’il en soit, en Italie suite à cette orgie de tueries, les résultats «brillants» sont là : l’existence même d’Enrico Mattei effacée des livres scolaires, taux de natalité parmi les plus bas du monde, taux vraisemblablement le plus élevé au monde d’adultes célibataires et hébergés sous le toit parental, émigration massive des individus qualifiés, salaires indignes, criminalité rampante, acceptation zombifiée du American Way of Life, c’est à dire la présence d’une centaine (sic) de bases militaires US sur ce territoire minuscule …

Cette réussite éclatante se reproduira-t-elle au Moyen-Orient, où les jabotinskiens s’appliquent actuellement à «décapiter l’hydre» … ?

Il se fait que l’idéologie dominante au Moyen-Orient est fort éloignée de l’italienne.

Telle la Chine, où le Commonwealth, le bien de la collectivité, prime sur celle de l’individu, au Moyen-Orient le sens d’appartenir à une tribu, une localité, un peuple, une région et culture ancienne, ou encore la religion islamique, porte au-delà de la vie individuelle.

Ainsi, la mort aux mains des jabotinskiens que ce soit au Liban, en Palestine, en Cisjordanie des petits enfants, belles et talentueuses jeunes dames, garçons voués à une carrière prometteuse, vieillards aimables – n’est pas vue par les peuples là-bas comme une tragédie par où toutes les issues seront bloquées, mais comme un martyre. Ils sont morts pour que LE CONCEPT vive, c’est à dire pour la VIE.

Leur vie comme leur mort, a valeur d’exemple. Par la gloire qui auréole leur sacrifice, est lavée, effacée la laideur des circonstances concrètes.

Mendelssohn n’ayant que peu de familiarité avec le Moyen-Orient, le lecteur cherchant à cerner le phénomène de plus près consultera avec profit des experts tel Alastair Crooke.

Mendelssohn Moses

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